18h05. Le corps en décomposition avancée d’une femme, retrouvée allongée sur un matelas dans le salon, placé dans un sac en plastique, fut le premier à être transporté dans le van mortuaire de la police. S’ensuivirent les neuf autres cadavres, tous dégageant une odeur putride, à être conduits aux morgues des hôpitaux Jeetoo et Victoria
Irrespirable. Une odeur nauséabonde envahissait la rue Béchard à Saint-Paul vendredi dernier dans l’après-midi. Forcément. Dix cadavres y ont été retrouvés dans une maison, en état de décomposition avancée. Cette mort collective mystérieuse ainsi que les différentes hypothèses qui l’expliqueraient sentent aussi mauvais que les corps retrouvés.
Choc, consternation, tristesse se lisaient sur les visages des badauds massés devant la maison à étage des Mawooa où la découverte macabre a été faite. Voisins, parents, amis, curieux, policiers, journalistes. Ils étaient tous là. Certains sur les maisons, d’autres à la terrasse des maisons à étage.
Ils avaient tous une chose en commun : ils se bouchaient le nez. Avec les mains, des mouchoirs. Les éléments de la SMF, du Groupe d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM), du ‘Scene of Crime Office’ (SOCO), les médecins légistes et les enquêteurs portaient, eux, des masques.
L’odeur de putréfaction était intenable par moments, surtout quand les corps étaient transportés de la maison au camion et aux fourgons qui allaient par la suite les transporter à la morgue.
Se boucher le nez n’empêchait personne de faire des commentaires. La tension est même montée d’un cran quand un proche de la famille Mawooa a reproché à des badauds d’éclater de rire à la vue d’un curieux tentant de se frayer un passage à travers une ‘tonnelle’ de ‘brède chouchou’ : «Posé ar sa rié la do, éna la mort la, si tone vine la pou rié ale guet comédie to lacaz».
Par ailleurs, même si personne n’osait tirer des conclusions sur ce qui s’était passé dans cette maison, les voisins, parents et connaissances ne cachaient pas leur stupéfaction.
«Nous avons été choqués d’apprendre que dix cadavres avaient été retrouvés dans cette maison. Parmi, il y a des membres de la famille. On se demande ce qui a bien pu se passer. Cette affaire est très louche», déclare Sunita, une proche des Mawooa dont cinq membres : Kountee, Ravi, Chinta, Critika et Devesh, ont été retrouvés morts dans la maison qu’ils habitaient.
Les autres victimes sont Mayadevi Jhowry, une habitante de Montagne Longue et ses deux enfants, Bavish et Kesha, ainsi que Rajesh Dhayam, un cadre du MGI et probablement une habitante de Grand-Baie. Tous les cinq étaient portés disparus.
Sunita soutient que les Mawooa étaient des gens «personnels» qui ne fréquentaient pratiquement personne y compris leurs proches.
Personnel. C’est aussi l’adjectif dont se sert un proche voisin pour qualifier les Mawooa. «On les voyait rarement parler à d’autres gens des environs ou recevoir des personnes chez eux. Je trouve donc bizarre qu’on ait retrouvé dix personnes en même temps dans cette maison. Cette histoire est vraiment très bizarre».
Ce voisin affirme n’avoir rien remarqué, ni rien senti durant les dernières semaines. Entre-temps, il voudrait savoir, comme la majorité des Mauriciens, la cause de ce décès collectif. Empoisonnement accidentel, criminel ou suicide collectif? Décidément, elle sent mauvais cette histoire.
Par Michëlla Coosnapen, Nadine bernard,
jean marie Gangaram et christophe karghoo