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10 cadavres bouleversent le pays

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L’un des cadavres emporté à des fins d’autopsie par les hommes de la SMF

«Je ne pense pas que ce soit un suicide collectif ». Rumila Nursimuloo, née Mawooa, un des deux membres de cette famille encore en vie, exclut la thèse d’un suicide collectif corcernant les dix cadavres découverts vendredi. Un drame qui a bouleversé l’île Maurice. « Mo pa kapav dir ceki fine arrivé », dit-elle, toutefois.

Les enquêteurs, quant à eux, hésitent entre la thèse criminelle - surtout depuis la decouverte d’une lettre de confession d’une des victimes (voir hors-texte) - et celle du suicide collectif. Cette dernière éventualité est plausible, selon certaines sources qui affirment que quelques-unes des victimes fréquentaient une secte.

Des dix corps retrouvés dans une maison à la rue Béchard, à St-Paul, cinq sont d’une même famille : Kountee Mawooa, une veuve de 67 ans, ainsi que de son fils Ravi, 36 ans, ses deux filles, Chinta, 30 ans, et Critika, 37 ans, et le jeune fils de cette dernière, Devesh, 11 ans.

Trois des autres corps sont ceux de Mayadevi Jhowry, 40 ans, et de ses deux enfants, Bavish, 14 ans, et Kesha, 17 ans. Ces trois habitants de Montagne Longue étaient portés manquants depuis le 22 juillet dernier.

Rajesh Dhayam, un cadre du Mahatma Gandhi Institute (MGI), porté manquant également depuis le 6 août dernier, est aussi parmi les victimes. Le dixième cadavre, celui d’un homme, n’a pas encore été identifié. On croyait jusqu’à fort tard hier soir que le dixième cadavre était celui d’une femme habitant Grand-Baie.

C’est Rumila Nursimooloo, soeur aînée de Ravi, qui a identifié les cinq victimes Mawooa. Elle devait constater qu’elles portaient tous des habits de nuit : «Mone reconet mo mama (elle portait une blouse à fleurs bleues et un jupon) mo frer, mo bane ser ek mo neveu par zot linge dormi».

La maison de l’horreur

L’exercice d’identification a été une rude épreuve pour cette habitante de St-Pierre : «Cela a été très difficile pour moi d’identifier les corps de mes proches. D’une part, parce que j’ai peine à réaliser l’ampleur du sinistre et d’autre part, parce que les corps étaient méconnaissables. Il s’y dégagait une odeur nauséabonde, il y avait des ‘moutouck’ et les corps étaient tout noirs».

Les dix corps ont tous été découverts «dans une position allongée» sur des matelas. Deux hommes et une femme se trouvaient au rez-de-chaussée alors qu’à l’étage dans une première chambre se trouvaient quatre femmes allongées côte à côte sur un matelas. Dans une autre chambre se trouvaient deux hommes et un jeune garçon.

Un verre contenant un liquide exhalant une forte odeur, la vente du mini-bus, la rumeur d’un voyage pour Rodrigues, la grille d’entrée cadenassée de l’intérieur, le disjoncteur désactivé et l’ordre qui régnait à l’intérieur de la maison : les enqueteurs aimeraient bien donner un sens à tout cela pour tenter d’expliquer le drame. Les hypothèses sont 1. le suicide collectif, 2. l’empoisonnement criminel et 3. l’empoisonnement accidentel.

Selon des sources policières, la porte principale de la maison était fermée à clé de l’intérieur alors qu’une chambre à l’étage où se trouvait les Jhowry était cadenassée à l’extérieur.

Il n’y avait aucune trace de vol, d’après les enquêteurs. Deux chèques au nom d’une des victimes Mawooa ont même été retrouvés dans la maison ainsi que des bracelets en or.

Toujours selon les enquêteurs, deux des victimes, Critika Nunkumar, née Mawooa, et Rajesh Dhayam, le cadre du MGI, entretiendraient une relation amoureuse depuis cinq ans.

Demain, lundi, les enquêteurs se rendront dans la maison où les dix cadavres ont été retrouvés pour effectuer une fouille complète.

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Empoisonnement au cyanure ?

De sources policières, nous avons appris que l’autopsie pratiquée sur les dix cadavres a conclu à un empoisonnement aigu. Aucune trace de brutalité n’a été décelée sur les corps. La police pense que les victimes ont été empoisonnées au cyanure. Pour en savoir plus, les contenus des estomacs des victimes ont été envoyés au ‘Forensic Scientific Laboratory’ (FSL) hier à des fins d’analyse. Des prélèvements ont été faits dans le réservoir d’eau de la maison, ainsi que dans tous les endroits où l’eau est stockée. Les dix personnes seraient décédées depuis 10 à 15 jours.

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Lettre de confession d’une des victimes

« Une vie difficile » écrit une des victimes dans une lettre qui pourrait jeter un éclairage sur le drame qui s’est joué dans la maison des Mawooa à la rue Béchard à St-Paul. D’une source policière, nous avons appris que les enquêteurs sont en présence d’une lettre retrouvée le jour de la découverte macabre dans l’une des pièces de la maison.

La lettre de confession aurait, semble-t-il, été écrite par Chritika Nunkumar, la mère de Devesh. Tous deux figurent parmi les victimes. Lors de notre enquête, nous avons appris que Chrikita était le chef d’un groupe de prières hindou et que les déboires de sa vie l’auraient poussée à « amène les autres avek mwa ». Les enquêteurs tentent de déchiffrer ces propos qui figurent dans la lettre.

Selon des témoignages recueillis dans le quartier, cette jeune femme aurait animé des séances de prières dans un centre.

Forts de cette lettre, les enquêteurs tentent de réunir toutes les pièces du puzzle.

Prudents en ce qui concerne l’hypothèse du suicide collectif, ils annoncent qu’il y « aurait pu y avoir un meurtre par un empoisonnement et ensuite un suicide de connivence avec le ou les présumés meurtriers». Si le suicide collectif est confirmé, Maurice aura connu son premier Temple du Soleil. En 1995, seize adeptes de cette secte ont été retrouvés immolés dans la clairière de Vercors en France.

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Le père du petit Devesh rentre de Madagascar demain

« Je n’ai pas vu mon ami Devesh depuis le dernier jour du second trimestre », nous dit le petit Savish, copain de classe de Devesh; celui-ci a également trouvé la mort dans le drame de Saint-Paul. «Une excursion était prévue et il était tout excité à l’idée d’y aller. Il avait d’ailleurs déjà payé. Finalement, il n’était pas venu. Depuis ce jour, je ne l’ai pas vu », ajoute Savish. Le petit Devesh n’a pas repris le chemin de l’école le 16 août dernier. Vedanah Heera, un voisin et ami de Devesh, explique : « La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y trois semaines. Il faisait du vélo ».

Les proches du père de Devesh sont inconsolables. Le père du petit, Ashok Nunkumar, un homme d’affaires qui vit depuis ces quatre dernières années à Madagascar, rentre à Maurice aujourd’hui.

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Ravi ne voulait pas voir sa femme afin de méditer

«Ravi avait dit à ma sœur qu’elle ne devait pas chercher à le voir pendant quinze jours car il allait s’adonner à de la méditation », nous raconte Richoy, la soeur de Sarita. Sarita est, depuis deux ans, la seconde épouse de Ravi Mawooa, l’une des victimes du drame de St-Paul. Elle a refusé de nous parler lorsque nous l’avons approchée pour confirmer les propos de sa soeur. Avec son bébé, Sarita est arrivée à la morgue de l’hôpital Victoria vers midi, hier. Ravi s’était marié une première fois mais «s’est séparé de sa femme au bout de sept mois de mariage » selon un proche de Sarita. «Ma sœur est chez nous (ndlr : à Queen Victoria, Flacq, où habite également sa mère) depuis novembre car à cause de sa grossesse, elle était malade et elle voulait avoir le soutien de sa mère », raconte Richoy Elle poursuit : «Sarita a souvent cherché à prendre contact en compagnie de son mari par téléphone pendant ces quinze jours, mais en vain. Quelques jours après, elle devait être informée que son mari avec quelques membres de sa belle-famille s’étaient envolés pour Rodrigues. Depuis, Sarita n’avait pas de nouvelles jusqu’à la triste nouvelle de vendredi dernier ».

La rumeur que la famille s’était rendue à Rodrigues avait fait le tour de tout le voisinage et la même nouvelle avait atterri aux oreilles de Rumila, la sœur de Ravi

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Réactions

Bérenger : «Mes sympathies à tous ceux affligés par ce drame»

«Je présente mes sympathies à tous ceux affligés par ce drame». C’est ce qu’a déclaré le Premier ministre, Paul Bérenger, lors d’une conférence de presse hier. Il a cependant précisé que «li trop tôt pu passe commentaire, sé d’ailleurs pa mo rôle».

Ramgoolam : «J’espère qu’il n’y aura pas de ‘cover-up’»

Le leader de l’Opposition exprime, lui aussi, ses sympathies aux familles des victimes. Il souhaite toutefois que «la polis fer son travail couma bisin» en ajoutant : « J’espère qu’il n’y aura pas de ‘cover-up’comme dans l’enquête de Grand-Baie». Le Dr Navin Ramgoolam s’est exprimé ainsi lors d’une conférence de presse hier.

Par Michëlla Coosnapen, Nadine bernard,

jean marie Gangaram et christophe karghoo

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