En revenant d’une sortie
à la plage de Blue-Bay samedi dernier, Usha a connu une fin
tragique. La fourgonnette dans laquelle elle se trouvait, conduite par son fiancé Vimal Boolaky, a heurté un 2x4 à proximité d’un ralentisseur (photo) sur une route menant à cette plage publique. Avinash Ramshaye, son voisin, a également
péri dans l’accident
La mort est venue bouleverser ses rêves d’adolescente. Elle voulait être médecin. Usha Mohur chérissait aussi le projet de se marier à Vimal Boolaky, 23 ans, son fiancé. Le samedi 7 août dernier, après une journée passée à Blue Bay avec quatre amis et Vimal, l’irréparable se produisit. La fourgonnette conduite par son fiancé entra en collision avec un 2x4 à la hauteur d’un ralentisseur sur le tronçon reliant Blue-Bay à Beau-Vallon. Usha, sous l’impact, percuta le pare-brise, passa au travers et se fracassa sur l’asphalte. Elle mourut sur le coup d’une hémorragie.
Son voisin, Avinash Ramsahye, 21 ans, autre occupant de la fourgonnette, n’a pas non plus été épargné. Lors de la collision sa colonne vertébrale s’est disloquée. Il est mort sur le coup lui aussi.
La mort d’Usha, âgée de 15 ans, selon la police et ses parents, a bouleversé la famille Mohur. «Je n’avais qu’une seule fille», regrette Oumantee Mohur, 35 ans, la voix émue. La mère de la jeune fille avait mis de l’espoir en elle : «Nous sommes issus d’un milieu modeste mais malgré cela, Usha voulait devenir médecin. Ma fille disait qu’elle adorerait soigner les malades.»
Un «rêve» que Harrydev Boolaky, le futur beau-père d’Usha, comptait aider celle-ci à réaliser : «J’étais disposé à payer ses études.» Il est « chagrin » de ce drame : «Mo ine perdi mo préten bel fi».
De l’amitié à l’amour
Il y a six mois de cela, Vimal, un marchand ambulant, se lie d’amitié avec Usha (ses parents l’appellent également Ashvina). Leur amitié s’est peu à peu transformée en amour.
Au mois de juin, soit le 13, les deux décident d’officialiser leur relation en faisant une «présentation fami». «Vimal a fait une demande en mariage. Nous avons accepté à condition que le mariage se fasse quand Usha aurait atteint ses 18 ans. Nous sommes tombés d’accord pour que les deux puissent sortir et se voir entre-temps», explique Oumantee.
Comme tous les amoureux, Usha et Vimal se disputaient souvent. « Ils étaient jaloux l’un de l’autre. Mais leur dispute d’amoureux ne durait pas longtemps », déclare Oumantee.
Juanita, la meilleure amie de la victime, se souvient de la joie affichée par Usha quand elle parlait de son futur mariage: «Elle était folle amoureuse de Vimal. Quand la rencontre entre les deux familles allait avoir lieu, elle m’avait dit qu’elle comptait se marier uniquement à Vimal. Elle était tout heureuse à l’idée de porter le ‘Mangustran Sutre’ (collier porté par les hindoues signifiant qu’elles sont mariées, ndlr). Elle voulait un mariage grandiose.»
Vimal, portant plusieurs égratignures sur tout le corps, confie qu’il n’avait pas encore «fixé de date de leur union.» C’est avec regret qu’il parle de la mort de sa bien-aimée : « Je ne me rappelle pas les circonstances de l’accident. Je n’avais pas pris d’alcool ce jour-là.» En effet, un alcootest effectué sur lui après l’accident s’est révélé négatif.
Vimal offre un ‘lift’
C’est en Form II, à la ‘Swami Sivananda State Secondary School’ de Souillac que Juanita avait fait la connaissance d’Usha et depuis, elles se confiaient leurs petits secrets. Et Nishma, une autre amie d’école, d’ajouter : « Elle était une fille qui aimait participer à chaque activité organisée par le collège. »
Revenons au jour fatidique. Vers 11h30, Veena Gujudhur, 22 ans, une Française née de parents mauriciens, actuellement en vacances à Maurice, décide d’aller à la plage de Blue Bay pour «faire une promenade.» Son cousin «préféré», Avinash Ramsahye, connu également sous le nom de Jaysingh, est partant pour la balade. «Il a demandé à son ami Kevin Boolaky (Ndlr : le cousin de Vimal,) de les rejoindre. Lorsque nous préparions notre sortie, Usha décida de nous accompagner», raconte-t-elle. Avant de donner une réponse définitive, elle a demandé la permission à son père, Jayraj. Tous les quatre amis habitent à Mosque Road, Rose-Belle. C’est en autobus qu’ils se sont rendus à la plage publique.
Vers 13h30, Vimal téléphone à sa fiancée sur son portable. « Usha nous a dit que Vimal venait nous rejoindre dans sa fourgonnette et que, donc, ce n’est pas la peine pour nous de retourner à Rose-Belle par l’autobus», poursuit-elle. Un peu plus tard, en effet, les deux amoureux sont réunis.
Il est aux alentours de 18h00 quand le groupe décide de rentrer chez lui. Usha prend place à côté de Vimal sur l’un des trois sièges avant de la fourgonnette avec Kevin Boolaky (le cousin du conducteur). Veena, quant à elle, s’installe à l’arrière de la fourgonnette où se trouvent les marchandises et Avinash, l’autre victime.
Homicide involontaire
Sur le chemin du retour, Veena constate que le véhicule s’est arrêté. Elle apprendra plus tard que Kevin (celui qui était assis sur les sièges de devant aux côtés d’Usha et Vimal, ndlr) est descendu de la fourgonnette après une discussion avec son cousin Vimal. Nous avons pu rencontrer Kevin ; ses parents ont prétexté qu’il n’était pas chez lui quand nous lui avions rendu visite.
Le véhicule redémarre, mais c’est le drame quelques minutes après. «Le véhicule a fait plusieurs tonneaux. Avinash (qui est mort quelques secondes après l’accident) m’a enlacée pour amortir le choc. Quand la fourgonnette s’est arrêtée, Avinash était inerte. J’ai tapé très fort contre la paroi en métal et les secouristes ont dû casser le cadenas qui fermait la porte arrière du véhicule pour me sortir», se remémore Veena.
Après deux jours d’hospitalisation, Vimal a été arrêté pour homicide involontaire. Il a payé une caution de Rs 8000 et signé une reconnaissance de dettes de Rs 12 000 avant de retrouver la liberté conditionnelle.
En ce qu’il s’agit des trois passagers qui se trouvaient dans le 2X4 immatriculé G503, ils s’en sont sortis avec de légères blessures. Le chauffeur du véhicule est également soupçonné d’homicide involontaire. L’alcootest pratiqué sur lui a été négatif.
Si Harrydeo «remercie Dieu que son fils soit encore vivant», les Ramsahye et les Mohur pleurent la mort de leurs enfants. ‘Son’ Ramsahye, le père d’Avinash, envisage même des poursuites contre le fiancé d’Usha mais se ressaisit : «L’argent ne me rendra pas mon fils.»
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Ralentisseurs : bénédiction ou malédiction?
Les dos d’âne ou ralentisseurs sont souvent montrés du doigt lors des accidents
de la route. Dans l’accident qui a coûté la vie à Usha Mohur et Jaysing Ramsahaye à Blue-Bay le 7 août dernier, un véhicule aurait dérapé sur un dos d’âne avant de heurter un à l’autre.
Si personne n’incrimine le ralentisseur en question, il est permis de se demander si les nombreux dos d’âne sur les routes mauriciennes ne constituent pas un danger pour les automobilistes.
Saeed Jeewon, du ‘Traffic Management and Road Safety Unit’, affirme que ce n’est pas le cas : «Les ralentisseurs permettent de limiter les accidents. À Palma le nombre d’accidents a nettement diminué depuis qu’on a placé des dos d’âne sur la route principale. C’est au conducteur de prendre ses responsabilités pour éviter les accidents. Les ralentisseurs sont signalés par un panneau 35 mètres en amont et un autre panneau sur place.»
Toutefois, il précise que les dos d’âne ne sont plus placés depuis quelque temps sur les routes classifiées, c’est- à- dire les routes principales que les ambulances et les voitures des pompiers empruntent. «Les ralentisseurs les gênent dans leur travail», souligne Saeed Jeewon. Et qu’en est-il de ceux déjà placés sur les routes classifiées? «On ne peut pas les enlever comme ça. Quand on va faire le ‘resurfacing’ de ces routes, ils vont disparaître», dit-il.
Saeed Jeewon confirme également que des ralentisseurs placés sur la route Powder Mill à Grand-Baie ont été enlevés le temps du sommet de la SADC qui se déroule actuellement au Centre de Conférences. «C’est pour ne pas gêner le transport des délégués. C’est aussi une question de sécurité en cas de pépin», déclare-t-il. Les ralentisseurs seront placés à nouveau sur cette route après le sommet dans une semaine.
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La ceinture de sécurité, une nécessité
Une question se pose avec insistance depuis l’accident de Blue-Bay. Usha Mohur, qui est morte sur le coup après avoir été projetée au travers du pare-brise du véhicule où elle se trouvait, avait-elle attaché sa ceinture de sécurité? Cette zone d’ombre n’a pu être éclaircie car le chauffeur de la fourgonnette, qui est aussi fiancé à la victime, dit ne rien se souvenir concernant l’accident. Usha était assise sur le siège avant de la fourgonnette à côté de son fiancé.
La ceinture de sécurité permet de réduire la gravité des blessures lors d’un accident. C’est ce que nous explique le caporal Barlen Munusami de la ‘Road Safety Unit’. Selon lui, le port de la ceinture de sécurité est obligatoire pour ceux voyageant à bord de certains types de véhicules : les voitures, les bus de 15 places, les ‘light goods vehicles’ pour le transport des marchandises et avec un poids autorisé ne dépassant pas 3500 kg, les véhicules ‘dual purpose’, mais seulement si ces véhicules sont équipés de ceinture de sécurité».
Les chauffeurs de taxi sont, quant à eux, exemptés du port de la ceinture de sécurité quand ils transportent des clients mais pas quand ils sont seuls. Les occupants des véhicules des pompiers et de la police ne sont pas tenus de porter la ceinture de sécurité ainsi que les automobilistes détenant un certificat médical mentionnant qu’ils ne peuvent le faire. L’exemption s’applique aussi aux automobilistes qui font marche arrière ou entrent et sortent d’un parking. Les amendes pour ceux qui enfreignent ce règlement peuvent aller jusqu’à Rs 1000.
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88 morts sur nos routes depuis janvier
Le nombre d’accidents fatals sur les routes mauriciennes n’arrête pas d’augmenter. Le dernier en date a eu lieu au rond-point du Caudan Vendredi dernier. Un habitant de Camp Chapelon a été fauché par un taxi. Depuis janvier 2004 à ce jour, 80 accidents mortels ont été enregistrés. Bilan : 88 morts. Pour la même période l’année dernière, 70 accidents fatals avaient été enregistrés et 74 personnes y avaient péri.
Par Nadine Bernard, Michaëlla Coosnapen
et Jean Marie Gangaram