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Le difficile recyclage des ex-employés de la zone franche

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Ariff Currimjee et Reaz Chuttoo

Le licenciement de 920 personnes de Floréal Knitwear, le 5 août dernier, a relancé le débat sur le recyclage des ex-employés du secteur textile. Un ‘Job Fair’ ainsi qu’un ‘Reskilling/Retraining Fair’ ont été organisés durant la semaine écoulée pour les aider à trouver un autre emploi ou à recevoir une formation. Ariff Currimjee, président du ‘Joint Economic Council’ (JEC) et directeur de VIEO Textiles, et Reaz Chuttoo, syndicaliste, nous donnent leur point de vue sur ce recyclage dont on entend de plus en plus souvent parler.

Q : On entend beaucoup parler de recyclage des employés à la fermeture d’usine textile. Qu’est-ce que c’est exactement ?

Ariff Currimjee : Je récuse le mot recyclage car j’associe ce terme surtout à des machines et non à des êtres humains. Je préfère utiliser le terme ‘création d’opportunités alternatives’. Dans le cas de Floréal Knitwear, l’initiative d’essayer de trouver des emplois alternatifs pour les employés licenciés à travers les ‘job fairs’ est, dans ce contexte, une bonne chose. Mais si on veut que ça soit plus efficace, il faudrait une classification des compétences de chaque personne et ces données devraient être diffusées de façon régulière sur Internet à l’intention des employeurs.

Reaz Chuttoo : Le concept de recyclage, c’est surtout le redéploiement d’employés licenciés d’une usine vers d’autres usines textiles ou dans d’autres secteurs de l’économie. Le recyclage est surtout lié à la formation. Pour qu’une personne soit aisément redéployée dans un autre secteur, il faut qu’elle ait de nouvelles connaissances pour se vendre à l’employeur et pour ce faire, il lui faut une formation adéquate.

Q : Est-il possible pour une personne de plus de 45/50 ans de se recycler dans un autre domaine ? Une courte formation suffit-elle ?

Ariff Currimjee : C’est difficile de dire si une personne ayant dépassé 45 ans pourra se recycler ou non. Ce qui est important, c’est de se dire que des personnes qui ont travaillé dans la zone franche ont développé une culture du travail, de rigueur, de qualité, de ‘commitment’. Cette culture va leur être utile dans d’autres secteurs. C’est sûr qu’il peut être difficile pour une personne âgée de se lancer dans d’autres domaines, de retrouver du travail. Toutefois, les employeurs ne regardent pas vraiment l’âge pour employer une personne mais les compétences. D’autre part, il est clair que pour quelqu’un qui va changer complètement de domaine, une courte formation n’est pas suffisante.

Reaz Chuttoo : Le problème dans le secteur textile c’est que quand ce secteur était à son apogée dans les années 80, beaucoup de gens y ont pris de l’emploi. Aujourd’hui, ces gens ont plus de 40 ans. Pédagogiquement, il est prouvé que ce n’est pas facile pour une personne de 45/50 ans d’aller apprendre un nouveau métier surtout si ce n’est pas accompagné d’‘incentives’ financières qui peuvent l’aider à vivre et à faire vivre sa famille le temps de la formation. De plus, les plus de 40 ans ne sont même pas sûrs de trouver un emploi après leur courte formation. Celle-ci ne dépasse pas six mois et ce n’est vraiment pas suffisant pour apprendre un autre métier, même pour les plus jeunes.

Q : Existe-t-il d’autres alternatives au recyclage ?

Ariff Currimjee : À part les ‘job fairs’ où les licenciés recherchent de l’emploi dans le secteur textile ou ailleurs, il y a un autre secteur à exploiter. On devrait demander à ces ex-employés d’usine d’être plus entreprenants et leur donner des ‘incentives’ pour se regrouper et créer une petite usine. Ils pourraient alors soit faire des produits finis ou de la sous-traitance. Floréal Knitwear pourrait, par exemple, devenir le client de l’entreprise formée par ses ex-employés. Au niveau de Floréal Knitwear et du gouvernement, il y a des choses à faire dans ce sens.

Reaz Chuttoo : L’alternative serait de se servir des compétences que la personne possède déjà pour développer un nouveau secteur économique. Les ex-employés de la zone franche sont des ‘low-skilled workers’ qui ne savent travailler le textile qu’à un niveau légèrement supérieur à l’artisanat industriel. Par exemple, on peut développer un label mauricien, aller vers la création de produits textiles artisanaux qui peuvent être vendus aux touristes avec une forte valeur ajoutée. Pour cela, il faut une volonté politique car ces gens ont besoin d’aide pour se regrouper et monter des petites entreprises.

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