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Roches-Noires pleure Aman, Nitish et Rishi

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Un véritable ouragan s’est abattu sur ce petit village du Nord le lundi 14 janvier, jour du Nouvel an hindou, dévastant le coeur de ses habitants. Ces derniers ont perdu trois jeunes de leur localité dans un terrible accident de la route. Les proches des victimes, complètement anéantis, livrent de poignants témoignages…

Radha Sookeerah perd son époux et son fils unique en un an

Elle n’a plus de larmes pour exprimer son immense chagrin. Radha Sookeerah a perdu son fils unique, Aman, 19 ans, dans le tragique accident de Bras-d’Eau, qui a fait trois victimes. La douleur de cette mère est d’autant plus grande qu’elle n’avait pas fini de pleurer son mari, décédé il y a un an, des suites d’une longue maladie. Et maintenant, c’est son unique enfant, son fils adoré, qui est parti pour toujours.

Depuis cette terrible tragédie, Radha Sookeerah n’est plus que l’ombre d’elle-même. Elle repense sans cesse à ce lundi fatidique où Aman est mort et n’arrête pas de se demander pourquoi son fils a fait fi de son conseil ce jour-là. «Je lui avais demandé de ne pas sortir, mais il ne m’a pas écoutée», se lamente-t-elle, accablée par le chagrin.

C’est vers 20 heures, le lundi 14 janvier, que le monde s’est, une nouvelle fois, arrêté pour elle. «Je fermais les portes de ma boutique lorsqu’une voisine est venue me voir pour me dire qu’il y avait eu un accident et que nos voisins étaient dans le véhicule accidenté. J’ai alors téléphoné à mon fils car il m’avait dit qu’il allait se rendre à la plage avec des amis pour fêter le nouvel an hindou. Mais je ne l’ai pas eu sur son portable. Ma soeur est venue me voir peu après pour me dire que mon fils est décédé. J’ai eu le choc de ma vie», confie avec peine Radha Sookeerah.

Complètement désemparée, elle n’arrive pas à comprendre pourquoi le destin s’acharne une fois de plus sur elle, surtout en ce jour de joie, de bonheur et de fête qu’aurait dû être le Nouvel an hindou : «On avait déjeuné ensemble vers 13 heures. Ensuite, mon fils a pris une douche et il est sorti peu après en me disant qu’il se rendait à la plage avec des amis. Je lui ai demandé de ne pas y aller et de m’aider dans la boutique. Il m’a alors répondu qu’il allait être dans le coin avec des amis et que je n’avais qu’à faire appel à lui en cas de besoin. Je ne sais même pas à quelle heure il est allé à la mer avec ses amis.»

Radha Sookeerah explique que son fils connaissait les autres garçons depuis quelques années déjà : «Nous habitons dans ce quartier de Roches-Noires depuis quatre ans. À l’époque, j’avais hérité de la boutique de ma mère et nous avons emménagé ici. Mon fils s’est alors fait de nouveaux amis. Il m’aidait beaucoup dans la boutique et faisait aussi des travaux de peinture, parfois avec les autres jeunes de la localité.»

Selon Radha, Aman caressait le rêve de travailler comme serveur sur un bateau de croisière, comme d’autres jeunes du village, après avoir occupé le même poste dans un hôtel à Grand-Gaube pendant un an. Le jeune homme de 19 ans laisse un souvenir douloureux, mais positif à ceux qui le connaissaient. Son cousin Veer le décrit comme «enn zeness bien kool», un bon garçon et un bon vivant qui aimait la musique : «Il écoutait de tout. Il était aussi un fan de tuning.» Tous regrettent amèrement ce garçon parti trop tôt dans des circonstances tragiques.

Nitish Hurry ne se mariera pas

Ils se préparaient à vivre une année exceptionnelle, remplie de bonheur. Nitish Hurry avait annoncé à ses proches qu’il comptait se marier à la fin de 2013 et avait déjà commencé à rénover sa chambre en vue de cet événement. Tous étaient très heureux pour lui. Hélas, le bonheur des Hurry a viré au drame lundi lorsque le jeune peintre en bâtiment de 22 ans a été tué dans l’accident de Bras-d’Eau. Il se trouvait dans le caisson du 2x4 qui a dérapé sur la route menant de Poste-de-Flacq à Roches-Noires, faisant trois morts et quatre blessés.

Lorsqu’ils ont appris la terrible nouvelle vers 19 heures, les Hurry n’ont pu y croire. Comment croire que Nitish n’était plus de ce monde, lui qui était si jeune et plein de vie ? «On a eu le choc de notre vie. Personne ne savait que notre frère s’était rendu à Poste-Lafayette avec des amis pour boire un coup», déclare Ravi, 38 ans, le frère aîné du défunt, les larmes aux yeux. Nitish était le dernier de cette famille de six enfants – quatre garçons et deux filles. Sa mère, âgée de 62 ans, est alitée depuis qu’elle a été victime d’une attaque cérébrale. Son père, 62 ans également, a aussi des ennuis de santé. Tous pleurent amèrement la disparition tragique de Nitish.

Le jour du drame, ce dernier n’était pas allé travailler. Il avait mis un peu d’ordre dans sa chambre, dont il avait refait la peinture. Sa soeur Preety, qui était chez ses parents le jour fatidique pour célébrer le nouveau an hindou, raconte que son frère dormait lorsque des amis sont venus le chercher pour aller faire une balade : «Ses amis ont insisté. Il a alors pris une douche avant de les rejoindre. Ce n’est qu’après qu’on a su qu’ils étaient allés à la mer pour boire quelques verres. L’accident s’est produit sur le chemin du retour.»

Selon Ravi, son jeune frère était méconnaissable sur son lit de mort. «Il a eu de graves blessures à la tête. Il est mort d’une fracture du crâne. Il avait aussi d’autres fractures. Un des rescapés m’a dit que l’accident s’était passé très vite. Il m’a aussi expliqué que mon frère n’avait pas eu le temps de souffrir. Il est tombé du caisson lorsque le 2x4 a heurté un arbre avant de finir sa course dans un caniveau», souligne Ravi.

Sa sœur Preety lance, elle, un véritable cri du cœur : «Notre famille souffre énormément. J’invite les autres jeunes à prendre exemple sur cet accident afin de ne pas faire la même chose. Il faut prendre beaucoup de précautions lorsqu’il pleut. De plus, il faut éviter de transporter des gens dans un caisson. Mon frère et nos deux voisins ont perdu leur vie bêtement. Nitish serait toujours de ce monde s’il n’était pas sorti ce jour-là.»

Nitish était, selon sa famille, très populaire dans la localité et avait beaucoup d’amis avec qui il jouait régulièrement à la pétanque. Autant de proches qui le pleureront pendant longtemps encore.

Saroj Chethak, la mère de Rishi : «Mon fils n’avait pas l’habitude de sortir»

Elle faisait une pooja (NdlR : prière hindoue) lorsqu’elle a appris que son fils avait fait un accident. Dans un premier temps, Saroj, la mère de Rishi Chethak, 34 ans, n’a pas jugé nécessaire de tout laisser pour aller aux nouvelles, croyant que c’était un accident mineur. «Il était parti de la maison à bicyclette ce jour-là, vers 16h30, sans nous dire où il allait. J’ai d’abord cru qu’il était tombé de vélo au coin de la rue. C’est une voisine qui m’a fait part de la terrible nouvelle. Mes neveux se sont immédiatement rendus à l’hôpital et m’ont confirmé que mon fils était parmi les victimes de l’accident de Bras d’Eau.»

Depuis, Saroj ne cesse de pleurer ce fils qui était son deuxième enfant – elle a une fille aînée et un plus jeune fils. Pour une fois que celui-ci sortait, dit-elle, en larmes, cela s’est terminé en drame. «Mon fils n’avait pas l’habitude de sortir. Le plus souvent, il restait à la maison. Il a commencé à fréquenter les autres jeunes du village lorsque le terrain de foot de la localité a fermé ses portes pour cause de rénovation. Rishi était un grand footballeur. Il a d’ailleurs remporté plusieurs médailles et coupes.»

Si pour Saroj, l’accident est dû aux grosses pluies qui tombaient ce jour-là, elle s’interroge toutefois sur la présence de Rishi dans le caisson du 2x4 accidenté. «Il était parti à bicyclette. Je ne sais pas à quel moment il est monté dans le véhicule pour aller à la mer avec ses amis», lance-t-elle, triste et intriguée. Quoi qu’il en soit, Rishi est parti pour toujours et elle ne se consolera jamais du départ subit de ce fils qui avait des projets plein la tête, notamment celui de se marier cette année.

Eh oui ! Rishi, qui travaillait comme aide-maçon après avoir été employé pendant 10 ans dans une usine de textile, rêvait de trouver l’épouse idéale car, selon sa mère, «li fini gagne laz». Celle-ci avait pour mission de lui trouver une épouse, comme le veut la tradition. «C’était un grand timide. Ce qui explique pourquoi il n’avait pas de fiancé et n’était pas encore marié. Mais il aurait fait un bon époux car c’était un bon et gentil garçon», confie sa mère avec une immense tristesse dans les yeux.

Au lieu d’un mariage, ce sont des funérailles qu’elle a dû organiser pour Rishi : «C’est très dur pour une mère d’organiser des funérailles pour son fils. Le monde s’est arrêté pour notre famille depuis ce jour-là. Mon époux et moi sommes complètement anéantis. Une chose est sûre : nous n’allons plus fêter le Sankranti.»

Quand la route fait plusieurs morts

Les noms des trois victimes de Bras-d’Eau viennent s’ajouter à la longue liste de ceux décédés sur nos routes. Rien que depuis le début de cette année, 10 personnes sont mortes dans des accidents. Mais le drame de lundi dernier rappelle surtout ces accidents ayant fait de multiples victimes dans le passé. Au mois d’août 1975, un accident de la route impliquant un camion et un autobus a fait 15 morts à Bell Village. En avril 1995, un camion fou a tué une dizaine de passagers d’un autobus à Rose-Belle, après que ses freins ont lâché. En août 2002, un accident de la route impliquant deux voitures et un 4x4, au rond-point menant à Flic-en-Flac, a fait deux victimes et des blessées graves dont l’une est toujours dans un état semi-comateux.

Le 10 juin 2004, un autre drame du genre s’est joué à Bagatelle : quatre membres d’une famille de Quinze-Cantons, Vacoas, ont trouvé la mort quand la voiture qui les transportait a été percutée par un camion. Le 2 novembre de la même année, un autre accident de la route s’est avéré fatal pour cinq amis. Le 4x4 dans lequel ils se trouvaient a quitté la route et percuté un arbre dans un virage à Nouvelle-France. Le 17 avril 2005, six amis ont trouvé la mort dans un accident. Alors qu’ils revenaient d’une boîte de nuit, la voiture dans laquelle ils se trouvaient a percuté de plein fouet un autobus. Bilan : trois morts et trois blessés. Au mois de juillet de la même année, un maulana qui venait de se marier et ses trois neveux ont péri dans un accident de la route à Grande-Rosalie.

On se souvient aussi de ce terrible accident à St-Julien, en janvier 2011, où un Mauricien et 11 travailleurs bangladeshis ont trouvé la mort. Le 13 octobre de la même année, trois personnes sont décédées à 16e Mile lorsque le van qui les transportait est entré en collision avec un autobus. Plus récemment, le 5 décembre dernier, un autre accident a fait plusieurs morts à Roches-Noires. La voiture à bord de laquelle voyageaient trois jeunes hommes et une jeune fille a heurté un van. Bilan : les trois garçons, grièvement blessés, sont morts à quelques jours d’intervalle.

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