Yusra a aujourd’hui 17 ans. Après plusieurs transfusions de sang, elle est complètement guérie d’une leucémie. “Je suis chanceuse. J’y ai cru. Tout peut arriver”, dit-elle
Le sang d’un autre a vaincu sa terrible maladie. Elle a tant lutté. Aujourd’hui, Yusra, 17 ans, sourit à la vie. À 12 ans, Yusra a failli mourir. Un cancer du sang, la leucémie, la rongeait. Un don de sang lui a sauvé la vie.
Lundi dernier, Journée internationale du don de sang, Yusra est allée accomplir ce qu’elle estime désormais être son devoir : donner de son sang, ce même geste qui l’a sauvée quelques années plus tôt. Les médecins, prenant connaissance de son antécédent médical, ne veulent pas se hasarder à la laisser donner de son sang. Yusra comprend, acquiesce et écoute attentivement les medécins: “Peut-être dans quelques années encore”, lui dit-on. “Je reviendrai. Partout où il y aura des collectes de sang, j’irai”, dit-elle.
Ce petit geste, donner pour recevoir la vie, rappelle à Yusra son histoire, son vécu. Depuis moins d’un an, elle est officiellement déclarée guérie. Sa dernière visite à la clinique remonte à lundi dernier, le jour même où elle s’est mise en tête de faire don de son sang. “C’est le sang de quelqu’un d’autre qui m’a sauvée”, dit-elle d’une voix assurée. À son tour maintenant de montrer sa reconnaissance, d’aider et, surtout, de ne jamais oublier que le sang, c’est la vie.
Aujourd’hui, Yusra est une jeune femme qui se dit “chanceuse” mais aussi “réaliste”. “Si je m’en suis sortie, c’est parce que j’y ai cru”, nous dit-elle.
Fatigue, nausée et vertige
Il y a cinq ans de cela, on la disait condamnée à cause de cette maladie. Mais dès le début, Yusra s’est battue. Elle a lutté, elle a cru, elle n’a pas abandonné. Cette sombre période de sa vie fait maintenant partie de son passé. Un passé jalonné d’épreuves.
1999 : Yusra est alors étudiante à l’École du Centre. Elle s’apprête à faire son entrée au secondaire. Cette adolescente sportive, resplendissante de santé, est soudainement fatiguée, souffre de vertiges, de nausées et perd l’appétit. Ses parents consultent un médecin. Et là, c’est l’impensable! C’est le diagnostic qu’aucune famille ne veut entendre : Yusra est atteinte de leucémie.
La fille perd son sourire. Épuisement, nausées, impossibilité de se nourrir..., le mal progresse inexorablement. Le médecin annonce le pire à la famille Kurmally-Atchia: “Yusra va peut-être mourir”.
La nouvelle provoque un choc : bouleversement, désarroi. Les parents de Yusra n’arrivent pas à comprendre. Comment accepter que leur fille Yusra, cette boule d’énergie depuis sa naissance, n’arrive même plus à sourire ? La jeune fille est presque à bout. Elle quitte l’école, ne voit plus ses amis. Mais elle ne se laisse pas aller. Des e-mails et des missives lui permettent de garder contact avec ses camarades. Devant la volonté de Yusra de s’en sortir malgré les diagnostics des médécins, sa famille décide de réagir et tenter le tout pour le tout.
Un parcour de combattant
Commence alors un parcours de combattant pour les parents. “C’était une épreuve difficile, mais il fallait la surmonter pour ma fille”, nous dit Halima, sa mère.
Examens médicaux, analyses, examens radiographiques, séances de chimiothérapie et des médicaments par dizaine à prendre: tout le train-train quotidien de cette petite fille de 12 ans se retrouve chamboulé. Son visage se gonfle sous l’effet du traitement. Elle perd ses cheveux. C’est, pour elle, un complexe. D’ailleurs, elle refuse de se montrer tête nue. Son meilleur ami est, dès lors, un chapeau.
Elle n’a plus de force pour jouer mais pourtant, elle ne baisse pas les bras. “Yusra n’a jamais abandonné. C’est ce qui nous a donné du courage”, nous dit Halima.
Les parents, devant la détermination de leur enfant pas plus haute que trois pommes, décident de se rendre à l’île de la Réunion pour que Yusra subisse d’autres examens. Une lueur d’espoir point alors à l’horizon. On leur conseille de mettre le cap sur l’Afrique du Sud.
Encore le même train-train. Beaucoup d’épreuves pour une petite fille. Des tubes, des machines, des seringues et encore des examens. Le signe du destin auquel s’attendait la famille de Yusra lorsqu’elle a mis le cap sur l’Afrique du Sud tarde à se montrer. Trois mois passent et là, surprise ! Au bout de plusieurs transfusions de sang, le corps de Yusra réagit finalement. “On y a cru du premier coup. On voyait s’ouvrir devant nous le chemin de la guérison”, nous raconte Halima. Deux transfusions suffisent et les médecins annoncent la bonne nouvelle à toute la famille. “Elle est sur la bonne voie”. Une phrase magique pour les Kurmally-Atchia.
Elle remercie Dieu
La famille apprend que le traitement peut aussi se faire à Maurice. Elle n’hésite pas à plier bagage pour rentrer au pays. Deux transfusions sont effectuées à Maurice. “Ma fille a vaincu un cancer. Toutes les personnes dans la même situation qu’elle ne doivent pas perdre espoir. On a eu de la chance d’aller en Afrique du Sud mais les médecins sont aussi compétents à Maurice. Le tout, c’est d’y croire”, nous dit Halima.
Elle lève la main au ciel. Remercie Dieu en qui elle et son époux avaient mis tous leurs espoirs. “Maintenant, quand je regarde ma fille, je la vois différemment. Elle a toujours cru en sa guérison. Elle ne s’est jamais plainte et elle nous a donné du courage. C’est mon cri du coeur à tous les gens qui souffrent de leucémie. Il faut y croire. Un ‘miracle’ peut à tout moment arriver. Donner son sang, c’est donner la vie à une autre personne. Il n’y a ni de question de couleur ni de religion dans ce geste. Il faut simplement croire qu’on peut sauver une vie”, nous dit Halima.
Le cheminement de Yusra, aujourd’hui débordante de vie, est porteur d’espoir pour les autres personnes atteintes de leucémie. “Tout peut arriver”, dit Yusra. Osera-t-on la contredire ?