“Toutes les allégations que Chetty a faites contre moi sont fausses”, dit Raj Dayal
La tactique de Dayal est claire : s’attaquer à Antoine Chetty, celui-là même qui a fait des allégations contre lui, celui qui “prend le pays en otage.”
L’ex-CP soupçonne un “assassinat”, concernant le décès de Rajkumar Lallah, le père de Anju Lallah, maîtresse d’Antoine Chetty.
Antoine Chetty est à l’origine de l’affaire Deelchand. De l’héroïne a été saisie chez lui. Il devait balancer le nom du notaire Vinay Deelchand comme le propriétaire de la drogue. Depuis, il a fait une série d’allégations impliquant d’autres personnes dont l’ex-commissaire de police.
En déclarant que la mort de l’ex-notaire Lallah est suspecte - ‘suspect murder’ pour reprendre ses mots - et en réclamant la réouverture de cette enquête, l’ex-commissaire de police tente de trouver des liens entre la liaison d’Antoine Chetty avec Anju Lallah et la mort du vieux notaire.
En révélant que Rajkumar Lallah était venu le voir dans son bureau pour lui confier ses craintes sur la liaison de sa fille avec Antoine Chetty, Raj Dayal sème volontairement des doutes, demande des réponses, propose que la police ré-interroge Anju Lallah, la fille de Rajkumar Lallah, qui, selon lui “devrait se mettre à la disposition des policiers”.
Car, Raj Dayal veut démontrer (voir texte L’ex-CP réclame la réouverture de l’enquête sur la mort de Rajkumar Lallah) que les allégations de Chetty ne doivent pas être prises au sérieux. Certes, reconnaît-il, dans le cas de l’agression de Calou, Antoine Chetty a avoué. Mais, ajoute-t-il tout de suite, “nous avons une idée de quoi Chetty est capable face à l’argent.” Si Chetty ne ment pas dans le cas de Calou, pourquoi ne devrait-on pas le croire dans d’autres cas ? À cette question, Raj Dayal répète inlassablement : “Toutes les allégations que Chetty a faites contre moi sont fausses.” Parmi les allégations faites par Antoine Chetty, il est question que Dayal aurait comploté avec la bande à Deelchand pour planquer de la drogue chez Satish Nundlall. Raj Dayal dément. Mais c’est sous la charge de “Conspiracy with Chetty, Mooraghen, Deelchand to conceal dangerous drug at the place of Satish Nundlall, Quatre-Bornes, to have the latter arrested” que Raj Dayal avait été arrêté et relaché sous caution.
Pourquoi Chetty s’en prend-il à lui alors ? Raj Dayal n’a qu’un mot à la bouche : “Complot”. C’est un complot contre lui, c’est un complot contre sa famille, lance-t-il. Une preuve ? Selon lui, quand la police a débarqué à Carreau Lalianne, où les maisons des Dayal avoisinent (la rue porte même le nom de ‘Dayal Lane) le 21 mai dernier, c’est vers la maison de son oncle que les policiers se sont dirigés. “Il est vieux. Il n’est pas en bonne santé. Ma mère aussi est affectée. Toute ma famille est traumatisée par ce qui arrive”, affirme l’ex-commissaire de police, vêtu d’un costume bleu foncé, d’une chemise jaune, d’une cravate à motifs, recevant les journalistes vendredi matin, dans sa cour plantée d’orangers, de goyaviers de Chine et de coeurs de demoiselle.
Face à ce “complot”, la famille Dayal relève la tête. L’épouse de Raj Dayal, Keshwaree, calée dans un fauteuil de son salon, décor kitsch, entre sa dizaine d’horloges, et ses murs tapissés de photos de ses quatre enfants (trois fils, une fille) se dit et se montre sereine. Celle qui partage la vie de Raj Dayal depuis 29 ans après un “mariage arrangé” - c’est elle qui nous l’a révélé - dit de lui que c’est un homme courageux. “Ce sont des faussetés qu’on avance sur lui. Moi je le connais, je sais qu’il n’est pas comme ça. C’est un homme droit”, laisse échapper Keshwaree, discrète, depuis l’éclatement de l’affaire, qui continue à mener une “vie normale” entre “la méditation, le yoga, le ménage et la prière” tout en s’occupant de sa fille, collégienne, qu’elle va déposer à l’école et récupérer à la sortie, les trois fils sont à l’extérieur.
Le clan Dayal
S’il y a la famille Dayal, il y a aussi le clan Dayal (ils sont 4 frères et deux soeurs) qui pendant ces derniers jours se serre les coudes et veut se montrer digne face à l’adversaire. “Les Dayal restent les Dayal”, nous dit Satish, l’inséparable frère, ex-député MSM, qui, depuis l’évocation du nom Dayal dans l’affaire Chetty, assure une présence de tous les instants auprès de son aîné. La nièce, Gayantree Dayal, celle qui assure la défense de son oncle et dont la maison se trouve en face de Raj Dayal, affirme être “solidaire”.
Autre membre de la famille Dayal que nous rencontrons au ‘Dayal Lane’: Pritviraj, un cousin de Raj Dayal. À 25 ans, le jeune homme revient de Bangalore, Inde, muni d’un degré en ‘graphic designer’. À Maurice depuis seulement trois semaines, Pritviraj déclare que “tous les membres de la famille Dayal partagent les soucis de mon cousin.” Quand la police avait débarqué à Carreau Lalianne, explique-t-il, “on était tous dans la rue.”
Solidarité, sérénité mais aussi la continuité de la vie comme elle était avant, nous assure Raj Dayal du haut de ses 54 ans. “Je dois travailler pour gagner ma vie.” Keshwaree, l’épouse, confie : “Il a travaillé pendant 29 ans dans la force policière et il n’a pas eu un seul sou de dédommagement. Il faut vivre.”
“Je suis convaincu que Dieu est avec moi”
Alors planteur il était, planteur il restera ! La saison des choux-fleurs est arrivée avec l’hiver et comme tous les matins, Raj Dayal s’en va dans ses multiples champs “parfois à 3 heures du matin” entre St Julien d’Hotman, Flacq - village d’où sa femme est orginaire - et Vacoas cultiver ses légumes. “J’ai arrosé 2000 de mes 4000 choux-fleurs ce matin”, confie-t-il ce vendredi. On comprend bien vite qu’on a affaire à un homme de la terre, une tradition qui, paraît-il, se transmet de génération en génération chez les Dayal.
Côté pile : planteur. Côté face : religieux. Qui connaît Raj Dayal ne peut occulter sa religiosité. “L’homme propose, Dieu dispose”, répond-il à certaines de nos questions. “I’m convinced that God is with us”, ajoute-t-il. À Grand-Bassin, où il a fait construire un temple, le pandit qui y officie (qui veut garder l’anonymat) parle de sa foi profonde. “Raj Dayal a une profonde croyance. Il vient prier très tôt avant l’aube. Moi, le pandit, j’arrive plus tard”, témoigne-t-il à 5-Plus.
Dayal religieux, Dayal planteur, et depuis les élections législatives de 2000, Dayal le politique a débarqué. Est-ce que ces secousses actuelles ne risquent pas d’entraver la carrière de celui qui créa la surprise à Montagne-Blanche en 2000 et obtenant 13 000 votes pour descendre de son nuage lors de l’élection partielle de Rivière du Rempart avec sa piètre performance cette fois de 500 voix ? Comme d’habitude, Raj Dayal s’en sort avec une pirouette. “On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve”, répond-il. Son épouse Keshwaree, elle, ne pratique pas la langue de bois et lâche spontanément. “Cela aura peut-être une influence.”
De toute manière, pourquoi parler politique alors que pour le moment les préoccupations sont autres. Raj Dayal, après sa “bronchite” a retrouvé sa forme. Il prépare sa défense, veut laver son honneur, rappelle qu’il a été commandant et commissaire de police, fait référence aux différentes formations qu’il a eues (KGB, Scotland Yard, Interpol), dit qu’il est un homme d’action, un homme du terrain et se souvient de ces millions de roupies de drogues saisies et détruites datant de l’époque où il était le maître des Casernes Centrales.
Une époque où, lui, Raj Dayal “s’occupait de 2000 dossiers par jour”, alors que les policiers d’aujourd’hui, “venus pour m’arrêter vont frapper à la porte de mon oncle.” Rien que pour cette méprise qu’il considère comme une “bavure” Raj Dayal réclame la démission du commissaire de police, Ramanoj Gopalsing, et celle du responsable de l’ADSU. “Ça ne se fait pas”, tempête-t-il. “Si c’était moi, j’allais présenter mes excuses”, s’enorgueillit celui qui dès sa nomination le 1er septembre 94 et jusqu’à sa révocation le 23 novembre 1997 comme commissaire de police à la suite du rapport Sik Yuen(voir hors-texte plus haut) a fait parler de lui tout en faisant couler beaucoup d’encre dans la presse.
Accident d’hélicoptère, inauguration de son temple par SAJ, épisode des soldats bâtisseurs, carte de visite avec le titre de lieutenant général, rétablissement du poste de caporal, tribulations successives avec sir Anerood Jugnauth, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger qui avaient souhaité son départ, allégations de Gorah Alladee dans l’affaire Kala Niketan, motion pour que la presse n’en fasse pas état, entêtement à ne pas démissionner malgré les pressions politiques : Raj Dayal avait fait les gros titres de la presse. Une presse avec laquelle les relations n’ont pas toujours été cordiales dû à certains procès en diffamation et l’incarcération de deux membres de la presse au poste de police de Pope Henessy. Car comment passer sous silence l’arrestation de deux journalistes du magazine ‘Le Mag’ en octobre 94 alors que Raj Dayal était commissaire de police. (Voir hors-texte sur cet épisode plus loin).
Après sa révocation comme commissaire de police, Raj Dayal était très remonté contre Navin Ramgoolam, alors Premier ministre. Mais celui-ci, pour des raisons bassement politiques, devait lui lancer un “mon frère” lors d’une fonction dans le nord avant la partielle au No 7.
Têtu, impulsif, exubérant
Au No 7 justement, les habitants ont découvert une autre facette de l’ex-commissaire de police.
Car Raj Dayal c’est aussi un solide têtu, un impulsif, un homme exubérant, un personnage que certains décrivent comme folklorique. Un phénomène, disent d’autres. Ses inconditionnels - à l’instar de Prem Raddhoa que Raj Dayal décrit comme un excellent enquêteur - parlent de lui comme d’un homme intelligent, un homme de vision, présent dans les grandes opérations. Gilbert Leste, ex-policier qui l’a côtoyé, dit que c’est un homme qui se souciait du ‘welfare’ de ses officiers. “Je ne suis pas un de ses hommes mais je reconnais qu’il s’occupait du bien-être des policiers.” Exemple : “il rendait plus souples les procédures que ce soit pour l’octroi des uniformes ou encore pour les congés”, nous dit cet ex-policier. Il y a ceux qui ont de bons mots. Et puis, il y a les autres. À l’exemple de cet ex-haut gradé qui décrit Raj Dayal comme un dictateur à sa façon. “Quand il a débarqué aux casernes centrales, il y a eu certains transferts qui n’ont pas fait plaisir. C’est quelqu’un qui croit qu’il a toujours raison, qui n’écoute que lui-même et qui a une profonde confiance en lui.”
C’est justement parce qu’il a cette foi en lui que Raj Dayal se croit investi d’une mission sur terre. C’est pour cette raison et aussi parce qu’il n’a pas caché qu’il voulait être le Premier ministre de Maurice que Raj Dayal s’est jeté dans l’arène politique. Lors de l’élection partielle à Rivière du Rempart, alors qu’il donne une interview à l’express-dimanche, il affirme qu’un “sentiment généralisé pour soutenir la candidature de Raj Dayal résonne en permanence à travers l’île.” Car, dit-il, “je pratique mon dharma et mon karma pour servir l’humanité sans me soucier de récompenses.” Lors de l’émission Hardtalk de Top FM, Raj Dayal disait avoir la conviction qu’il allait l’emporter au no. 7. Vendredi dernier, avant que ne commence sa conférence de presse, il nous fait quelques confidences: “Ce que je fais est mon devoir de citoyen. Je fais ça pour le pays.” Il est comme ça Raj Dayal. Peu importe ce qu’on pense de lui : Il aime se donner un air de patriote. Et c’est parce qu’il “se soucie de l’avenir de la République de Maurice” qu’il a pensé que c’était à lui que revenait la tâche de décrédibiliser Antoine Chetty. Maintenant qu’il a fait son devoir, il retournera dans ses champs, s’en ira à Grand-Bassin et retrouvera à la fin de la journée Keshwaree, celle qui sait mieux que personne lui confectionner des gateaux piments.
En attendant, Antoine Chetty est toujours une épée de Damoclès sur sa tête.
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L’ex-CP réclame la réouverture de l’enquête sur la mort de Rajkumar Lallah
“Je demande que l’enquête sur la mort de Rajkumar Lallah soit réouverte. C’est un suspected murder”. C’est ce que déclare Raj Dayal, lors d’une longue conférence de presse vendredi dernier. L’ex-commissaire de police soupçonne qu’il y a eu ‘foul play’ dans la mort de l’ex-notaire Rajkumar Lallah.
Pendant une heure et demie, Raj Dayal s’est acharné à réfuter toutes les allégations faites par Antoine Chetty contre sa personne.
Antoine Chetty, l’ex-bras droit du notaire Vinay Deelchand, allègue qu’en 1994 un complot visant à piéger Satish Nundlall (ex-partenanaire de Moonsamy Mooraghen qui est impliqué dans l’affaire Deelchand. Il a été arrêté dans le sillage de la tentative d’assassinat contre Philippe Calou) en planquant de la drogue chez ce dernier a été tramé dans les locaux de la SMF par la bande à Deelchand. Raj Dayal aurait été au courant du complot. “Ces informations sont fausses à 100%. Cette réunion n’a jamais eu lieu. Si c’était le cas, ces informations doivent figurer dans les police records”, dit Raj Dayal
Son nom est aussi cité dans l’affaire Parvez Damree. Celui-ci avait écrit de la prison pour dénoncer Deelchand comme étant un trafiquant de drogue. Parvez Damree fut retrouvé mort quelques temps plus tard. Chetty allègue que Deelchand est responsable de la mort de Damree. D’autre part, le compagnon de cellule de Parvez Damree a confirmé la teneur de la lettre en date du 11 août 1995 adressée au commissaire de police de l’époque, Raj Dayal, sur les confessions de la présumée victime de la bande de Deelchand. Raj Dayal réfute aussi ces allégations. Il a aussi été interrogé sur les armes - des lance-flammes - qui auraient été utilisées pendant les émeutes de février 1999. Il nie également ces allégations: “C’est faux”.
Si Raj Dayal avait annoncé des révélations dans l’affaire Deelchand, pour l’heure il se contente de réclamer la réouverture de l’enquête sur la mort du notaire Rajkumar Lallah, le père d’Anju Lallah, maîtresse d’Antoine Chetty : “Quand j’étais commissaire de police, le notaire Rajkumar Lallah était venu me voir dans un état de panique avec une frayeur visible et il craignait pour sa vie en raison de la relation qu’avait Antoine Chetty avec Anju, sa fille. Je lui avais alors fourni une protection policière. Je me pose des questions car on a vu ce qui s’est passé avec Calou et ce que Chetty peut faire à cause de l’argent”. Pour l’ex-commissaire de police, Anju Lallah doit se mettre à la disposition des enqueteurs pour établir les circonstances dans lesquelles son père est mort: “Le commissaire de police actuel doit assumer ses responsabilités dans cette affaire”. Il se dit disposé à se rendre à la Central CID pour y consigner une déposition concernant la mort du notaire Lallah.
Raj Dayal a aussi fait remarquer qu’il n’était plus commissaire de Police quand Rajkumar Lallah est mort. Parlant de l’agression de Philippe Calou par Antoine Chetty, il s’est demandé pourquoi la presse ne fait pas allusion au fait qu’il n’était pas commissaire de police à cette époque. “Ce n’était pas moi qui étais commissaire de police mais André Feillafé”.
Concernant la liste d’Aly Azer, Raj Dayal a fait la déclaration suivante : “Il faut déterminer si cette rencontre a eu lieu.Cela des ‘police records’ peuvent le prouver. Si jamais une liste il y a (la liste d’Aly Lazer sur les trafiquants de drogue), elle doit être aux Casernes. Il y un commisssaire actuellement, allez la lui demander. En temps et lieux je vais fournir des éléments de réponses sur cette histoire”.
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Un militaire devenu commissaire
Raj Dayal se joint à la force policière le 10 février 1971. Il a alors 22 ans, est affecté à la défunte ‘Riot Unit’et sera promu cinq mois plus tard au grade de ‘Cadet Inspector’. Muté à la Special Mobile Force (SMF) , il s’ inscrit à une formation militaire en Grande Bretagne. À son retour au pays en 1972, il est promu lieutenant.
Raj Dayal sera nommé, en juillet 1986, commandant de la SMF, devient asistant commissaire de police pour être promu le 19 septembre 1989, le no. 2 de la force policière. Il accède au poste de commissaire de police le 1er septembre 94, fonction qu’il assumera jusqu’au 23 novembre 1997 lorsqu’il est destitué de ses fonctions dans le sillage du rapport Sik Yuen. (Voir Hors Texte)
Sur le plan politique, Raj Dayal fait sensation aux législatives de septembre 2000 en tant que leader du MDN dans la circonscription no.10 (Montagne-Blanche/GRSE). Il prend la quatrième place avec 13 038 voix derrìère Racheed Daureeawoo, le troisième élu de l’alliance MSM-MMM. Mais à la partielle de Piton-Rivière du Rempart l’année dernière, il ne remporte que 516 voix terminant à la 10ème place.
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Sik Yuen épingle Dayal
La révocation de Raj Dayal fait suite au rapport d’un tribunal spécial qui l’épingle sous 11 des 15 chefs d’accusations de ‘Misbehaviour’. L’affaire remonte en effet à 1997, quand un dénommé Sewparsad Ramrachheya est arrêté pour une fraude douanière de Rs 25 millions. C’était en octobre 1997. La compagnie dudit Sewparsad Ramrachheya, National Business Agency (NBA), fait l’objet d’une enquête pour une fraude présumée sur des articles destinés à la police.
Un autre chef d’accusation pèse aussi sur Raj Dayal: celui d’avoir fait des faux témoignages dans l’affaire du procès-verbal fictif autour du projet d’installation du ‘Barracks Gate’. Toute cette affaire est toujours en cour et lors de sa dernière comparution jeudi dernier, Raj Dayal a demandé l’arrêt de son procès. L’affaire a été renvoyée au 7 juillet prochain.
Raj Dayal avait été suspendu de ses fonctions le 23 novembre 1997 par la Public & Disciplined Forces Service Commission’. Il sera révoqué comme commissaire de police en janvier 2000 par le président de la République sur les recommandations du tribunal Lallah pour mauvaise conduite.
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Deux journalistes arrêtés en 94
C’est le 20 octobre 1994 que Alain Gordon-Gentil et Harish Chundunsing sont arrêtés par les hommes de Raj Dayal. Ils sont accusés d’avoir publié un article ‘Le portrait d’un général manqué’, sur Raj Dayal dans le numéro anniversaire de l’hebdomadaire ‘Le Mag’. Ci-dessous trois questions à Alain Gordon Gentil.
Q : Dix ans plus tard, quelle réflexion faites-vous de votre arrestation ?
R : Cette arrestation, si l’on y réfléchit, répondait à une certaine logique. Quand on choisit de faire du journalisme d’investigation, il est évident que l’on devient, de facto, un gêneur. Et nous gênions Dayal. Il avait le pouvoir entre les mains, il en a usé. Nous avons toujours été conscient du risque. Dayal s’est toujours fait une idée très haute de sa personne et il ne pouvait supporter que l’on vienne questionner ses agissements. Mais nous avions vu déjà que cet homme pouvait représenter un risque pour la démocratie mauricienne. Les événements d’aujourd’hui montrent tant de choses…
Q : Dans quelle circonstance a eu lieu la publication ‘Portrait d’un général manqué’ dans ‘Le Mag’, où vous étiez rédacteur en chef ?
R : Lorsque nous avons publié l’enquête de Harish Chundunsing « portrait d’un général manqué » pour la première fois, rien ne s’est passé. C’est à sa deuxieme publication, lors de l’anniversaire de Le Mag, qu’il a déclenché les foudres de Dayal. Parce qu’entre temps il était devenu Commissaire de Police. Un soir alors que nous terminions le briefing, des policiers ont fait irruption dans la salle de rédaction, ont fouillé de fond en comble les bureaux et nous ont arrêtés Harish et moi, pour nous mettre en celulle au poste de police de Pope Hennessy. Le lendemain nous avons été transférés à Alcatraz avant d’être emmenés au tribunal.
Q: Avez vous été marqué par cette arrestation ?
R : Cette arrestation, même si elle aurait pu être traumatisante, ne l’a pas été vraiment pour moi. Elle a été pénible, difficile, mais j’ai toujours su quand nous avions commencé le Mag que ce genre de mésaventure était de l’ordre du possible. Le Mag ce n’était pas du journalisme de salon aux grandes envolées d’intellectuels cauteleux, c’était du hard news. Nous étions moins de dix et nous produisions trois enquêtes par semaine avec les moyens du bord, mais aussi avec une volonté et une énergie impressionnantes. C’était une équipe extraordinaire et je garde d’elle un souvenir ou se mêlent professionnalisme, rigueur et amitié. Je crois que les Mauriciens se rendent compte aujourd’hui, à la lumière des événements, à quoi le Mag s’était attaqué…
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Chetty “pé suive zaffer Dayal de près”
“Mo pé suive sa zaffer Dayal là. Guetter qui pou arrivé”, a déclaré Antoine Chetty à notre journaliste Nadine Bernard vendredi dernier lors d’une reconstitution des faits à Bassin Canard, à Réduit. Il avait révélé aux policiers y avoir jeté un revolver (Voir texte en page 6). Interrogé sur son sentiment suite à la libération d’Anju Lallah, Antoine Chetty déclare : “Mo content qui line sorti. Tous les zours li vine guette moi”.
Trois questions de Chady
Trois des interpellations du député Siddick Chady seront axées ce mardi sur l’affaire Deelchand. Il veut plus de détails sur les 131 cas d’appropriations frauduleuses rapportés à la ‘Land Fraud Squad’. Il s’intéresse également à la disparition de Farook Couronne et il veut également savoir quelles sont les 16 affaires référées au Parquet dans lesquelles Moonsamy Mooraghen, Antoine Chetty et Vinay Deelchand sont impliqués.
Samad Goolamally: “Chetty libère le pays ..”
“Antoine Chetty ne prend pas le pays en otage. Bien au contraire, il le libère de la mafia”, déclare Samad Goolamally, l’avocat d’Antoine Chetty. “Que l’on sache, ce ne sont pas des fantômes qui ont agressé Calou, ce ne sont pas fantômes qui ont planqué de la drogue chez Buglah et Nundlall, ce ne sont pas des fantômes qui ont volé les terrains des Mauriciens. La population tirera sa conclusion”, nous dit-il.
Rakjumar Lallah “avait des ecchymoses”
Rajkumar Lallah portait des traces de coups et avait des ecchymoses sur le corps.” C’est ce que nous a déclaré un de ses proches qui ajoute qu’“il n’y avait pas eu d’autopsie”.
Selon ce même proche, “Rajkumar Lallah n’approuvait pas la relation amoureuse de sa fille Anju avec Antoine Chetty”.
Notre interlocuteur ajoute que les membres de la famille Lallah avaient de la “pitié” pour Rajkumar peu de temps avant sa mort. Il soutient aussi que “Rajkumar Lallah était maltraité.” Rajkumar, dit-il, “avait même obtenu un ‘protection order’ de la Cour suprême contre sa fille Anju et Antoine Chetty et a déjà consigné une déposition contre eux au poste de police de Vacoas”.Interrogé, Yatin Varma, l’avocat d’Anju Lallah ne veut faire aucun commentaire.
Par Michaëlla Seblin et Christophe Karghoo