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Sans sa soeur, le petit Lurvin mourrait

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Lecka Neermaull, 10 ans, et son frère Lurvin, 18 mois, à qui elle a donné sa moelle osseuse pour le sauver.

Ses jours étaient comptés. Luxmun Rye, dit Lurvin, un an et demi, souffrait depuis sa naissance d’une maladie héréditaire rare qui risquait de lui être fatale à tout moment. En lui donnant une partie de sa moelle osseuse, sa soeur Lecka, 10 ans, lui a sauvé la vie.

Pour Lecka et Lurvin, c’est le début d’une grande aventure, celle d’un frère et d’une soeur qui n’ont jamais eu la chance de jouer ensemble. Lecka espère maintenant rattraper le temps perdu.

Poussées de fièvre, vomissements, infections, diarrhées et saignements du nez étaient le quotidien de Lurvin avant la transplantation de la moelle osseuse. Maintenant, c’est une petite boule d’énergie qui chante, danse, s’exprime en anglais - il a passé quatre mois en Inde pour ses soins - et amuse la galerie. “Je suis contente qu’il aille bien”, nous dit Lecka.

Une preuve d’amour, un cadeau pour son frère. Lecka est tout à fait consciente de son geste. Elle, qui avait perdu le sourire, l’a retrouvé. Elle ne veut pas revivre les moments pénibles de l’année 2000 lorsqu’elle a perdu Rajiv, son premier frère, décédé de la même maladie, le ‘Wiskott Aldrich’. Cette maladie affecte uniquement les enfants de sexe masculin et entraîne la baisse du nombre de plaquettes sanguines et affecte le système immunitaire.

“Je suis contente que Lurvin vive. J’ai un peu de moi en lui”, dit-elle.

Ses mots éclipsent sa petite taille. Elle parle avec assurance, garde toujours le sourire et dit “aimer la vie”. La vie, c’est ce qu’elle offre aujourd’hui à Lurvin qui, depuis son retour de l’Inde le 20 avril dernier, a rapporté avec lui le bonheur chez les Neermaull à Plaine des Roches. L’angoisse et la peur ont cédé la place à la joie, au bonheur.

Les quatre mois en Inde ont changé la vie de Lecka. Cela l’a transformée. Comme une grande, elle a des convictions : “À aucun moment je n’ai hésité. C’était pour le bien de mon frère et j’étais sûre que l’opération allait réussir”.

En Inde, selon son père, elle faisait montre de confiance, d’assurance et de détermination, elle qui, pourtant, a très peur de l’hôpital. Elle ne quittait jamais Lurvin. Son rôle de grande soeur, elle l’assumait jusqu’au bout. Elle veillait sur lui, le soutenait et l’assistait lors des séances de chimiothérapie.

Le calvaire de la famille Neermaull

Lors des moments passés dans les couloirs de l’hôpital en Inde, Lecka a montré l’image d’une petite fille forte, l’image d’une fille courage. Jusqu’au bout elle a tenu ferme pour Lurvin. Les seringues, les tubes et les scalpels ne l’ont pas impressionnée, encore moins effrayée. “J’ai fait une bonne action et j’en suis fière. Je n’ai pas eu mal”, nous dit-elle.

“Je ne sais pas où Lecka a trouvé le courage mais elle a tenu bon jusqu’au bout”, nous dit Gautham Neermaull, ouvrier à l’usine Novel Textile et qui est aujourd’hui un père heureux: “Que demander de plus? C’est une bénédiction du bon Dieu”.

Depuis sa naissance, Lurvin n’a jamais été un petit garçon comme les autres. Il n’a jamais eu la chance de jouir d’une bonne santé. Pour Gautham et Sangeeta, ce fut un vrai calvaire. Les deux vivaient dans la crainte de perdre leur fils, comme ils avaient perdu, trois ans plus tôt, leur petit Rajiv mort de la même maladie et que les médecins de Maurice n’avaient pu sauver. “Peut-être que Lecka aurait pu aussi sauver Rajiv”, s’interroge aujourd’hui Gautham. À l’époque, les médecins vers qui s’étaient tournés les Neermaull n’avaient pas envisagé de greffe et encore moins la possibilité que Lecka pût être une donneuse compatible pour sauver le petit Rajiv.

Séjours à l’hôpital, recours aux médecins du privé, fréquents voyages à l’île de la Réunion et quêtes publiques ont rythmé la vie du couple Neermaull. “On voulait à tout prix sauver notre fils et mettre toutes les chances de notre côté”, nous dit Sangeeta, la mère du petit. Le couple a retrouvé l’espoir en octobre dernier lorsqu’un médecin d’une clinique privée en Inde avait pris connaissance du dossier médical de leur fils à travers un confrère de l’île de la Réunion.

Ce médecin leur a alors parlé de la possibilité d’une greffe et suggéré que Lecka pourrait être la donneuse. Des examens furent alors effectués et les résultats se révélèrent concluants.

Sangeeta et Gautham Neermaull remuèrent alors ciel et terre pour réunir la somme de Rs 1 m - colossale pour eux - requise pour le déplacement en Inde et les frais de l’hôpital. “Nous remercions tous les Mauriciens et les firmes qui ont répondu présents à notre appel. Vous avez tous permis à sauver mon fils”, dit Gautham très ému. Lurvin doit encore se rendre en Inde tous les trois mois pour un suivi de son traitement. Pour l’instant, il doit faire très attention aux infections et porte un masque lorsqu’il sort.

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