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Flambée de prix et négociations collectives à l’agenda?

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Les négociations tripartites sur la compensation salariale débutent en mai, mais déjà les syndicats et les institutions du secteur privé préparent leurs propositions. Le ‘Mauritius Labour Congress’ (MLC) a déjà soumis son mémoire dans ce sens au ministère des Finances mercredi dernier. Jugdish Lollbeeharry, président du MLC, et Gérard Garrioch, président de la ‘Mauritius Employers Federation’, nous donnent leur avis sur cet exercice annuel.

Q: Qu’est-ce que la compensation salariale et à quoi aboutissent les négociations tripartites?

Gérard Garrioch: La compensation salariale est destinée à compenser la perte du pouvoir d’achat des Mauriciens causée par l’inflation pendant l’année écoulée. Le Bureau Central des Statistiques, dont personne ne remet en doute ses compétences et ses méthodes, annonce le taux d’inflation et les négociations tripartites autour de ce chiffre aboutissent à un certain pourcentage de compensation. Pendant les dernières années, le gouvernement a accordé une ‘full compensation’ à tous ceux au bas de l’échelle salariale et une compensation graduée, selon un barème précis, aux autres.

Jugdish Lollbeeharry: La compensation salariale est un exercice qui est effectué depuis sune trentaine d’années, suite à la visite d’un commissaire salarial britannique, M. Sedgwick, et vise à compenser toute perte de pouvoir d’achat. Tous les ans, le salaire des Mauriciens est réajusté par rapport au taux d’inflation. Cet exercice assure une stabilité dans le monde du travail et protège les personnes les plus défavorisées comme les veuves, les handicapés et les retraités. Durant les négociations tripartites qui précèdent la compensation, le patronat, les syndicats et le gouvernement font des propositions et discutent du montant à être alloué.

Q: À quoi devraient s’attendre les Mauriciens cette année suite à la flambée des prix de plusieurs articles?

Gérard Garrioch: Nous ne pouvons pas prédire la décision des autorités, ni préjuger du résultat des négociations tripartites, mais les chiffres qui circulent dans la presse font état d’un taux d’inflation de 3,6 à 3,8%. Il faut préciser que ce taux est calculé sur un panier de commodités défini par le Bureau Central des Statistiques et non sur tous les produits, parfois non-essentiels, qui ont pu connaître des augmentations ou des réductions.

Jugdish Lollbeeharry: Le Bureau Central des Statistiques a annoncé que le taux d’inflation est actuellement autour de 3,9%, mais avec la flambée des prix de plusieurs produits de base, nous prédisons qu’il sera aux environs de 5% à la fin de mai. Le MLC propose donc une compensation de Rs 600 pour ceux qui touchent jusqu’à Rs 10 000 et de Rs 350 pour les handicapés, les veuves et les retraités. Nous déplorons, par ailleurs, le fait que les travailleurs de la zone franche ne touchent pas de compensation et nous réitérons notre demande pour l’introduction d’un salaire minimal. Nous réclamons aussi qu’une ‘full compensation’ soit accordée à ceux qui touchent jusqu’à Rs 5000.

Q: Pravind Jugnauth présidera les négociations cette année alors que quand Paul Bérenger était ministre des Finances cette tâche avait été confiée au ministre Kushiram. Vos réactions?

Gérard Garrioch: Nous n’avons vraiment pas de problèmes que ce soit le ministre des Finances ou celui du Plan et du Développement Économique qui préside les débats. Nous faisons notre travail de manière responsable et essayons, dans la mesure du possible, de faire entendre notre point de vue.

Jugdish Lollbeeharry: Nous accueillons favorablement cette initiative de Pravind Jugnauth et tenons à souligner que Sushil Kushiram avait bien présidé le comité tripartite. Toutefois, nous pensons que la révision salariale relève de la responsabilité du ministre des Finances. Paul Bérenger avait abandonné cette pratique car son arrogance lors de la réunion de 2000 avait déclenché les foudres des syndicalistes.

Q: Le patronat se prononce en faveur de la négociation collective depuis quelques années. Qu’en est-il?

Gérard Garrioch: Le patronat est toujours en faveur de la ‘collective bargaining’ plutôt que de la formule qui réunit les partenaires une fois par an pendant deux ou trois heures! C’est largement insuffisant pour discuter de la politique salariale que nous devrions avoir pour la compétitivité de la Nation. Les entreprises et les secteurs sont différents les uns des autres et ont donc une capacité de payer différente. Ouvrons des négociations globales sur l’introduction de la ‘collective bargaining’ et tout le monde en sortira gagnant. Nous avons archi-répété depuis des années que le système actuel érode notre compétitivité, qu’il favorise l’inflation et l’érosion de notre monnaie. Nous avions prédit la fermeture d’usines et l’augmentation du chômage et on nous avait traités de prophètes de malheur : hélas, les faits nous donnent aujourd’hui raison.

Jugdish Lollbeeharry: Tous les ans, le patronat revient avec la même rengaine : il faut introduire la ‘collective bargaining’. Nous ne rejettons pas complètement cette pratique qui implique des négociations directement au sein de l’entreprise et qui sont supposées mener à une compensation dépendant de ses possibilités. Mais la négociation collective n’existe pas dans la loi et les quelques exercices de ce genre qui ont été faits n’ont pas marché, ni dans le public ni dans le privé. Le patronat réclame la ‘collective bargaining’ pour qu’il n’y ait plus de réunion nationale sur la révision salariale. Le comité national est la vraie instance où se déroule la ‘collective bargaining’ et valeur du jour il est irremplaçable.

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