• Il a été libéré sous caution après huit mois de détention préventive - Vishal Shibchurn : «Mo ena ankor bokou revelasion pour fer»
  • Le nouveau cabinet ministériel à la loupe - Kris Valaydon, observateur politique : «Le chantier est vaste pour le nouveau gouvernement...»
  • Des Junior Ministers «motivés»
  • Moi, ministre pour la première fois, je vais…
  • Au feu, les pompiers… sont enfin là !
  • Mare-Chicose en feu : le calvaire des villageois au bord de l'étouffement
  • 1ers Championnats d’Afrique d’air badminton : Maurice s’offre le bronze en équipe
  • Ruqayah B. Khayrattee met la femme en avant
  • Huawei Watch GT 5 Pro : du premium autour du poignet
  • Donald Trump, sa mission pour «sauver l’Amérique» et les «incertitudes»

La mauvaise interprétation des hommes mise en cause

debat.jpg

Rada Gungaloo et Raouf Jaddoo

La femme est-elle opprimée par la religion? : C’est la question qui était posée durant le séminaire organisé samedi dernier par SOS Femmes en marge de la Journée internationale de la Femme célébrée le lundi 8 mars. Pour répondre à cette question, nous avons sollicité l’intervention de Me Rada Gungaloo, présidente de SOS Femmes, ainsi que celle de Me Raouf Jaddoo, l’un des intervenants lors du séminaire.

Q. La femme est-elle, selon vous, opprimée par la religion?
Rada Gungaloo :
Oui. L’androcentrisme des religions - c’est-à-dire l’approche des religions du seul point de vue des hommes et d’après leurs interprétations et leurs règles - ne peut qu’être au détriment de la femme. La femme est exclue du sacerdoce, des rites importants, de certains lieux sacrés. Plusieurs de ces interdits sont liés à sa sexualité. Par exemple, une femme ne peut entrer dans certains lieux saints ni pratiquer certains rites religieux quand elle a ses règles ou quand elle vient d’accoucher.


Raouf Jaddoo : La religion n’opprime pas la femme. Elle crée, au contraire, un juste équilibre entre les droits de l’homme et ceux de la femme. Ce sont les hommes qui oppriment la femme en interprétant mal la religion. Dans le Saint Coran, par exemple, les versets suivants insistent que la femme soit traitée d’une façon juste et équitable : S.4:19-9(i) “‘Don’t inherit the (women) against their will’ (ii) Live with them on the basis of kindness and equity’ (iii) Treat them with justice and equity’” ; S.2- 228 : “And women have rights similar of men over them according to what is equitable’”.


Q. Pensez-vous que des lois telles que la ‘Muslim Personal Law’ asservissent les femmes?
Rada Gungaloo :
Je pense que la MPL viole le droit fondamental des femmes tel qu’il est garanti par la Constitution. C’est en contradiction avec le code civil de la famille qui garantit des droits égaux aux deux époux dans le mariage, le divorce, la garde des enfants et la succession. La MPL appliquée dans notre pays donnera lieu à des règles inégales dans plusieurs situations : (a) l’héritage où l’homme aura deux parts et la femme une seule, (b) le divorce où l’homme n’aura qu’à instituer le ‘talaack’ et où la femme devra, pour sa part, demander la permission à un juge et (c) la polygamie. Je voudrais faire ressortir que l’intellectuel musulman, Iqbal Ansari, a dit dans son livre ‘The Muslim situation in India’ : “Some of the provisions existing in the chariat laws are injust to women and are not in conformity with the islamic injunction and principles relating to divorce, maintenance and polygamy”.


Raouf Jaddoo : La MPL, inspirée par l’esprit du Saint Coran, ne permet pas l’asservissement de la femme. Le consentement de la fille est essentielle pour le mariage. La femme administre ses propres biens et l’époux doit lui donner ce dont elle a besoin même si elle travaille ou si elle est riche. Durant le ‘Nika’, l’époux doit donner le ‘Mahr’, une somme d’argent destinée à aider la femme, en cas de besoin. En cas de divorce, le mari doit donner une pension à la femme, dépendant de ses gains. Le mari peut répudier sa femme en donnant trois ‘talaacks’ mais il doit utiliser ce droit d’une manière responsable. Ce droit peut être enlevé s’il y a abus. D’ailleurs, le Maroc, la Malaisie, le Pakistan ont imposé un contrôle judiciaire strict sur le divorce ainsi que sur la polygamie qui ne doit pas être interprétée dans l’islam comme donnant un permis aux hommes pour satisfaire leur lubricité. La polygamie a été permise pour des raisons socioéconomiques. Le consentement de la femme est vital pour que son époux puisse prendre une autre épouse.


Q. Le christianisme, l’hindouisme et l’islam réservaient à l’origine une place d’honneur à la femme. Pourquoi tel n’est plus le cas?
Rada Gungaloo :
Les doctrines et textes religieux ont été adaptés et appliqués par des hommes  qui n’ont pas été tellement guidés par les principes d’égalité et de justice. La femme, dans certaines religions, est une source de main-d’oeuvre gratuite qui exerce diverses fonctions pastorales, administratives et caritatives et perpétue les rites et traditions mis en place par les hommes.


Raouf Jaddoo : C’est vrai que ce n’est plus vraiment le cas. C’est parce que les vraies valeurs religieuses ont été noyées par les coutumes et les traditions ancestrales desquelles l’homme puise son droit de garder la femme sous son joug.


Q. Quelles sont les conséquences de la victimisation de la femme par la religion?
Rada Gungaloo :
Elles portent un poids terrible, celui du pêché originel d’Eve, encore une mauvaise interprétation de la Bible. Par ailleurs, dans toutes les religions, on montre la femme faible et soumise ou tentatrice. Seule la religion hindoue montre des femmes fortes à l’instar de Kalee. Toutes les femmes ont donc été conditionnées pour se sentir impures, pêcheresses, incapables.


Raouf Jaddoo : Si la femme, à travers l’épouse, la fille, la mère, est victimisée, si elle n’est pas heureuse, alors comment l’époux, le frère, le père pourront -ils être heureux de leur côté? Le bonheur de l’homme dépend de celui de la femme et quand cette dernière est malheureuse, c’est l’humanité entière qui en souffre.


Q. Que faire pour que cet état de choses change?
Rada Gungaloo :
Heureusement, cet état de choses est déjà en train de changer, surtout dans la religion catholique. Un mouvement de théologiennes fait une relecture et une réinterprétation de la Bible pour donner une place plus digne à la femme dans la religion.


Raouf Jaddoo : Pour changer cela, il faut absolument passer par l’éducation de l’homme et de la femme afin de rétablir les vraies valeurs religieuses et trouver le juste équilibre entre le droit de l’homme et celui de la femme. Il faut libérer la religion des coutumes et traditions barbares.

Archive: