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Corinne, 25 ans, meurt en revenant de l’hôpital

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Germaine Fabre est complètement anéantie après le décès de sa fille unique.

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Gino, le frère de Corinne, est décédé il y a six ans. Sa mère soupçonne qu’il est mort suite à une négligence médicale.

Cette jeune femme a connu une fin des plus «révoltantes», selon ses proches. Après une consultation à l’hôpital pour des douleurs au niveau de l’estomac, elle a été autorisée à rentrer chez elle. Mais elle est décédée alors même qu’elle était en route pour son domicile. Sa mère, qui a perdu un fils il y a six ans dans des circonstances quelque peu similaires, et son époux crient à la négligence médicale. Le ministère de la Santé a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette affaire.

Elle était une jeune femme comblée et heureuse… Elle respirait la joie de vivre aux côtés de son mari Dario, qu’elle a épousé il y a quatre ans. Ensemble, ils voyaient l’avenir en grand et avait des projets plein la tête. D’ailleurs, Corinne, femme au foyer, s’affairait, il y a quelques jours, à la nouvelle déco d’intérieur de sa maison située à Dagotière, en vue des fêtes de fin d’année qui approchent à grands pas. Mais tous ses rêves ont volé en éclats le samedi 10 novembre. Ils se sont écroulés tel un château de cartes qui s’effondre. Corinne Satinaden, 25 ans, est décédée ce jour-là.

L’autopsie pratiquée quelques heures après sa mort, a révélé qu’une de ses artères coronaires (artère du cœur) était bouchée par une boule de graisse. De ce fait, la circulation sanguine vers le cœur de la victime ne pouvait se faire correctement, l’empêchant ainsi de respirer normalement. Pourtant, avant de succomber, Corinne avait été examinée par trois médecins ; l’un au dispensaire d’Helvétia et deux autres à l’hôpital Jeetoo. Concluant qu’elle souffrait d’une gastrite, un des médecins de l’hôpital l’a renvoyée chez elle après consultation. Mais Corinne est décédée alors qu’elle était en route vers son domicile. Ses proches, anéantis de douleur et complètement révoltés, dénoncent ce décès «révoltant» et crient à la négligence médicale.

Dario, les yeux rougis et gonflés d’avoir trop pleuré, n’arrive pas à comprendre comment sa femme a pu mourir de cette manière. En quête de vérité, il a déposé une lettre au ministère de la Santé pour demander des explications sur cette mort qu’il juge suspecte. Le jeune veuf revient difficilement sur les circonstances de la mort de son épouse. «Elle se plaignait de douleurs à l’estomac depuis vendredi soir. Elle pensait qu’elle avait des gaz. Je lui ai préparé une tasse de lait. Puis, elle s’est endormie. Mais le lendemain matin, elle allait toujours aussi mal. Je l’ai conduite au dispensaire d’Helvétia. Le médecin l’a examinée et lui a fait une injection. Puis il m’a conseillé de la conduire immédiatement à l’hôpital Jeetoo. Une fois là-bas, on lui a fait passer un électrocardiogramme, un test sanguin, entre autres. Le médecin lui a ensuite administré un sérum intraveineux pendant deux heures. Puis, elle a été vue une nouvelle fois par un autre médecin qui a conclu qu’elle souffrait d’une gastrite. Il lui a prescrit des médicaments et l’a autorisée à rentrer à la maison», explique Dario d’une voix brisée par le chagrin.

«Le pire s’était produit»

Mais le pire devait venir pour ce couple qui filait le grand amour. En une fraction de seconde, Dario a vu son monde s’écrouler. «En route pour la maison, ma femme a appelé sa mère. Corinne voulait qu’elle vienne chez nous pour l’aider à récupérer quelques affaires car elle devait ensuite se rendre chez elle à Montagne-Ory pour se reposer. Alors qu’on se dirigeait vers Dagotière après avoir récupéré sa mère, j’ai eu un appel de la police qui me demandait de venir payer une amende que j’avais oubliée de régler. Le délai était justement ce samedi 10 novembre. J’ai dû m’arrêter à la station de police de St-Pierre pour faire le nécessaire. Mais le pire s’était produit entre-temps», confie le jeune homme, qui n’arrive pas à contenir ses émotions.

Germaine Fabre, la mère de Corinne, est elle aussi inconsolable depuis ce décès tragique. Elle se souviendra toute sa vie des dernières minutes de celle qui était à la fois sa fille unique et sa meilleure amie, et qui est décédée dans ses bras. «Lorsque mon gendre s’est rendu au poste de police, Corinne s’est réfugiée dans mes bras en me disant à quel point elle allait mal, qu’elle n’arrivait pas à respirer. Je l’ai serrée dans mes bras et elle avait la tête posée sur mon épaule. À un moment, elle s’est en quelque sorte débattue avant de pousser un soupir. Je croyais qu’elle s’était évanouie. Mais plus tard, j’ai réalisé que c’était à ce moment-là qu’elle nous avait quittés pour toujours», pleure Germaine.

Elle s’arrête, reprend son souffle et continue péniblement son poignant récit : «Entre-temps son époux est revenu. Tout s’est passé très vite. Nous nous sommes arrêtés chez un médecin du privé à St-Pierre qui a vérifié son pouls. Celui-ci nous a dit de l’emmener directement à l’hôpital. Mais comme nous revenions de l’hôpital et que là-bas on l’avait renvoyée à la maison, nous l’avons conduite à la Clinique Mauricienne où, malheureusement, son décès a été constaté.»

Cette nouvelle disparition est une épreuve de trop pour cette mère de six enfants – une fille et cinq garçons. Sa fille s’en est allée dans de terribles circonstances alors même qu’elle vivait un sixième triste anniversaire, celui du décès de son fils Gino Fabre, alors âgé de 27 ans, le 8 novembre 2006. D’ailleurs, la famille Fabre nous a fait parvenir un beau texte pour notre page hommage (voir en page 68) en mémoire de celui qu’elle regrette toujours amèrement. Perdre deux enfants en six ans, voilà un terrible coup du destin que Germaine a beaucoup de mal à encaisser.

D’autant qu’elle est persuadée que Gino est également mort d’une négligence médicale, bien qu’elle n’ait jamais entamé de démarches pour confirmer la chose. «Gino avait une maladie rénale et était sous dialyse. Un jour, alors qu’il était à l’hôpital de Candos pour sa séance de dialyse, un infirmier lui a sectionné une veine par erreur. Par la suite, on lui faisait des pansements régulièrement pour que la blessure guérisse. Mais celle-ci s’est transformée en infection puis en gangrène. Je n’ai jamais porté plainte au ministère de la Santé. C’est pour cela que je ne veux pas rester tranquille maintenant, après ce qui est arrivé à ma fille. Trop c’est trop. On m’a arraché mes deux enfants», lâche Germaine, en larmes.

Et dire qu’il y a quelques jours, sa fille et elle faisaient le tour des magasins d’ameublements et pensaient déjà aux préparatifs de Noël. «La construction du deuxième étage de sa maison vient de s’achever. Le mardi précédant sa mort, je l’ai accompagnée au magasin pour choisir son set de sofas. Elle avait déjà acheté les rideaux et autres objets de décoration», se souvient Germaine.

Hélas, Corinne ne pourra pas profiter de cette nouvelle maison qu’elle voulait décorer à son goût. Plongé dans une profonde douleur, Dario, quant à lui, ne cesse de penser à tous les projets qu’il espérait réaliser avec sa femme. Sa vie n’est désormais que tristesse. «On projetait d’avoir un enfant l’année prochaine. Puis, on voulait visiter La Réunion et les Seychelles. C’était les deux destinations que nous voulions découvrir après avoir été une fois à Rodrigues. Ce qui lui est arrivé est plus que révoltant», se lamente Dario.

Ex-élève du collège Nelson à St-Pierre, Corinne Satinaden voulait faire carrière dans la coiffure. D’ailleurs, c’était une de ses plus grandes passions. «Elle s’était inscrite à un cours au Marion Hair Club. Elle venait de souffler ses 25 bougies le 2 octobre et nous allions fêter nos quatre ans de mariage le 19 décembre», poursuit Dario. Entre tristesse et colère, il envisage difficilement son avenir sans sa bien-aimée. Maintenant, il ne souhaite qu’une chose : que la vérité triomphe et que justice soit faite.

Le directeur de l’hôpital Jeetoo :

«J’ai demandé aux médecins concernés de me soumettre un rapport. »

Une enquête a été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances exactes de la mort de Corinne Satinaden. C’est ce que nous a confirmé le Dr Ramen, Regional Health Director de l’hôpital Jeetoo. «J’ai demandé aux trois médecins qui ont examiné Corinne Satinaden de me soumettre un rapport ce lundi 19 novembre. Il s’agit d’un médecin du dispensaire d’Helvétia, qui a vu la patiente en premier ,et de deux médecins de l’hôpital Jeetoo», explique le Dr Ramen. Il avance qu’une fois qu’il aura les rapports entre les mains, il l’enverra au ministère de la Santé pour un full-fledge inquiry. «Le dossier de la patiente est en ma possession et ce, pour éviter que quelqu’un d’autre y ait accès. J’ai pris cette mesure pour éviter qu’on essaie de falsifier le document en modifiant certaines informations», précise le Regional Health Director.

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