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Les pêcheurs rescapés reprendront la mer bientôt

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Clifford Lascarie et Atlas Catley

Joie et émotion étaient présentes lors des retrouvailles, jeudi dernier au Quai D, de Clifford Lascarie et Atlas Catley et leurs proches.

Ces deux pêcheurs de Raphäel Fishing Co. Ltd avaient été portés disparus le jeudi 22 janvier dernier; ils ont pu regagner l’île Raphaël après avoir dérivé cinq jours durant en mer. Bien qu’ils aient “frôlé la mort de près”, disent ces deux pères de famille, ils comptent reprendre la mer et continuer à exercer leur métier de pêcheur.

La scène est plus qu’attendrissante. Tandis que le bateau ‘La Dérive’ (quel nom!) accoste le quai D, Anne-Marie Catley et Pamela Lascarie, les épouses (elles sont soeurs), bouquets de fleurs en main, affichent leur plus beau sourire pour accueillir leurs maris respectifs, Jean Atlas Catley, 41 ans, et Clifford Lascarie, 36 ans. D’un ton humoristique, Anne-Marie lance à ses proches : “Coma dir pé alle accueillir Rambo are sa bouquet fleur là”. À côté des épouses se trouvent Sylvio Michel, le ministre de la Pêche, Aimé Lamarque du ‘Fisheries Welfare Fund’ et le député Anwar Oomar. Il est alors 9h25.

Contrairement aux autres proches venus, dans le passé, rencontrer les pêcheurs rescapés, Anne-Marie et Pamela ont été autorisées à franchir le cordon de police, mis en place pour empêcher que tout le monde ne se précipite sur les deux hommes à leur descente du bateau. Pendant ce temps, le petit Steward, 12 ans, fils d’Atlas, essaie de se frayer un passage entre les adultes pour voir son père. Il interrompt ses efforts un court instant pour regarder sa cousine de 6 ans, Clivy (fille de Clifford Lascarie), qui pleure, avant de se faufiler à nouveau dans la foule.


À peine Atlas Catley a-t-il franchi le cordon de police qu’il est assailli par les journalistes et les photographes. Steward s’impatiente alors. Mais lorsque la foule autour de son père se disperse, il ne peut plus résister, il se précipite vers lui et l’étreint de ses petites mains. Devant ce témoignage d’affection et de tendresse, Atlas Catley, de forte corpulence, se départ de son air d’homme dur et pleure. Très vite, ses deux autres enfants, Clémentine, 15 ans, et Arlène, 10 ans, rejoignent Steward dans les bras de leur père. Entre-temps, Clifford Lascarie, le beau-frère d’Atlas, d’un air décontracté, raconte le drame que les deux ont vécu et leur lutte pour survivre. Nous y reviendrons.

La mer, une passion commune
Les cinq jours passés à la dérive n’ont pas suffi à décourager les deux hommes; ils reprendront la mer bientôt. D’ailleurs, après-demain, Atlas Catley, qui a eu l’épaule gauche disloquée à force d’avoir ramé pour rejoindre la terre, remontera à bord d’un bateau de pêche de Raphaël Fishing Co. Ltd qui le ramènera à l’île de St Brandon. De là, il bravera cette mer aux multiples dangers afin de gagner sa vie pour nourrir sa famille. Le voeu de Steward de voir son père abandonner le métier de pêcheur ne se réalisera pas. “Je veux que mon père ne reparte plus en mer pour pêcher. Nous avons tellement peur de ne plus le revoir”, confie-t-il. Mais Atlas Catley ne compte pas prendre sa retraite de si tôt :“Que voulez-vous que je fasse? Le métier que je connais, c’est celui de pêcheur. Mardi, je retourne à St Brandon pour reprendre mon travail”. L’épouse de celui-ci ne peut qu’esquisser un sourire devant cette remarque : “Il adore la mer. Il adore son métier. Je ne pourrai pas l’empêcher de reprendre la mer. Ce qu’il aime tant dans ce boulot , c’est la tranquillité qui règne sur l’île de St Brandon”. Quelques minutes avant l’accostage du bateau ‘La Dérive’, Pamela Lascarie avait confié à ‘5-plus dimanche’ que plus jamais elle ne laisserait son époux aller pêcher :“Non, je ne veux plus qu’il continue son métier de pêcheur, je suis passée par des moments difficiles durant les cinq jours de sa disparition et je ne veux pas revivre ce cauchemar”. Clifford Lascarie, lui, n’en démord pas. Pas question pour lui de renouer avec son ancien métier de poseur de carreaux ni, non plus, avec celui de maçon. Il reprendra la mer bientôt. Mais, pas tout de suite : “Je préfère attendre environ deux semaines, prendre quelques repères après une expérience de la sorte. Ensuite, je vais retourner sur l’île”.

Dieu, leur force

À aucun moment, racontent les deux pêcheurs rescapés, ils n’ont perdu espoir de revoir la terre ferme. “J’ai mis toute ma confiance en Dieu alors que notre bateau allait à la dérive. Je n’ai pensé qu’à lui car je sais que mon Dieu ne m’abandonnera jamais. La preuve, je suis là aujourd’hui entouré de mes proches”, confie Atlas Catley qui est un pêcheur chevronné, ayant dix-huit années d’expérience dans le métier. Et Clifford Lascarie de poursuivre : “Dieu nous a aidés à nous en sortir”. Atlas Catley n’est pas à son premier incident en mer. Il y a quelques années de cela, il ne se rappelle plus la date exacte - à cause de l’émotion des retrouvailles -, il avait perdu son collègue au cours d’une sortie sur les bancs. “La pirogue avait coulé et mon ami mourut noyé. J’avais pu m’en sortir sain et sauf. Je n’ai pas paniqué au cours des cinq jours de dérive parce que je m’étais dit qu’il me fallait garder mon calme”, explique-t-il.
Depuis juillet de l’année dernière, Clifford Lascarie, qui venait d’être embauché par la compagnie Raphaël Fishing Co. Ltd, et son beau-frère, Atlas Catley, ont quitté Maurice pour une campagne de pêche au large de l’île de St Brandon où ils résident le temps de la campagne. “D’habitude, mon époux part pour six mois mais cette fois-ci, la campagne de pêche allait être plus longue: une année entière. S’il n’y avait pas eu cet incident, ils seraient rentrés en août de cette année”, déclare Anne-Marie.

L’eau de pluie et du poisson
Ainsi, à bord de la pirogue en fibre de verre immatriculée N 537-AF 78, les deux hommes quittèrent l’île de St Brandon à 03h00 le jeudi 22 janvier dernier pour une sortie de pêche sur les bancs. La pirogue était équipée d’un moteur de 40 chevaux. Au soleil couchant, contrairement à leur habitude, les deux pêcheurs n’étaient pas rentrés. L’alerte fut donnée par Stéphan Durain, l’administrateur de Raphaël Fishing Co. Ltd à 20h00. Que s’est-il passé pour les deux beaux-frères? “Il pleuvait abondamment ce jour-là. La visibilité était quasi nulle avec ce mauvais temps. Quand nous avons voulu mettre le moteur en marche pour regagner l’île, nous avons réalisé que l’eau de pluie s’était infiltrée dans l’essence. Le bateau a commencé à dériver au gré de la houle. Nous avons jeté l’ancre mais le courant était trop fort. Notre plus grosse frayeur était que la pirogue chavirait et que nous n’arrivions pas nager”, raconte Atlas Catley.


Commencent alors pour Clifford Lascarie, père de six enfants, et Atlas Catley cinq jours de cauchemar. “Pendant ces cinq jours, la pluie n’a pas cessé de tomber. Pour survivre pendant tout ce temps, nous avons profité des accalmies pour mettre à sécher du poisson cru que nous avons ensuite mangé. Pour boire, nous prenions l’eau de pluie. Ce n’était pas facile mais c’était le seul moyen de se nourrir”, explique Clifford Lascarie. À un certain moment, l’espoir d’être secouru par les officiers de la ‘National Coast Guard’ était revenu. “À un certain moment, nous avons aperçu deux bateaux et un avion (Le Dornier). Nous avons fait des signaux avec nos mains mais ils étaient trop loin et ceux qui étaient à notre recherche ne nous ont pas repérés”, relate Catley qui habite à Cap Malheureux. Outre leur matériel de pêche, les deux hommes, avant d’embarquer sur la pirogue, avait pris leurs gilets de sauvetage ainsi que des fusées de détresse: “Malheureusement, ils étaient trop loin. Même si nous avions lancé des fusées, ils n’auraient rien vu”. Cependant, Atlas Catley critique le déroulement des recherches en vue de les retrouver : “Si les gardes-côtes avaient bien coordonné les recherches, ils nous auraient retrouvés plus tôt”.


C’est grâce aux oiseaux que les deux pêcheurs rescapés ont regagné la terre ferme. “Vu mon expérience dans le métier, je me suis fié au mouvement des oiseaux qui vont se nourrir sur les bancs pour ensuite regagner les îles. J’ai aussi observé le coucher et le lever du soleil pour définir ma direction. Ce qui nous a le plus aidés, c’est la direction du vent, il soufflait dans la direction que nous ramions. C’est ainsi que nous avons accosté l’île Raphaël où un pêcheur de la compagnie où je travaille m’a repéré. Il a immédiatement appelé les secours”, poursuit-il.

Le ministre de la Pêche prévoit d’amender
la ‘Fisheries Act’ de 1997
Les épreuves endurées par Clifford Lascarie et Atlas Catley ont interpellé le ministre de la Pêche, Sylvio Michel. D’ailleurs, jeudi dernier sur le Quai D, en attendant l’arrivée de deux hommes, il disait à Alain Langlois, directeur de Raphaël Fishing Co. Ltd : “Cela fait la deuxième fois qui malheur retrappe ou encore. Après disparition des pêcheurs Darga et Boudeuse (qui ont été secourus, voir hors-texte plus loin), c’est au tour de Lascarie et d’Atlas”. Pour éviter qu’un autre cas de disparition ne vienne s’ajouter à cette liste, le ministre a prévu d’amender la ‘Fisheries Act de 1997. “Nous allons travailler ensemble au ministère pour réglementer davantage les activités des pêcheurs artisanaux en rendant obligatoire le port du gilet de sauvetage. En outre, la pirogue du pêcheur devra être équipée d’un radar, de signaux lumineux, d’une bouée et d’une réserve d’eau. Ce nouveau règlement s’appliquera à tous les pêcheurs”, dit-il. Interrogé, Alain Langlois dit accueillir favorablement cette nouvelle : “C’est une bonne chose étant donné que ces règlements ne sont pas prévus dans loi”. Soulignons qu’en l’an 2001, le ministère de la Pêche avait distribué des gilets de sauvetage. En 2002, l’opération fut renouvelée avec les pêcheurs côtiers qui sont enregistrés. Ils avaient reçu également des radars réflecteurs. Le coût de la distribution s’élevait à Rs 5 millions.

Disparitions en mer
Ces cas qui ont fait la une il y a deux ans
Le cas d’une double disparition, en avril 2002, qui avait tenu en haleine bon nombre de Mauriciens fut bien celui des pêcheurs Francis Allas et Nasser Lallmamode. Ces derniers avaient dérivé pendant vingt jours avant d’être sauvés par les autorités françaises au large de Madagascar. Si Nasser Lallmamode avait pu regagner le toit familial après avoir transité par l’île de La Réunion, son compagnon avait dû être hospitalisé à l’île soeur en raison d’un ulcère. Puis, ce fut au tour de Jean-François Darga et de Gaëtan Boudeuse. Ces derniers, gendre et beau-père, étaient employés comme pêcheurs chez Raphaël Fishing Co. Ltd. Après dix jours de dérive suite à une panne d’essence, ils avaient été retrouvés au large de St Brandon par le ‘Dornier’. Ils avaient été portés officiellement disparus le 21 janvier 2003. Si pour certains, il y a eu des dénouements heureux, tel ne fut pas le cas pour les familles Gustave et Bellepeau de Grand-Baie. En effet, Stellio Gustave, 51 ans, et Laval Bellepeau, 41 ans, avaient quitté leur domicile le dimanche 8 juillet 2003 pour une partie de pêche. Ils devaient rentrer le lendemain matin, mais ils ne sont jamais retournés. Les recherches entreprises pour les retrouver furent vaines. Stellio Gustave était le quatrième membre de sa famille à disparaître en mer

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