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Babynaz, 21 ans, meurt après son accouchement

Babynaz, enceinte de six mois, préparait l’arrivée de son premier enfant avec bonheur.

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Alsaad Samcooaree, l’époux de la défunte, est abasourdi de chagrin.

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Zeid Issamdar et les siens sont révoltés par les circonstances du décès de la jeune femme.

Marié en février 2012, ce jeune couple s’apprêtait à vivre un deuxième heureux événement : la naissance de son premier enfant, prévue pour janvier prochain. Hélas, son bonheur s’est transformé en tragédie car la jeune femme a rendu l’âme quelques jours après avoir accouché d’un bébé mort-né à l’hôpital de Candos. Son époux Alsaad, effondré, est convaincu qu’elle a été victime d’une négligence médicale et crie au scandale. Une histoire qui rappelle celle de Christelle Diémahave et de son nourrisson morts à une semaine d’intervalle à Candos, toujours.

Les histoires tristes se suivent et se ressemblent, parfois étrangement. La semaine dernière, nous relations l’histoire d’une jeune habitante de Vacoas, Christelle Diémahave, 19 ans, morte quelques heures après avoir mis un fils au monde, à l’hôpital de Candos, le 1er octobre. Un fils qui lui a survécu d’une semaine - il est décédé le 10 octobre. Durant la semaine écoulée, un drame plus ou moins semblable a frappé une autre famille de la région de Vacoas, à Camp-Mapou, Henrietta, plus précisément. Celle de Babynaz Issamdar, 21 ans, morte jeudi, quelques jours après avoir accouché d’un bébé mort-né à l’hôpital de Candos. Pour les proches de la jeune femme, c’est une négligence qui serait la cause de ce double décès (voir la réaction des autorités en hors-texte)

Colère, révolte, tristesse, incompréhension… Les mots, plus sombres les uns que les autres, ne manquent pas pour décrire l’état d’esprit des familles Issamdar et Samcooaree, complètement abattues et scandalisées par la disparition aussi soudaine que tragique de Babynaz et du bébé que son époux Alsaad, 24 ans, et elle attendaient tant et qui devait se prénommer Zubeir. Pourtant, il y a quelques jours, les proches de la jeune femme étaient tout à leur bonheur d’accueillir bientôt un nouveau venu dans la famille.

La naissance du bébé était prévue pour le 8 janvier prochain, mais déjà, ils préparaient avec joie cet heureux événement. Mais fin septembre, le rêve a commencé à virer au cauchemar. Le 26 septembre, Babynaz est admise une première fois à l’hôpital de Candos. «Elle n’arrêtait pas de vomir ce jour-là. Elle n’arrivait plus à manger. Elle est rentrée à la maison trois jours plus tard mais elle n’arrêtait pas de rejeter.»

Ce jour-là, Zeid Issamdar, le père de Babynaz, décide d’emmener celle-ci consulter un gynécologue du privé. «Mo pa ti truv li bien», confie-t-il, les yeux voilés par une immense peine.

Le médecin en question leur assurera que l’enfant se porte bien, que Babynaz, enceinte de six mois, va accoucher d’un garçon et que ce dernier fait 24 cm. Il lui a ensuite prescrit des médicaments contre le vomissement.

Rassurée, la petite famille rentre chez elle. Toutefois, durant le week-end, l’état de santé de la jeune femme se détériore davantage. Son époux Alsaad l’emmène alors chez un généraliste, le lundi 1er octobre. «Son estomac ne contenait rien», souligne le jeune homme les larmes aux yeux. Le médecin leur aurait alors fait comprendre que les médicaments prescrits par le gynécologue étaient appropriés au cas de Babynaz et que c’était chose courante chez certaines femmes de vomir à ce stade si elles n’avaient pas vomi au début de leur grossesse, comme elle.
Quelque chose d’anormal

Deux jours plus tard, lorsque Lailee, la mère de la jeune femme touche le ventre de sa fille, elle pressent qu’il y a quelque chose d’anormal. Elle en parlera à sa belle-sœur Nazia qui s’en souvient encore. «Lailee m’a dit que quelque chose l’intriguait mais n’a pu me dire quoi. Nous avons alors emmené Babynaz à l’hôpital où elle a été admise d’urgence dans la salle réservée aux femmes qui vont accoucher. Sur place, un médecin nous a expliqué que Babynaz vomissait à cause de sa grossesse. Elle a été autorisée à rentrer à la maison le lundi 8 octobre», relate Nazia.

Mais les vomissements n’arrêtent toujours pas. Dans la soirée, Alsaad et Zeid conduisent Babynaz à une clinique du privé. Sur place, celle-ci est examinée par un gynécologue qui leur fait comprendre que la jeune femme souffre d’une inflammation à l’estomac car elle a trop vomi. Le médecin les informe aussi que le bébé fait seulement 800 grammes alors qu’il doit faire 1 kg à ce stade. «Il n’aurait pas grossi parce que m’a femme n’arrêtait pas de vomir», confie Alsaad.

Le gynécologue ordonne alors l’admission de Babynaz mais cette dernière insiste pour rentrer chez elle. Mais le lendemain, vers 13 heures, elle constate, en allant aux toilettes, qu’elle saigne. Peu après, elle sera admise d’urgence au Labour Ward de l’hôpital de Candos. «Un gynécologue l’a examinée et nous a dit que son état de santé était inquiétant. Mais il devait nous annoncer une nouvelle bien plus grave, que le cœur de notre bébé avait cessé de battre. Il nous a aussi dit qu’il allait devoir provoquer l’accouchement et prescrire des comprimés dans ce sens à Babynaz», raconte Alsaad, en secouant la tête tristement.

En apprenant cette triste nouvelle, ses proches et lui sont sous le choc. Ils ne comprennent pas comment cela a pu se produire et pourquoi le médecin de service au dispensaire de Glen-Park n’a rien trouvé d’anormal lors des deux dernières consultations pré-grossesse de Babynaz. À 19 heures, lorsque les proches de la jeune femme quittent l’hôpital, celle-ci n’a toujours pas accouché. La mauvaise nouvelle tombe 30 minutes plus tard. La jeune femme a accouché de son bébé mort-né. Les funérailles du nourrisson ont lieu dans la soirée même au cimetière d’Henrietta.

Alsaad, qui attendait impatiemment la venue de son premier enfant, a l’impression que son monde s’écroule. Mais il doit tenir le coup pour son épouse qui vit elle aussi le cauchemar de sa vie. La jeune femme est complètement anéantie d’avoir perdu son bébé. «Elle n’arrêtait pas de crier et de pleurer lorsque nous lui avons rendu visite le lendemain. Le médecin lui avait déjà dit que son bébé était décédé. Elle a voulu savoir où se trouvait sa mère Lailee, avant de recommencer à vomir. Nous sommes allés voir le personnel soignant pour avoir des explications. Une infirmière nous a dit que c’était normal en raison de ses hormones de grossesse», raconte sa tante Nazia.

Selon notre interlocutrice, un médecin lui aurait dit que Babynaz allait être conduite à l’hôpital psychiatrique si elle n’arrêtait pas de pleurer. «Je me demande s’il s’est mis à la place de ma nièce. Elle venait de se marier et attendait son premier enfant. Tout s’est écroulé pour elle à la mort de son bébé. Comment l’empêcher de pleurer la mort de son enfant ? L’attitude de ce médecin est inacceptable !», lance Nazia, scandalisée.

D’autant qu’après l’accouchement, l’état de santé de la jeune femme ne s’est pas amélioré, à en croire son père Zeid : «Elle continuait à vomir. On a demandé à un médecin du privé de venir l’examiner le 12 octobre. Il nous a dit que Babynaz allait de mal en pis, avant d’aller voir le surintendant de l’hôpital. La veille, j’avais demandé à un médecin généraliste de procéder à un x-ray de ma fille. Il a renvoyé la balle à un gynécologue. Ce n’est qu’après l’intervention du médecin du privé que ma fille a été soumise à une radiographie.»

Une hernie aux poumons

La suite ne sera pas, selon Alsaad, de tout repos : «Un jeune médecin nous a d’abord dit que ma femme avait de l’eau dans les poumons. Son chef nous a, lui, affirmé que le film de la radiographie n’était pas bon. Babynaz a fait deux autres x-rays avant d’être transférée en salle. Un médecin a demandé à mon beau-père si ma femme souffrait de problèmes respiratoires. Ce dernier lui a répondu qu’elle avait été opérée lorsqu’elle avait huit mois car elle avait un trou aux poumons et qu’elle n’avait pas eu de séquelles. Peu après, le médecin nous a dit que ma femme avait une hernie aux poumons, qu’elle vomissait car ses tripes étaient collées et qu’il fallait l’opérer au plus vite».

Mais avant l’opération, Babynaz devait absolument reprendre des forces. Pour ce faire, le médecin demande au personnel médical de la mettre sous double perfusion et sous respiration artificielle, en ce vendredi 12 octobre. Selon Zeid, sa fille devait se faire opérer le jeudi 18 octobre si elle arrêtait de vomir d’ici là. Mais la veille de l’intervention chirurgicale, Babynaz téléphone à son père pour lui demander de la ramener à la maison contre avis médical car elle n’arrivait plus à dormir. «Mon épouse a dû rester à ses côtés à l’hôpital jusqu’à 22 heures ce jour-là avant de rentrer à la maison. Le personnel médical avait fait une injection à Babynaz pour lui permettre de dormir», confie Zeid.

Le lendemain, le malheur devait frapper à sa porte, une seconde fois en quelques jours. «Dans la matinée, nous avons rencontré le médecin de ma fille qui nous a affirmé qu’il allait l’opérer un peu plus tard à cause de ses tripes qui étaient collées. Babynaz avait deux perfusions ; une à chaque bras. Un fait nous a marqué ce jour-là : elle n’avait pas vomi. Toutefois, elle n’avait pas la forme pendant les heures de visite dans l’après-midi. Elle tremblait et transpirait beaucoup. Le médecin qui est venu l’examiner l’a mise sous respiration artificielle. Un autre médecin l’a vue vers 19h30 et nous a dit qu’elle manquait de sel ; que son état de santé était préoccupant et qu’il fallait faire d’autres examens. Nous sommes tous rentrés à la maison vers 20 heures lorsque son état s’est un peu amélioré. Elle s’était endormie», relate Zeid, complètement abattu et révolté.

Peu après, ses proches et lui reçoivent un appel urgent de l’hôpital leur demandant de revenir sur le champ à Candos. Lorsqu’ils arrivent sur place, Babynaz est en train d’être conduite à l’unité des soins intensifs sur une civière. «Un médecin nous a dit que son état s’était détérioré et qu’il fallait l’opérer dans moins de deux heures, qu’au cas contraire elle allait mourir. La raison officielle, c’est qu’elle avait une hernie près de son coeur; ce qui aurait fait décaler cet organe de sa place habituelle. Un autre médecin nous a dit que le coeur de ma fille avait cessé de battre ; qu’on a dû lui faire subir un électrochoc à dix reprises pour permettre à son coeur de battre de nouveau», souligne Zeid.

Babynaz est entrée sans la salle d’opération à 22 heures. Une heure plus tard, c’est le coup de massue. Le médecin apprend à la famille que le coeur de la jeune femme a flanché sur la table d’opération. Anéanti par le chagrin, Zeid consignera une déposition au poste de l’hôpital de Candos peu après pour décrier ce qu’il appelle une négligence médicale. Son beau-père envisage de rencontrer le responsable de l’hôpital de Candos, le lundi 22 octobre, pour en savoir plus. Quoi qu’il en soit, les proches de la jeune femme, complètement scandalisés par cette triste affaire, ne comptent pas rester les bras croisés et vont tout faire pour connaître la vérité et obtenir justice. Justice pour la mort tragique de deux êtres chers…

Le Health Director de l’hôpital
de Candos s’explique

Suite au décès de Babynaz Issamdar après son accouchement, le
Dr Domun, le Regional Health Director de l’hôpital de Candos, explique qu’une enquête préliminaire a déjà été initiée. «Dès qu’il y a une maternal death, nous ouvrons une enquête. C’est le protocole. J’ai déjà soumis mon rapport préliminaire sur cette affaire au ministère de la Santé, le vendredi 19 octobre. Celui-ci va commencer une enquête ce mardi 23 octobre. Suite à cela, nous allons voir s’il y a eu négligence ou pas. S’il y a eu négligence, des sanctions seront prises immédiatement. Par ailleurs, je sais que la jeune femme qui vient de décéder était suivie par un gynécologue, un physicien et un chirurgien», explique le Dr Domun.

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