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Jordan : «J’ai tout perdu»

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La jeune femme était fière de porter en elle l’enfant de l’élu de son cœur.

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Fabrice tient entre ses mains le cercueil de son neveu à la sortie de l’église, le jour des funérailles.

Il est dévasté par un double drame qui l’a frappé en plein cœur en l’espace d’une semaine. Il a perdu sa compagne Christelle, le jour même où celle-ci a mis au monde leur fils Killian Christiano, qui est lui décédé huit jours après. Jordan ainsi que les autres proches des défunts crient à la négligence médicale. Le ministère de la Santé a
initié une enquête pour faire la lumière sur cette affaire (voir hors-texte). Entre tristesse et colère,
Jordan raconte.

«J’ai tout perdu.» Cette phrase de Jordan Thionet résume bien, à elle seule, toute la douleur que ressent ce jeune homme de 18 ans depuis quelques jours. Le regard vide et les yeux complètement rougis d’avoir trop pleuré, Jordan semble anéanti par l’immense chagrin qu’il ressent. Vêtu de noir de la tête au pied, assis sur une chaise sous la varangue de ses beaux-parents, à Quinze-Cantons, Vacoas, il n’arrête pas de secouer la tête, comme pour exprimer son incompréhension. Car le pourquoi et le comment se bousculent dans sa tête depuis qu’il a perdu sa compagne Christelle Diémahave, âgée de 19 ans. La jeune femme est décédée le 1er octobre, à l’hôpital Victoria, Candos, quelques heures après avoir accouché d’un petit garçon.

Depuis, Jordan n’a eu de cesse de mener sa petite enquête dans l’espoir de faire la lumière sur les circonstances ayant mené à la mort de celle qu’il comptait épouser bientôt. Car pour lui, il n’y a aucun doute. «Christelle a été victime d’une négligence médicale», clame-t-il, haut et fort. Hélas, son malheur n’allait pas s’arrêter là. Alors même qu’il recherchait la vérité sur la mort de sa bien-aimée, un autre drame est venu le frapper en plein cœur : son bébé, Killian Christiano Diémahave Thionet est lui aussi décédé le mercredi 10 octobre. Le nourrisson avait été placé dans un incubateur à l’hôpital Victoria après sa venue au monde car souffrant de complications respiratoires. Ce sont ces mêmes complications qui l’auraient emporté.

Ecrasé sous le poids d’un double décès, Jordan peine à croire ce qui lui arrive. C’est beaucoup trop pour lui qui n’a que 18 ans. «Je veux connaître la vérité afin de faire le deuil de Christelle et de mon enfant», confie-t-il, d’une voix triste. Et dire qu’il y a quelques jours seulement, il était tout à la joie d’accueillir son fils. «Christelle avait perdu les eaux aux alentours de trois heures du matin, le 1er octobre. On l’a conduite à l’hôpital de Candos. Vers 8h15, elle a accouché. J’ai tenté de la voir juste après mais je n’ai pas eu l’autorisation. Donc, j’ai attendu l’heure des visites dans l’après-midi. C’est là que j’ai appris qu’elle était aux soins intensifs. Elle était branchée à plusieurs appareils. Un médecin m’a dit qu’elle avait un problème cardiaque. Elle ne pouvait pas parler et allait très mal. Au fond de moi, je pensais qu’elle n’allait pas tenir le coup. Cela s’est malheureusement confirmé quand nous avons reçu un appel de l’hôpital vers 20 heures», raconte péniblement Jordan, qui est soutenu, dans cette terrible épreuve, par sa belle-famille.

Selon lui, sa compagne ne présentait aucun problème cardiaque avant et durant sa grossesse. «Je ne comprends pas comment on a découvert qu’elle était cardiaque après son accouchement, puisqu’elle a été suivie pendant sa grossesse. Elle suivait son traitement au dispensaire de La Caverne et à l’hôpital de Candos. Son médecin traitant aurait dû découvrir ce problème depuis tout ce temps et la faire accoucher par césarienne et non pas par voie normale comme cela a été le cas», lance-t-il avec colère. Après la mort subite de Christelle, une seule chose lui importait : vivre pour son bébé et lui apporter tout son amour. «Je sais que l’amour d’une mère pour son enfant est incomparable à celui d’un père. Mais j’aurais tout fait pour lui apporter toute mon attention et tout mon amour. C’est un peu Christelle qui aurait vécu à travers lui. Mais Dieu l’a appelé aux côtés de sa mère. J’ai vraiment tout perdu», pleure Jordan à chaudes larmes.

«Je rêvais d’une famille parfaite»

Complètement brisé, le jeune homme ne sait pas de quoi son avenir sera fait. Car il y a quelques jours, c’est à trois qu’il envisageait son futur. «Je rêvais d’une famille parfaite où règne la joie de vivre. Mais je ne goûterai pas à ce bonheur car les personnes qui comptaient le plus pour moi sont parties pour toujours.» S’accrochant désespérément aux bons souvenirs laissés par sa bien-aimée, Jordan revient sur les circonstances de leur rencontre deux ans plus tôt.

«On travaillait dans le même restaurant. Elle comme caissière et moi en tant que cuisinier. On a commencé à se parler puis on a découvert qu’on avait des affinités. On s’est fréquentés pendant un moment avant de vivre en couple chez ses parents. Sa grossesse n’était pas prévue. Mais c’est arrivé, et même si nous étions jeunes, nous l’avions assumé et étions très heureux de devenir parents. Tout se passait bien durant sa grossesse. On avait bien préparé l’arrivée du bébé. On avait fait quelques achats, entre autres», relate Jordan. À ce moment-là, tout allait bien dans le petit monde de Christelle et Jordan.

Le couple envisageait même de se marier. Une date avait déjà été fixée pour cette occasion : le 23 décembre prochain. «On se serait mariés civilement à notre domicile. Puis, on aurait pris un campement pour faire une petite fête. Deux mariages devaient être célébrés dans la famille ce jour-là. Le nôtre et celui de la sœur de Christelle et de son compagnon. Mais tout a été annulé. Il n’y aura aucun mariage.» Car le destin en a voulu autrement. «Je n’arriverai jamais à croire que Christelle avait un problème au cœur. Elle était chanteuse dans un groupe et pouvait sans problème retenir son souffle quand elle chantait. Elle avait même participé à des Christmas Carols au Caudan, il y a un an. Le chant était sa passion», raconte Jordan qui essaie tant bien que mal de contenir ses émotions.

Le jeune homme pense qu’il y aurait une autre cause à son décès et revient sur un épisode qui s’est joué quelques jours avant l’accouchement. «Une semaine avant son accouchement, Christelle avait été admise à l’hôpital de Candos car elle avait de fortes contractions. À ce qu’elle m’a dit, le médecin lui a fait une injection pour stopper ses contractions. Est-ce cela qui a créé des complications ?» La question demeure sans réponse en attendant l’issue de l’enquête du ministère de la Santé.

De son côté, Bernard Diémahave, le père de Christelle, est tout aussi anéanti. Ce père de trois enfants revendique le droit de connaître la vérité sur la mort de sa fille et de son petit-fils. «C’est dur pour un père d’enterrer son enfant. Je veux savoir ce qui s’est réellement passé pour faire le deuil de ma fille et aussi celui de mon petit-fils. Je n’ai même pas pu serrer le bébé dans mes bras car depuis sa naissance, il a été placé dans un incubateur. Je l’ai vu seulement de loin», confie-t-il. Son fils Fabrice est également révolté par le décès de Christelle. «Ma sœur n’a jamais souffert de problème cardiaque. Il y a trois ans environ, elle s’est fait opérer de la cataracte à l’hôpital de Moka. Et depuis, elle n’a jamais eu d’autres problèmes de santé. Je veux savoir qui est responsable de sa mort prématurée», fait-il ressortir avec colère.

Les proches de Christelle Diémahave disent être toujours en attente du rapport d’autopsie pour déposer une plainte formelle au ministère de la Santé. «On nous a laissé entendre que nous l’aurons dans quinze jours. Suite à cela, nous irons de l’avant», explique Jordan Thionet, dont la vie a complètement basculé.

La vie de ce jeune homme, qui avait des projets et des rêves plein la tête, sera à jamais marquée par le terrible drame qu’il a vécu.

Le ministère de la Santé initie une enquête

Du côté du ministère de la Santé, une enquête a été initiée pour faire la lumière sur le décès de Christelle Diémahave. Lormesh Bundhoo, le ministère de la Santé, nous a fait la déclaration suivante : «Dans chaque cas où une femme meurt après son accouchement, ce qu’on appelle maternal death, le ministère initie une enquête immédiatement. Je suis au courant de l’affaire Diémahave. On attend les conclusions de l’enquête pour voir la marche à suivre.»

Selon un communiqué que nous avons reçu du ministère de la Santé suite aux questions que nous avons fait parvenir au service de presse, le Regional Health Director de l’hôpital de Candos a soumis au ministère un rapport sur les circonstances de cette disparition. Après quoi, le ministère a, à son tour, constitué un comité d’enquête pour faire la lumière sur le décès de la jeune femme. Toutefois, dépendant des conclusions ou des recommandations de ce comité d’enquête, le ministère prendra les mesures nécessaires. Le cas sera référé au Medical Council pour d’autres actions ou pas, dépendant toujours des conclusions et recommandations du comité d’enquête dont les travaux sont déja en cours.

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