Mohun Aujayeb : «Ce qui m’attriste toutefois,
c’est que certains s’attaquent à ma personne. Mais je n’ai fait que mon travail»
Radhakrishna Sadien : «Il n’y a pas d’équité dans le rapport»
Depuis qu’il a été présenté, le rapport du Pay Research Bureau n’arrête pas de faire parler de lui. Mohun Aujayeb, directeur du PRB, et le syndicaliste Radhakrishna Sadien, s’expliquent sur le sujet.
Selon les syndicalistes, le rapport du PRB a provoqué une grande colère auprès des petits et moyens fonctionnaires. Qu’en pensez-vous ?
Mohun Aujayeb : Les syndicalistes font leur travail. Voilà 35 ans que je suis au PRB et que j’assiste à de telles réactions après la publication du rapport. Pour moi, c’est quelque chose de normal. Je souligne d’ailleurs ce fait dans le rapport. Ce qui m’attriste toutefois, c’est que certains s’attaquent à ma personne. Mais je n’ai fait que mon travail, et en toute bonne foi. I’m a civil servant, I’m a technician.
Radhakrishna Sadien : Le PRB a été institué comme un corps indépendant et permanent afin de faire des recommandations, au gouvernement, sur les salaires et conditions de service des fonctionnaires. Malheureusement, depuis un certain temps, le PRB est allé un peu loin, jusqu’à dépasser ses attributions. En parcourant le rapport, on constate qu’il est empreint de la philosophie de la Banque mondiale et de sa politique néolibérale.
La somme de Rs 4,6 milliards mentionnée pour son application ne reflète pas la réalité. Tout comme en 2008, où le chiffre de Rs 5,2 milliards n’était pas réel. La somme mentionnée comprend les 6 % de pensions contributives, la compensation salariale et aussi l’increment annuel auquel le fonctionnaire a droit, même sans le PRB. L’écart entre les grands et les petits salariés continue à se creuser. Qui plus est, beaucoup de représentations faites ont été tout simplement ignorées. Il n’y a pas d’équité dans le rapport.
Qu’en est-il des critiques autour du rapport ?
Mohun Aujayeb : Dans le rapport, je souligne les points que j’ai considérés pour son élaboration. Je parle notamment des changements dans l’économie du pays et de la capacité du gouvernement à payer. À présent, si certains trouvent que le rapport n’est pas bon, ils devraient faire parvenir leurs griefs aux autorités. Nous sommes dans un état démocratique. Chacun a donc le droit de s’exprimer mais je dirai une seule chose aux syndicalistes : talk about my work, not myself.
Radhakrishna Sadien : Après avoir mis du temps à préparer des mémoires et à faire des dépositions au PRB, un tel rapport est très décevant. Plus on lit le rapport, plus on voit que le PRB est allé trop loin dans certaines de ses recommandations. Même le nombre d’heures de formation par année, qui était de 60 heures, a été réduit à 40 heures pour les minor grades et 45 heures par année pour les techniciens.
Comment s’annoncent les jours à venir ?
Mohun Aujayeb : Selon certains, la rédaction des Errors and Omissions autour du rapport devrait être confiée à quelqu’un d’autre. Je trouve que les syndicalistes sont en train de faire un faux débat. Si ce n’est pas moi qui dois faire cela, qui va le faire. D’ailleurs, j’ai déjà noté une erreur concernant un salaire et je compte bien la rectifier.
Radhakrishna Sadien : Les jours à venir s’annoncent chauds. Chaque organisation syndicale est en train de mettre sur pied des réunions au sein de son instance pour décider de la marche à suivre. Il faut aussi sérieusement réfléchir à la façon de faire du PRB. La Government Services Employees Association (GSEA) organise une Assemblée générale spéciale le 23 octobre à Beau-Bassin. En attendant, un appel est lancé à tous les fonctionnaires pour qu’ils ne signent pas les Option Forms et qu’ils ne se laissent pas avoir par le rapport des Errors and Omissions, qui est un attrape-nigaud.