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Deux policiers âgés de 21 ans meurent à Sept Cascades

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Enceinte de sept mois, Laeticia peine à parler. à ses côtés, la mère de la victime, consolée par une proche, pleure toutes les larmes de son corps.

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Corinne Nanon, la mère de Sylvestre, en compagnie de Malory Sooroop, la petite amie de la victime.

Ils ont intégré le Groupe d’intervention de la police mauricienne il y a seulement deux semaines, et ce après avoir évolué, pendant deux ans, au sein de la SMF. Mais les deux jeunes policiers sont morts noyés lors d’un entraînement qui s’est déroulé à Sept Cascades. Secoués par ce terrible drame, leurs proches témoignent.

«Pourquoi la vie a-t-elle été si injuste avec mon enfant ?» Entourée de son mari Sylvio et de quelques proches dans l’enceinte de l’hôpital Victoria, à Candos, Corinne Nanon ne cesse de se poser cette question. Ses larmes témoignent de sa profonde tristesse. La tristesse d’avoir perdu son fils Sylvestre, âgé de 21 ans seulement. Ce dernier est mort noyé à Sept Cascades hier. Son collègue, Nitish Binda, également âgé de 21 ans, a connu le même sort. A Quartier-Militaire, où habite sa famille, c’est le choc.

Sylvestre Nanon et Nitish Binda, qui avaient intégré la force policière en 2010 – ils étaient basés à la Special Mobile Force (SMF) – ont rejoint le Groupe d’intervention de la police mauricienne (GIPM) il y a tout juste deux semaines. Mais leur vie aura pris une tournure des plus tragiques hier, lors d’une session d’entraînement.

Perdue dans ses pensées, Corinne Nanon arrive difficilement à prononcer un mot. C’est par le biais d’un appel téléphonique qu’elle a appris la triste nouvelle. «C’est un ami de mon fils qui m’a appelée pour me prévenir», dit-elle, avant de fondre en larmes. Mère de trois enfants, Corinne est dans une incompréhension totale. «Je veux savoir comment mon fils a pu trouver la mort», lâche-t-elle d’une voix cassée par le chagrin, avant de se laisser consoler par son mari, qui tente tant bien que mal de retenir ses émotions.

Car à entendre les amis de Sylvestre, ce dernier était un excellent nageur. «C’est dur de croire qu’il est mort de cette façon. Il savait très bien nager», soutient l’un d’eux. Et dire que la veille, Sylvestre avait invité plusieurs de ses amis à venir chez lui dans la soirée du samedi 29 septembre. Mais c’est à sa veillée mortuaire qu’ils ont assisté hier soir. «Sylvestre était un jeune homme plein de vie. Il vivait à cent à l’heure. Il aimait bien les sorties et les rencontres bien organisées entre potes. Son départ laissera un vide énorme dans ma vie», témoigne Patrice, un ami de la victime.

Les rêves plein la tête, Sylvestre Nanon voulait tout ce qu’il y a de meilleur dans la vie. Selon sa mère, c’est pour cette raison qu’il allait de nouveau prendre part aux examens du GCE A-Level dans quelques jours. «Il avait déjà payé les frais d’examens. Il ne lui restait plus qu’à y prendre part. Sylvestre voulait obtenir de meilleurs résultats et par là même, aspirait à un brillant avenir. Mais malheureusement, il est parti avant même de pouvoir réaliser ses rêves», confie-t-elle.

Il allait être papa

Laeticia a, elle aussi, perdu un être qui lui est cher. Le regard abstrait, elle caresse machinalement son ventre arrondi. Voilà sept mois déjà que la jeune femme porte l’enfant de Nitish Binda, son grand amour. Perdue dans ses pensées, elle garde le silence. La dure réalité l’a frappe de plein fouet alors qu’elle s’apprête à donner naissance à son premier enfant. Impossible pour Laeticia de concevoir que celui-ci ne connaîtra jamais son père.

Le jour du drame, raconte-t-elle, Nitish Binda s’était réveillé à 6h30. Il lui avait dit au revoir avant de se rendre au travail. Cette image est gravée dans la mémoire de Laeticia. Assise dans leur chambre, elle regarde inlassablement les affaires de son compagnon, dispersées dans la pièce : ses chaussures, ses vêtements, un poster de Manchester United, son équipe de football préférée, son appareil de musculation… Laeticia n’accepte pas que le père de son futur enfant n’est plus de ce monde.

Décrit comme étant quelqu’un de «populaire», «sérieux» et «travailleur», Nitish Binda s’occupait aussi de sa mère. Celle-ci est inconsolable depuis l’annonce du drame. Les proches se succèdent à son chevet pour lui apporter du réconfort mais rien n’y fait. La douleur est trop intense. Elle ne cesse de crier le nom de son seul fils dans la maison que ce dernier a fait construire à Providence. «Seigneur, pourquoi m’as-tu pris mon fils ? Comment vais-je vivre sans lui ? Comment vais-je faire ?» se lamente-t-elle dans les bras de ses proches. Qui plus est, son fils allait fêter ses 22 ans en décembre, avance-t-elle tristement.

Depuis l’annonce de cette tragédie, famille, amis et voisins se réunissent dans la demeure familiale. Tous se posent la même question : pourquoi un tel destin alors que Nitish était promis à un bel avenir ? Avec Laeticia, ils avaient prévu de se marier au début de l’année prochaine. Un bon travail, une famille, une maison, c’est tout ce à quoi il aspirait. «C’était quelqu’un de très responsable. Il avait déjà commencé les préparatifs pour l’arrivée de son enfant et le mariage. Il travaillait beaucoup pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Que va-t-il advenir de Laeticia ? Ce bébé ne connaîtra jamais son père», pleure la mère de Laeticia. Selon cette dernière, le jeune homme avait beaucoup d’ambition. Outre ses projets familiaux, il rêvait de gravir les échelons de la force policière, sauf que le destin en a décidé autrement. Nitish laisse derrière lui sa compagne, mais aussi un bébé qui va bientôt naître et qu’il ne connaîtra jamais.

Le flou persiste

Les circonstances entourant la noyade des deux jeunes policiers hier sont encore floues. Que s’est-il réellement passé en ce samedi 29 septembre à Sept Cascades ? Des membres de la SMF sont d’avis que cet accident découle d’une grosse négligence.

«Il y avait sept nouvelles recrues du GIPM à Sept Cascades. Ils étaient accompagnés d’un inspecteur responsable de l’opération et d’un chauffeur qui les y avait conduits. Les sept nouveaux membres du GIPM devaient passer un test de dextérité, quant à leurs capacités à faire face à différentes épreuves. Et la plongée en faisait partie. Ils avaient pour mission de sauter dans l’eau à une hauteur de trois mètres. Mais cet exercice devait se faire en la présence de plusieurs membres déjà confirmés au sein du GIPM. Sauf que tel n’était pas le cas. En principe, avant qu’ils ne plongent, il doit y avoir au moins deux membres du GIPM qualifiés dans l’eau. Car si après avoir fait un plongeon, l’un d’eux ne remonte pas à la surface dans un certain laps de temps, le personnel qualifié doit impérativement plonger à son tour pour s’enquérir de la situation», explique une source.

Le responsable du service de presse de la police, pour sa part, balaie d’un revers de mains ces allégations. «Vers 8h30, neuf personnes sont parties à Sept Cascades pour une session d’entraînement, où elles devaient grimper les cascades. C’est l’inspecteur Sookur qui était en charge de cette mission. Une fois le travail terminé, le constable Sylvestre s’est assis sur une pierre pour se reposer un instant. Mais malheureusement, il a glissé. Le constable Binda a alors tenté de lui porter secours. Mais il n’est pas remonté à la surface. Il y avait aussi quatre life savers professionnels au sein de cette équipe. Ils se sont jetés à l’eau pour les retrouver. Une fois que l’alerte a été donnée, la police a déployé les grands moyens. Des membres de la SMF ont été mandés sur les lieux, de même que deux hélicoptères de la police. Ce qui s’est passé est triste. Le commissaire de police et les membres de la force policière présentent leurs sympathies aux familles des victimes», a dit Darmarajen Moorooghen, le responsable du service de presse de la police.

Selon lui, une enquête a déjà été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances exactes de ce double drame.

Laura Samoisy et Amy Kamanah

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