Navin Ramgoolam souhaite discuter avec le MMM et pas le MSM : une tactique pour déstabiliser le Remake ?
Paul Bérenger et sir Anerood Jugnauth vont-ils vers une nouvelle crise ? La question se pose.
Appel du pied de Navin Ramgoolam et «effort exceptionnel» de Paul Bérenger… Difficile pour SAJ de ne pas se poser des questions quant à la viabilité de son alliance avec le leader des Mauves.
De gros nuages à l’horizon. Et risques d’averses à prévoir. Non, il ne s’agit pas du bulletin de la météo pour ce dimanche 22 septembre, mais d’un point de vue sur les relations MMM-MSM, aussi changeantes que le temps par une fin d’après-midi d’hiver. Malgré un beau ciel bleu apparent – alimenté par une conférence de presse conjointe et un semblant d’accord sur la proposition de Paul Bérenger concernant le Best Loser System – il se murmure que le soleil ne brillerait pas si fort que ça. Et comme à son habitude, un peu adolescent dans ses élans politiques, le cœur de Paul Bérenger balance entre un rassurant Remake 2000 et un exaltant PTr-MMM.
Une impression de déjà-vu ? Ne vous inquiétez pas, vous n’avez pas atterri dans un monde parallèle. Selon des partisans du MMM, un remake… du «cooling off» entre Paul Bérenger et sir Anerood Jugnauth ne serait pas à écarter : «Si Navin Ramgoolam et Paul Bérenger recommencent à discuter de la réforme électorale, ça risque de ne pas faire plaisir au bolom Jugnauth», confie l’un d’eux. De plus, comme pour donner matière aux rumeurs, Paul Bérenger a fait cette déclaration troublante, lors de son point de presse conjoint avec le MSM, hier : «Aux prochaines élections, je ne peux dire si la lutte se fera entre deux alliances ou entre trois partis.»
Si le gros macadam d’une alliance rouge-mauve était, selon le chef de file du MMM, une incompatibilité d’opinion sur l’abolition du BLS, il semblerait que depuis la publication du point de vue des Nations unies sur la question et, surtout, la déclaration de Navin Ramgoolam en faveur de l’instance internationale (voir hors-texte), Paul Bérenger ait changé d’avis. D’ailleurs, le leader de l’opposition s’est lancé dans la création de «solutions», cette semaine (voir hors-texte).
Un pas pour se rapprocher du PTr. Surtout que le chef du gouvernement a déclaré, il y a quelques jours, vouloir discuter avec le MMM, soutenant la proposition de Paul Bérenger de ne pas aller de l’avant avec un recensement de la population sur une base ethnique afin de mettre à jour celui de 1972 : «Le leader de l’opposition a trouvé le bon mot : ce sera un moment rétrograde. On ne peut pas une nouvelle fois diviser les communautés en groupes. C’est inacceptable !» Une main tendue vers les Mauves…Mais aussi un piège.
Car le MSM, lui, n’est pas le bienvenu à la table des discussions : «Je n’ai aucune intention de discuter avec le MSM. Ce parti est une perte de temps. Il a démontré qu’il est un parti passéiste et sectaire.» De quoi semer la zizanie entre SAJ et Paul Bérenger ! Surtout que le leader du Remake avait déclaré, tout de suite après la dernière crise qui avait secoué l’alliance MMM-MSM, qu’il refusait que son allié se remette à coz-cozé «réforme» avec Navin Ramgoolam.
Du coup, au sein du parti soleil, la tension est palpable : «Si Paul Bérenger provoque encore un autre scandale, je crois que SAJ ne pourra plus faire comme si de rien n’était», confie, un peu remonté, un député Orange. Que certaines personnes estiment que le MMM est la bouée de sauvetage du MSM ne convainc pas du tout notre interlocuteur : «Ce serait plutôt le contraire. Nous pouvons nous débrouiller sans le MMM surtout si Paul Bérenger continue à nous manquer de respect.» Dans les coulisses du Remake, la tension et l’incertitude sont palpables en ce moment : «On ne sait jamais quand cela peut tourner au vinaigre !», lâche un député Mauve.
Néanmoins, nombreux sont les membres de ces deux partis qui estiment que le Remake a de belles années devant lui : «Paul Bérenger sait ce qu’il veut. Il faut arrêter de le prendre pour une girouette. Il veut le bien de son pays et il sait que c’est avec le MSM qu’il pourra faire la différence», tient à préciser un député Mauve. Difficile de savoir et de se situer, pour l’instant. Les déclarations autour des alliances politiques, en période de crise, sont comme les prévisions météorologiques à Maurice. Peu fiables.
Navin Ramgoolam : «Penser en termes de mauricianisme»
Sa déclaration était très attendue. Et de retour à Maurice, après une intervention chirurgicale «mineure» en Grande-Bretagne, selon son service de presse, Navin Ramgoolam s’est prononcé pour la première fois sur les conclusions des Nations unies. C’était, ce mardi 18 septembre, lors d’une cérémonie en marge du 11e anniversaire de la naissance de sir Seewoosagur Ramgoolam. Selon le chef du gouvernement, il est temps de revoir le Best Loser System (BLS) : «Le BLS nous a été très utile. Mais, il est temps de le revoir. Le BSL nous a apporté la paix sociale. Notre pays venait d’obtenir son Indépendance et nous avons vécu des moments difficiles. Mais, aujourd’hui nous devons penser en termes de mauricianisme». Il a également déclaré qu’il répondrait à l’instance internationale dans les délais impartis.
Paul Bérenger propose…
Il y tenait, à son Best Loser System (BLS) ! Il le criait haut et fort ! Mais, au final, cette semaine, nous avons appris que Paul Bérenger n’y était pas si attaché ! Le leader du MMM a proposé, en une semaine, deux solutions - la deuxième étant une version «améliorée» de la première – afin d’abolir la déclaration de l’appartenance ethnique des candidats lors du Nomination Day précédant des élections.
Dans un premier temps, Paul Bérenger souhaitait un BLS ne comptant que quatre députés au lieu de huit. Néanmoins, face au souhait de Navin Ramgoolam de voir disparaître ce système, il a modifié, un peu, sa trajectoire. Selon lui, il est nécessaire de conserver
62 députés élus grâce au First past the post, et d’ajouter 20 autres provenant de listes préparées par chaque parti ou alliance et remises à la Commission électorale. Les leaders seront appelés à désigner les huit candidats additionnels, présents sur ces listes, afin de rectifier une éventuelle sous-représentation. Évidemment, cette proposition a été critiquée. Elle donnerait trop de pouvoir aux leaders, entre autres.
En plus de convaincre Navin Ramgoolam, Paul Bérenger se doit – s’il souhaite que le Remake continue sa route – convaincre un sir Anerood Jugnauth, farouchement attaché au BLS. Néanmoins, le MSM n’a pas vraiment le choix. D’ailleurs, lors d’un point de presse MMM-MSM, le leader du Remake a précisé qu’il était ouvert aux propositions de Paul Bérenger. Ce dernier a, par ailleurs, exprimé son souhait que les trois principaux partis de l’île réfléchissent à ses propositions afin de faire des «fine-tunings» nécessaires.