Il a le soutien de son frère Jean-Marie, sa grand-mère Bernadette et sa cousine Maryse.
Le rédacteur en chef de Radio One est content d’avoir retrouvé son équipe.
Trois mois de maladie, 12 jours dans le coma... Il sait qu’il revient de très loin. Aujourd’hui, bien qu’amaigri et même s’il reconnaît être encore un peu fébrile, le journaliste se remet en selle et ne compte absolument pas, précise-t-il, abandonner la course. Rencontre...
On le devine d’abord un peu tendu. Sur le qui-vive. Certes, Jean-Luc Émile a quelques raisons d’être nerveux. Car, avant d’accepter cette interview, il a longtemps hésité, ne sachant pas s’il devait ou non venir de l’avant pour raconter le cauchemar qu’il a vécu et qui a bien failli avoir raison de lui. Trois mois de maladie, cloué au lit, faible, ne sachant pas ce qui le rongeait. 12 jours dans le coma, sans oublier ces diagnostics défavorables qui laissaient présager le pire.
Mais au final, il a choisi de jouer le jeu. Et dès lors, on découvre un Jean-Luc Émile pressé de se livrer, se disant transformé et tout à fait conscient qu’il a eu «beaucoup de chance». À travers cet exercice de questions-réponses, il veut, dit-il, dire sa vérité et revenir sur la longue bataille qu’il a «gagnée».
«C’est vrai que je reviens de très loin. C’est vrai aussi que j’ai beaucoup maigri et que je suis encore un peu fragile, mais je le dis haut et fort, je vais bien», lâche le journaliste qui a retrouvé son bureau de rédacteur en chef au siège de Radio One, à la rue Brown-Séquard depuis deux semaines et qui fait tout, dit-il, pour très vite retrouver la forme.
Et là, il tient tout de suite à apporter une précision : «Je suis journaliste et de ce fait, je sais exactement tout ce qui s’est dit sur mon état de santé. Je dois toutefois préciser que j’ai été malade à la suite d’une infection pulmonaire. Je ne sais absolument pas pourquoi certaines personnes s’imaginaient et racontaient des choses, d’autant que la santé relève de la vie privée. Heureusement que j’ai pu surmonter cette terrible épreuve, par la grâce de Dieu, et aussi de par le dévouement et le professionnalisme du personnel soignant de l’hôpital Apollo. C’est grâce à une équipe formidable qui s’est relayée à mon chevet que je suis aujourd’hui sur pied.»
Et entre la préparation du journal de 16h30 (en ce mercredi après-midi), les directives qu’il donne à son équipe et les nombreux coups de téléphone, le jeune homme maintient aujourd’hui la cadence : «Je suis à nouveau dans le bain et je suis très content car cette ambiance me manquait terriblement.» Et d’ajouter avec un petit sourire : «Et dire que certaines personnes pensaient déjà à louer une chapelle ardente alors que je m’accrochais de toutes mes forces à la vie !»
Plus déterminé que jamais, Jean-Luc Émile veut démontrer qu’il est toujours le même : «Je suis toujours aussi passionné et motivé par mon métier. Et comme je l’ai tout le temps fait, je vais continuer à me donner à fond et surtout à donner le meilleur de moi-même.» Confiant, il sait toutefois qu’il revient de loin : «J’ai eu une deuxième chance et je compte bien la saisir. C’est pour moi comme un nouveau départ, une renaissance.»
Motivation
Et son grand retour à l’antenne, le jeune homme de
34 ans l’a d’ailleurs marqué en décrochant un entretien avec le leader de l’opposition, Paul Bérenger, pour un tour d’horizon sur la situation politique dans le pays. C’est le genre de challenge, dit-il, qui le motive et qui contribue grandement à son rétablissement : «Au départ, mon médecin m’avait prédit une convalescence de six mois, mais comme j’étais boosté par le désir de retrouver mon poste, il s’est finalement rendu compte que je me remettais plus vite que prévu.»
Car c’était sa plus grande peur : ne plus pouvoir retravailler. «Quand, je me suis réveillé de mon coma, je me suis très vite rendu compte que je ne ressentais plus toute la partie gauche de mon corps, que ce soit ma jambe ou mon bras. Mon premier réflexe, c’était de demander qu’on m’apporte mon ordinateur portable. Je voulais voir si je pouvais encore taper un texte. Et après un essai, j’ai réalisé que je ne pouvais pas et cela m’a beaucoup inquiété, mais heureusement que tout est redevenu normal après des sessions de physio. Je n’imagine pas mon existence sans mon travail. Je suis de retour et je compte bien m’accrocher.»
Avec le recul, la maladie lui a aussi permis d’ouvrir les yeux, notamment, dit-il, sur cette comédie humaine que décrit Balzac, sur ces «personnes qui vous sourient mais qui au final ne sont pas si sincères que ça». Mais lui aime à dire qu’il a été plus fort et ne veut pas s’attarder sur ce qu’il appelle des «futilités», car l’épreuve qu’il a vécue lui a fait comprendre qu’il y a beaucoup de personnes qui l’aiment : «Il y a eu d’abord la grande preuve d’amour de mon petit frère Jean-Marie qui a toujours été à mes côtés dans cette épreuve. Je dois dire que je l’ai redécouvert et qu’on est aujourd’hui plus proches que l’on n’a jamais été auparavant. Il y a eu aussi le soutien de ma grand-mère Bernadette, puis de tous mes autres proches, qui sont là pour moi, même actuellement. J’ai aussi découvert que la santé avait un prix à Maurice et heureusement que mon entourage est là pour m’aider à faire face à mes dettes.»
Jean-Luc a aussi une pensée pour tous ceux et celles qui ont suivi l’évolution de son état de santé : «Je pense à mes amis, à mon équipe rédactionnelle, mes confrères, à ces nombreuses visites à la clinique de personnes que je connaissais et aussi de nombreuses autres que je ne connaissais pas. Je ne manquerai pas non plus de remercier tous ceux qui m’ont adressé des témoignages de sympathie sur mon profil Facebook, les fidèles auditeurs de Radio One ou encore tous ceux qui ont prié pour moi et qui ont assisté à la messe donnée à mon intention, alors que j’étais au plus mal. Merci à vous tous et je tiens à vous dire que mon retour au boulot est aussi grandement motivé par tous ces signes d’attention à mon égard.»
Maintenant, il s’agit pour lui de continuer son chemin, de continuer «à faire son travail avec amour, rigueur et dévouement», mais aussi de faire plus attention à lui : «Chose que je ne faisais pas forcément avant...» Car, il porte aujourd’hui un autre regard sur la vie et sait à quel point le bonheur est fragile et combien il est important de le cultiver...