Le petit Lucas fait la fierté de sa mère et de son frère et sa soeur.
Il a fait sa Première communion hier en la basilique de Sainte-Hélène.
Il n’avait que huit mois lorsque les médecins ont découvert qu’il souffrait d’une tumeur très rare qui touche un garçon sur 100 000 et qui est incurable chez les filles. Le bébé a 13 mois lorsqu’il s’envole pour l’Inde afin de subir une délicate intervention chirurgicale. Il reprendra l’avion avec sa mère six autres fois pour ses nombreux traitements. Aujourd’hui, il a 8 ans. Pour son père Kinsley et sa mère Dolores, il est un «enfant miracle» car le personnel médical ne pensait pas qu’il survivrait.
C’est un petit combattant qui a toujours lutté contre la maladie avec un courage exemplaire. Et année après année, il ne cesse de remporter des batailles contre un mal terrible qui, selon les prédictions de médecins, aurait dû l’emporter très vite. Car ces derniers avaient été catégoriques : le bébé qu’il était alors ne vivrait pas longtemps. Lucas a maintenant 8 ans et, c’est un petit garçon presque normal – il souffre d’un léger handicap, séquelles de son long et douloureux traitement – qui a fait sa Première communion en la basilique de Sainte-Hélène, hier. Devant ses parents très émus et, surtout, très fiers qui le considèrent plus que jamais comme leur «enfant miracle».
«C’est une immense grâce qu’il puisse aujourd’hui faire sa Première communion alors que les médecins ne lui donnaient pas beaucoup de chance de survie quand on a découvert sa maladie alors qu’il était bébé. Notre joie est immense en ce jour spécial et nous n’arrêtons pas de remercier Dieu pour ce cadeau qu’Il nous fait», confie Dolores Sadien, la mère de Lucas, en regardant celui-ci avec des larmes de bonheur dans les yeux.
Un bonheur qu’elle n’aurait pas espéré, il y a quelques années. Car en 2005, un terrible malheur s’est abattu sur sa famille. Cette année-là, le petit Lucas, qui venait de naître, fait la joie de sa famille. Il est le benjamin de Kinsley, un soudeur, et Dolores, une garde-malade qui ont déjà deux autres enfants : Queenly et Kellian ayant aujourd’hui 18 et 10 ans respectivement. Hélas, alors que Lucas a huit mois, ses parents découvrent une bosse sur son dos. «La bosse était de la grosseur d’un œuf. Les médecins ont recommandé une biopsie. Nous avons eu le choc de notre vie lorsque les résultats sont tombés», se souvient Dolores. Les parents apprennent que leur bout de chou souffre d’une tumeur au ventre, soit un neuroblastome, une tumeur très rare, et qu’il a peu de chance d’y survivre.
Le monde des Sadien s’écroule. «Cette nouvelle nous est tombée sur la tête comme un véritable coup de massue alors que Lucas faisait jusqu’alors notre joie. On était tous complètement perdus. Les médecins nous avaient dit qu’il avait peu de chance étant donné que sa maladie avait atteint un stade avancé, soit le niveau quatre sur une échelle de cinq», raconte Dolores, émue. Toutefois, tout espoir n’est pas perdu. Il en reste un, infime. Selon les médecins, une opération peut toujours être tentée pour donner une petite chance à l’enfant. Mais elle ne peut se faire à Maurice. «Le personnel médical nous avait fait peur en nous disant que ce type de tumeur est très rare chez les garçons et que lorsqu’ils se font opérer avant 2 ans, ils ont de terribles séquelles. On a tout de même voulu tenter le tout pour le tout mais on ne savait pas quoi faire ni comment. Nous avions complètement perdu espoir jusqu’au jour où on nous a conseillé d’aller voir la Society for Aid to Children Inoperable in Mauritius (SACIM).»
Moments de solitude
Le parcours du combattant ne fait que commencer pour Lucas et les siens. Tout d’abord, le garçonnet fait le va-et-vient entre la cité Mangalkhan où il habite et la Radio Therapy Unit de l’hôpital de Candos pour ses traitements. Cinq mois plus tard, il s’envole pour l’Inde en compagnie de sa mère pour se faire opérer à l’Indraprastha Apollo Hospital, à New Delhi, avec le soutien financier de la SACIM, du gouvernement mauricien et de Martine Desmarais, la patronne de Dolores, qui les a aussi grandement aidés (voir hors-texte).
«C’était très dur. Lucas a dû faire sept séances de chimiothérapie avant son intervention chirurgicale en Inde, alors qu’il n’avait que 13 mois. Il a été très courageux. Par la suite, il a aussi subi trois autres séances de chimio et fait une radiothérapie pendant 17 jours. À l’époque, on consacrait tout notre temps libre à la prière. On priait sans arrêt pour que Lucas s’en sorte», se souvient Dolores qui repense avec peine à ces moments difficiles.
Notamment lors des déplacements en Inde où elle accompagnait seule son fils. «J’ai connu des moments de solitude mémorables lorsque j’étais à New Delhi. Je n’arrivais pas à trouver le sommeil car je me faisais un sang d’encre pour Lucas. À l’époque, je téléphonais aussi régulièrement que possible à mon époux pour avoir de ses nouvelles ainsi que celles de ma fille et de mon fils aîné. Cette séparation répétitive nous a grandement aidés à resserrer les liens entre nous. Aujourd’hui, nous sommes fiers d’être une famille très soudée dont l’un des membres a frôlé la mort.»
C’est le Dr Kaul, un chirurgien oncologue très réputé, qui opérera Lucas. «C’est un très grand médecin. Il s’est montré rassurant alors même que la moelle osseuse de mon fils avait commencé à s’infecter. Le Dr Kaul a fait un travail formidable. On lui doit beaucoup car il a évité le pire à Lucas même si celui-ci garde des séquelles aux pieds», explique la mère du garçonnet. En effet, un des dommages collatéraux et inévitables de l’opération est le fait que Lucas doit porter temporairement une prothèse aux pieds en raison d’un problème aux chevilles.
«Notre fils marche avec un peu de difficulté et il doit subir une énième opération au niveau du tendon d’Achille à l’hôpital de Candos. Mais cela ne l’empêche pas de vivre normalement. Il fréquente une école normale où il est en STD III. Il joue au foot avec ses amis régulièrement mais il s’essouffle rapidement à cause de son poids. Sa cicatrice due à l’opération lui fait également mal lorsqu’il fait de gros efforts. Mais il est très courageux. Tous ceux qui le côtoient le reconnaissent», avance une Dolores heureuse.
Elle profite de l’occasion pour remercier également plusieurs médecins de l’hôpital Victoria : les Drs Poorun, Sacaram et Chuckory. «Ces derniers ont fait un suivi formidable de l’état de santé de notre fils. C’est aussi à eux qu’on doit ce miracle. On remercie aussi tous ceux qui d’une façon ou d’une autre nous ont aidés. Plus de Rs 900 000 ont été nécessaires pour les soins de notre enfant», précise Dolores qui attend maintenant, avec confiance, la prochaine opération qui permettra à son enfant chéri de marcher tout à fait normalement, comme tous les autres gosses de son âge. Il faut dire qu’aujourd’hui, à le regarder, Lucas est rayonnant. Comme quoi, l’espoir fait vivre, tout simplement !
Martine Desmarais - Les raisons de son soutien
Le couple Martine et Henry Desmarais avait été très touché par l’histoire de Lucas. C’est la raison qui l’a poussé à venir en aide au garçonnet et à ses parents à l’époque. «La maman de ce garçon travaillait comme garde-malade chez ma mère. Je l’ai vue lorsqu’elle était enceinte et aussi après son accouchement par césarienne. Le petit Lucas pesait 3,5 kg à sa naissance. Ses parents avaient tout pour être heureux avec leur benjamin, jusqu’au jour où ils ont appris que ce dernier avait un cancer. Mon époux et moi avons décidé d’aider la famille car j’ai personnellement été très touchée par le courage de Dolores. On les a aidés à réunir des fonds et l’enfant et sa mère sont partis en Inde pour la première fois le samedi 19 mars 2005. Là, Lucas a été pris en charge par le personnel médical de l‘Indraprastha Apollo Hospital où il a subi un premier traitement de radiothérapie», explique Martine Desmarais.
À l’époque, le ministère de la Santé avait accordé une aide financière de Rs 200 000 à Lucas, pour son premier traitement en Inde. Le coût du séjour était estimé à Rs 140 000. Mais il fallait compter US$ 5 000 rien que pour l’opération. Martine Desmarais avait ainsi organisé une levée de fonds pour aider Lucas et sa famille, et avait ouvert un compte à la Barclays Bank.
Chantal Hurlall, secrétaire de la SACIM : «Nous avons aidé 668 enfants à ce jour»
La Society for Aid to Children Inoperable in Mauritius (SACIM) aide à la mise sur pied de levées de fonds pour financer les opérations et frais de déplacement des enfants inopérables à Maurice. «Nous avons aidé 668 enfants à ce jour, dont le petit Lucas Sadien en 2005», explique Chantal Hurlall, secrétaire de la SACIM, et membre depuis 24 ans. Cet organisme, qui a fêté ses 45 ans en mai, a organisé un Fun Walk, le dimanche
16 septembre. Celui-ci a vu la participation de patients que la SACIM a soutenus. Le maire de Vacoas-Phoenix et le ministre de la Santé ont également participé à cette marche qui a débuté à 9 heures devant la municipalité et pris fin au siège de l’organisme à midi.
Qu’est-ce qu’un neuroblastome ?
Le neuroblastome est une tumeur maligne. Il occasionne une prolifération de cellules qui se multiplient de manière anarchique. De par sa croissance incontrôlée, il envahit le tissu sain pour gagner toutes les autres parties du corps s’il n’est pas traité. Le neuroblastome est la plus commune des tumeurs malignes chez les nourrissons âgés de moins d’un an et serait également la plus fréquente des tumeurs solides et cancéreuses de l’enfance. Il se développe à partir de cellules nerveuses souches, les neuroblastes, dans le système nerveux sympathique. Dans plus de 50 % des cas, il s’étend dans les glandes surrénales, mais dans le cas de Lucas, il s’est développé dans son poumon droit. La chirurgie est généralement préconisée et donne de bons résultats. Pour des raisons encore inconnues, les nourrissons qui développent le neuroblastome ont de plus grandes chances de guérison que les enfants plus âgés.