Les proches du jeune Muhamad Yusuf Shahaban sont sous le choc après son suicide. Ils n’arrivent pas à comprendre ni à expliquer le pourquoi de son geste fatal.
Le suicide chez les adolescents semble être devenu un grave problème de société à Maurice. Plusieurs jeunes se sont, en effet, donné la mort depuis le début de l’année et un autre vient de rejoindre cette liste noire. Muhamad Yusuf Shahaban, 15 ans, a mis fin à ses jours par pendaison, le vendredi 7 septembre. Cet étudiant du collège SSS de cité La Cure, qui habite à la Cité Martial, a commis son acte de désespoir en début d’après-midi, laissant derrière lui des parents et une petite sœur de 10 ans anéantis par la douleur.
À leur énorme chagrin se mêle une terrible incompréhension. Pourquoi le jeune homme a-t-il commis un tel acte ? Personne dans son entourage ne le sait. Rafick, le père de l’adolescent, qui travaille au marché central à Port-Louis, tourne et retourne la question dans sa tête mais la réponse n’est pas évidente à trouver. «Il est parti avec un lourd secret. J’ai perdu ma main droite. Je ne trouve plus le courage d’aller travailler. Je ne sais pas si je vais pouvoir surmonter cette épreuve», se lamente Rafick.
Il revient sur cette terrible journée où il a perdu son enfant. «Il avait eu du retard pour aller à l’école le matin et ne s’y est finalement pas rendu. Il est monté dans sa chambre pour jouer à la Playsstation. Je suis rentré à la maison vers 10h45 sans savoir qu’il était dans sa chambre. J’ai pris un bain vers 11 heures car je devais me rendre à la mosquée plus tard pour la grande prière du vendredi. Peu après, ma soeur, qui vit au rez-de-chaussée, m’a dit que Yusuf était là. Je suis allé le voir dans sa chambre. Il semblait aller bien. On s’est parlé et je lui ai conseillé d’aller prendre son bain pour aller à la mosquée. Il ne m’a pas répondu, comme à son habitude, car il est très réservé de nature.»
Peu après, Rafick, qui est très connu pour son allouda au marché de Port-Louis, retourne au travail. Son épouse se trouve alors au premier étage de la maison familiale alors que sa soeur prend son bain au rez-de-chaussée. Selon Rafick et les siens, à ce moment-là, Yusuf avait déjà préparé son coup : «Il avait demandé à ma soeur si j’étais déjà parti. C’est d’ailleurs elle qui a fait la découverte macabre en sortant de son bain. Yusuf s’était pendu dans une chambre au rez-de-chaussée. Elle a paniqué et a appelé au secours. Mon épouse et elle ont ensuite tenté de le soulever, en vain. Mon épouse est sortie dans la rue pour chercher de l’aide. Il n’y avait personne car tous les hommes étaient à la mosquée.»
Lorsque Rafick rentre, il est déjà trop tard. Yusuf a déjà rendu l’âme. Les funérailles de l’adolescent ont eu lieu dans la soirée de vendredi. Pour sa famille, le mystère de sa mort reste entier. «Il était timide, confie Rafick, j’étais son seul ami. Je n’ai jamais rien eu à lui reprocher. Je lui parlais comme à un frère. J’avais de grands projets pour lui. Je lui disais toujours qu’il lui fallait terminer ses études pour aller étudier à l’étranger. J’ai un frère au Canada et une soeur en Angleterre. Mais lui souhaitait reprendre mon business. Je cherche en vain une explication à son geste.»
La police a ouvert une enquête pour faire la lumière sur cette affaire. La tâche des policiers risque d’être difficile car l’adolescent n’a pas quitté de lettre ou donné une indication quelconque pour justifier son geste de désespoir.
Deux autres cas de pendaison
Un Trainee Prison Officer a également mis fin à ses jours par pendaison, cette semaine. Cet habitant de Mahébourg, âgé de 29 ans, s’est suicidé le mercredi 5 septembre à son domicile. Deux jours plus tard, un habitant de Rivière-des-Créoles s’est donné la mort de la même façon. Cet homme de 50 ans, qui travaillait comme chauffeur, s’est pendu à un arbre dans sa localité. Ses proches n’expliquent pas son geste. La police enquête pour faire la lumière sur ces deux suicides.