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Retour sur le passé trouble d’un «bourreau d’enfant»

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La fillette avait été violée puis brulée vive avant d’être abandonnée dans un terrain vague.

Accusé provisoirement d’avoir violé et brûlé vive sa nièce de 7 ans, José Casimir s’est donné la mort, en fin de semaine, dans sa cellule à la prison de GRNO. Après ce drame, ses proches reviennent sur l’itinéraire de celui qui était loin d’être un enfant de chœur.

Il a été traité de tous les noms. Voué à la malédiction par ses proches. Car derrière le sourire amical de José Casimir se cachait visiblement une terrible noirceur. Le 13 septembre 2010, il avait avoué avoir violé et brûlé vive la fille de sa sœur Enrika Bisnath. Plus tôt ce jour-là, la petite Joannick Martin, plus connue comme Ninik, âgée de 7 ans, avait été retrouvée morte, à quelques mètres de sa maison à la cité Richelieu. Son corps complètement carbonisé gisait sous un arbre, dans un terrain en friche. Quelques heures plus tard, le rapport d’autopsie, accablant, devait tomber. Conclusion : la fillette avait été violée, puis brûlée vive.

Pourtant, lorsqu’elle avait subitement disparu la veille, au soir du dimanche 12 septembre, les habitants de la localité s’étaient lancés à sa recherche. Mais sans succès. Après la découverte macabre de ce petit corps carbonisé, c’est toute la cité Richelieu qui a crié sa colère et son immense chagrin. Et tous n’avaient qu’une question à la bouche : qui a tué Joannick Martin ? À ce moment-là, nul ne se doutait que le présumé meurtrier n’était autre que l’oncle maternel de la victime, José Casimir, plus connu comme Pékin. «Personne ne l’avait soupçonné car il avait participé aux recherches la nuit où Joannick avait disparu», avance une voisine. Mais ce qui devait arriver arriva. Questionné par les enquêteurs quelques heures après la découverte macabre, José Casimir a craqué et est passé aux aveux. Il dira qu’il regardait une émission de clips avec la petite fille sur ses genoux et que cela l’avait excité. Des témoins l’avaient aussi vu le soir du drame en compagnie de la petite et le lendemain matin rôdant aux environs de l’endroit où le corps sera retrouvé plus tard.

Sous le choc

Depuis, celui que son entourage avait surnommé «bourreau d’enfant», «pervers sexuel» ou encore «baye looké», était incarcéré à la prison de Beau-Bassin. Mais à la veille de sa comparution en cour de Bambous, dans le cadre de l’enquête préliminaire sur cette affaire, José Casimir, 48 ans, a préféré se donner la mort dans sa cellule. Il s’est pendu dans la nuit du jeudi 16 au vendredi 17 août. Son corps a été découvert vendredi matin, aux alentours de 7h30. Pourquoi a-t-il commis cet acte irréparable ? Est-ce parce qu’il était rongé par les remords ? Ou bien avait-il une autre raison ? En tout cas, personne dans son entourage n’arrive à expliquer son geste de désespoir.

Saroja Domingue, la belle-sœur de José Casimir, est sous le choc depuis qu’elle a appris la nouvelle. «J’étais en cour de Bambous pour assister à l’enquête préliminaire quand j’ai eu un appel téléphonique m’informant que José était mort en cellule. Jeudi, un de mes neveux lui avait rendu visite à la prison. Il lui avait apporté des savates neuves pour sa comparution en cour», explique-t-elle. Selon certaines sources proches de l’enquête sur ce suicide, José Casimir aurait demandé à son neveu si son costume était toujours là, ajoutant que plus jamais on ne le reverrait.

Même si son beau-frère était accusé du meurtre de sa nièce, Saroja Domingue ressent tout de même de la tristesse suite à son décès. «C’est le deuxième membre de notre famille que nous enterrons depuis le début de l’année. La maman de Joannick est décédée le 13 mai suite à des problèmes de santé liés à l’alcool. Et Pékin a quand même fait partie de notre vie. Ce n’est pas parce qu’il était accusé de meurtre que nous sommes insensibles à sa disparition», confie-t-elle d’une voix remplie de chagrin.

Mais qui est réellement José Casimir ? Son père Louis Marc Casimir, 68 ans, écrasé par toute cette affaire – la mort de sa petite-fille et tout ce qui s’en est suivi – revient sur l’itinéraire de ce fils qui lui a apporté beaucoup d’ennuis. Et dire, se souvient-il, que son fils était un gamin sans histoire, plutôt timide. «Il a fréquenté l’école primaire de la localité jusqu’au CPE. Il a échoué et n’a pas continué l’école qui était payante à l’époque. Puis, à l’âge de 12 ans, il a commencé à travailler comme manœuvre maçon. Par la suite, il a eu pas mal de problèmes avec la justice. Il s’est à plusieurs reprises retrouvé au cœur de vols avec violence. Il a braqué des usines, entre autres», raconte Louis Marc Casimir avec peine.

Toutefois, à l’âge de 20 ans, José fait une belle rencontre. Il tombe amoureux de celle qui deviendra son épouse et plus tard la mère de ses trois enfants. «Je pensais que sa vie allait changer lorsqu’il s’est marié à 21 ans. Mais après quelques années de vie commune, son mariage a commencé à battre de l’aile. Sa femme l’a quitté après avoir mis au monde trois enfants, dont l’un est décédé. Depuis, il avait trouvé refuge chez moi. Avant, il habitait chez son épouse à Roche-Bois.»

Divorcé de son épouse en 2001, José Casimir n’abandonne pas pour autant ses enfants. Il fait même le va-et-vient entre le domicile de sa femme et celui de son père. Mais quelque temps plus tard, son ex-épouse lui interdit de franchir le seuil de sa maison. «José était violent de nature. Nous avons divorcé car il gaspillait tout son argent dans l’alcool et dans les jeux d’argent. Un jour, lors d’une visite, il avait tenté de brûler une de nos filles avec une cigarette. Je suis arrivée à temps et j’ai pu empêcher qu’il ne brûle cette dernière aux jambes. Depuis, je lui avais interdit de mettre les pieds chez moi», nous avait confié l’ex-femme de José Casimir, à l’époque où ce dernier avait été arrêté.

«Pervers sexuel»

Selon Louis Marc Casimir, ce serait à ce moment-là que la vie de son fils aurait complètement basculé : «Il avait en quelque sorte perdu tous ses repères. Il se saoulait souvent, travaillait de temps à autre.» Mais selon le voisinage, José Casimir était aussi un «pervers sexuel». Aux dires de ses voisins, il aurait, dans le passé, eu des relations sexuelles avec une poule de sa mère et l’animal en serait mort. Il aurait également, selon eux, eu des rapports sexuels, quelques jours avant le meurtre de Joannick Martin, avec un vieillard de sa localité derrière une boutique et il jouait aussi souvent au «baye looké».

José Casimir était aussi réputé pour être un homme violent. Sa propre sœur, la maman de Joannick, aurait fait les frais de sa brutalité. «Un jour, il m’avait frappée, à tel point que j’avais fait une fausse couche», confiait la mère de Joannick Martin à 5-Plus dimanche après la terrible disparition de sa petite fille. Toutefois, Enrika Bisnath était loin de se douter que son frère, tout violent qu’il était, pouvait être un «bourreau d’enfant». Un «bourreau d’enfant» qui n’aurait pas hésité à violer sa propre nièce avant de l’étrangler. Et qui voyant que la petite était toujours en vie après tout cela, l’aurait brûlée vive alors qu’elle respirait toujours. «Mon frère est un monstre», disait haut et fort Enrika, à l’époque, pour exprimer sa colère envers celui qui aurait volé la vie de son enfant d’une manière aussi horrible.

Pourtant, sur son lit de mort dans la nuit du 12 mai 2012, Enrika Bisnath suppliait ses proches de transmettre un message à son frère : «Dire Pékin pardonn mwa. Li dans prison pou nanie…», avant de mourir deux heures plus tard. «Elle nous a suppliés de dire cette phrase à Pékin. Je ne sais pas si elle disait la vérité ou si c’était son état agonisant qui la faisait radoter. Je n’en sais rien. En tout cas, je ne peux pas dire si mon fils est coupable ou innocent du meurtre de Joannick. Seul Dieu le sait», déclare Louis Marc Casimir qui n’a rendu aucune visite à son fils depuis son incarcération.

José Casimir est-il vraiment le meurtrier de Joannick Martin ? Les enquêteurs en sont convaincus, d’autant qu’il avait fait des aveux complets, et ce, même si par la suite il avait nié toute participation à ce meurtre crapuleux. Quoi qu’il en soit, José Casimir ne fera pas face à son procès. Il a préféré tirer sa révérence avant.

Jean Bruno, commissaire des prisons : «Le détenu ne présentait aucun signe de détresse»

Rien ne laissait présager que José Casimir commettrait l’irréparable. C’est ce qu’affirme Jean Bruneau, le commissaire des prisons. Selon lui, le détenu José Casimir ne présentait «aucun signe de détresse» qui aurait pu trahir son geste prémédité. «C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris le décès de ce détenu. C’est d’autant plus regrettable qu’ il avait assisté à des sessions de travail de l’ONG Befrienders qui sensibilise les détenus face aux éventuelles tentatives de suicide dans le milieu carcéral», explique Jean Bruneau. Il avance, par ailleurs, que les officiers de la prison ont également bénéficié d’une formation leur permettant de détecter les signes avant-coureurs de suicide chez les détenus. «Nous avons initié une enquête interne pour faire la lumière sur les circonstances exactes de ce drame», précise-t-il.

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