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Page «Jeunes Mauriciennes en chaleur» : des victimes racontent leur cauchemar

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Les jeunes filles qui ont témoigné sont tellement révoltées et honteuses qu’elle ne veulent pas affronter les regards des autres.

Plus qu’un réseau social, Facebook est devenu un véritable phénomène planétaire. Si ce site permet avant tout d’étendre son cercle d’amis, de se donner des nouvelles, de se tenir au courant des événements importants et autres, certains l’utilisent pour diffamer, insulter ou porter atteinte à la réputation d’autrui, quitte à enfreindre la loi. Cette semaine, des Mauriciennes en bikini, se sont retrouvées, contre leur gré, sur une page intitulée «Jeunes Mauriciennes en chaleur». Voici leurs récits.

Facebook. Voilà un site qui suscite beaucoup d’engouement. Mais qui est aussi la source de bien des dérives. Et pas des moindres ! Ce réseau social peut être un outil à double tranchant, une véritable bombe à retardement ! Si l’épisode de Krishnee Bunwaree, arrêtée la semaine dernière pour avoir tenu des propos sectaires sur Facebook et visant une communauté (voir hors-texte) est encore frais dans les mémoires, cette fois on assiste à un autre dérapage sur ce même réseau social.

Cette semaine, plusieurs Mauriciennes sont tombées des nues en découvrant des photos d’elles sur une page Facebook intitulée «Jeunes Mauriciennes en chaleur». Sur cette page qui a été créée le 26 mars dernier, on pouvait voir des filles, pour la plupart des mineures, portant des bikinis, ou des étudiantes en uniforme dans des positions parfois quelque peu osées, entre autres. Un Facebookeur se serait amusé à voler des photos des jeunes filles dont les comptes sont ouverts au public sur le réseau social avant de les publier sur la page «Jeunes Mauriciennes en chaleur». Alors que d’autres jeunes filles, qui participaient au concours Miss Bikini sur Facebook ont vu les photos prises pour les besoins dudit concours sur la fameuse page. Celle-ci a depuis été supprimée par la Computer Emergency Response Team de Maurice (CERT-MU).

Alertée, la Cybercrime Unit de la police a ouvert une enquête afin de remonter jusqu’au principal suspect, qui a fait plus d’une centaine de victimes. Dans le cadre de cette affaire, un jeune étudiant habitant Rose-Hill, soupçonné d’être l’auteur de cette page, s’est rendu aux Casernes centrales, le mercredi 8 août, pour nier en bloc les accusations portées contre lui. Pour l’instant, il n’y a eu aucune arrestation.

«Humiliée»

Du côté des jeunes victimes, c’est la révolte et la colère qui prédominent. Quelques-unes de celles que nous avons rencontrées, traumatisées, racontent comment leur vie est devenue un cauchemar depuis la découverte de cette page (nous avons modifié leurs prénoms pour préserver leur anonymat). Géraldine, une habitante du Nord, âgée de 18 ans, en fait partie. Elle a d’ailleurs été la première victime à porter plainte, le mercredi 8 août, à la Cybercrime Unit de la police aux Casernes centrales.

«C’est une amie qui m’a avertie, le 7 août, que ma photo circulait sur cette page. La photo publiée avait été prise dans le cadre du concours Miss Bikini auquel je participe sur Facebook. Je me suis sentie très humiliée lorsque j’ai vu ma photo sur cette page d’autant que le nom de celle-ci est très évocateur», confie la jeune fille. Depuis, elle a honte d’être reconnue dans la rue et, surtout, d’en parler à son père. «J’en ai parlé à ma mère mais mon père n’est toujours pas au courant de cette affaire car j’ai honte et je ne veux pas perdre sa confiance. J’ai aussi très peur d’être reconnue en chemin. C’est la première fois qu’une telle chose m’arrive. J’attends vivement que celui qui est derrière cette sale affaire soit traduit en justice et qu’il paie pour tout le mal qu’il m’a fait ainsi qu’aux autres filles», se révolte Géraldine.

Katalina, 15 ans et habitant l’Ouest, a elle aussi très honte. Cette étudiante de Form IV n’ose plus sortir de chez elle depuis que toute cette affaire a éclaté en début de semaine. Elle est d’autant plus embarrassée que c’est une photo d’elle qui apparaissait comme photo de couverture sur cette page qui a porté atteinte à son honneur. Elle en fait déjà les frais dans sa localité. «La photo qui était sur le site avait été prise en juin lors d’une sortie en famille à Flic-en-Flac. Je l’avais postée sur mon compte personnel mais celui-ci était ouvert au public. Je suis nouvelle sur le réseau, j’ai créé mon compte en mars. Actuellement, j’ai très peur. Des habitants de la localité en parlent déjà et me passent des remarques. Mes parents ne sont toujours pas au courant. Je n’ose pas leur en parler, mais ils ne vont pas tarder à l’apprendre. Je redoute leurs réactions. Cette personne machiavélique a l’esprit vraiment tordu. Il a porté atteinte à ma réputation», s’insurge l’adolescente.

Si le désir de porter plainte contre cet individu se fait sentir, la jeune fille affirme ne pas savoir comment s’y prendre : «Je suis mineure. Mes parents ne savent rien de cette histoire et je dois être accompagnée d’un adulte pour porter plainte. Je ne sais pas vers qui me tourner.» Visiblement traumatisée, elle n’est pas près d’oublier cet épisode qui la marquera à tout jamais.
Shirley, une autre victime, âgée de 18 ans, vit le même drame. Et le comble, c’est que c’est la deuxième fois que la jeune femme fait face à ce genre de situation. «Il y a deux ans, alors que je venais de m’enregistrer sur Facebook, quelqu’un avait pris une photo de moi sur mon compte et l’avait postée sur un site pornographique. À l’époque, je ne connaissais pas les paramètres de sécurité de Facebook. J’avais porté plainte à la police mais jusqu’à maintenant, le coupable court toujours et il n’y a pas eu de suite», raconte Shirley, visiblement révoltée.

Si elle affirme ne s’être jamais remise de ce cauchemar, elle n’a toutefois pas jugé bon de supprimer son profil sur Facebook. Ce n’est qu’actuellement qu’elle y songe. «Lorsque j’ai appris que ma photo circulait sur cette page à caractère sexuel, j’étais vraiment dégoûtée. Surtout quand j’ai vu tous ces commentaires désagréables que les gens avaient faits sur ma photo. C’était dégueulasse. D’ailleurs, je ne cesse de recevoir des propositions indécentes dans mon inbox. Tous mes albums photos sont privés mais le cliché qui figurait sur cette page faisait partie de l’album des photos de couverture. Or, il n’y a aucun paramètre de sécurité pour les photos de couverture. Je pense sérieusement à me retirer de Facebook», soutient Shirley, très en colère.

«Dégoûtée»

Priya, une Portlouisienne de 20 ans, avance pour sa part qu’elle ne publiera plus jamais des photos d’elle en bikini sur sa page Facebook. Dégoûtée, elle a porté plainte au poste de police de sa localité le jeudi 9 août. «Heureusement que je suis soutenue par ma famille. Sans elle, je serais perdue. La photo publiée était dans le cadre du concours Miss Bikini. La personne qui a pris ces photos est vraiment sans scrupule. Elle mérite une sanction très sévère.» Mary, une mère de famille, regrette, elle, que sa fille de 14 ans, qui n’est même pas abonnée à Facebook ait été victime de ce «pervers» qui se cache derrière la page Jeunes Mauriciennes en chaleur.

«C’est une de mes amies qui m’a annoncé la terrible nouvelle. Ma fille Sophia et sa copine qui est, elle, sur Facebook avaient posé en bikini en début d’année lors d’une sortie en famille. C’est cette photo qui circulait sur cette page. C’est révoltant. Heureusement que ma fille a un caractère fort. Elle ne se laisse pas abattre facilement. Mais elle redoute la rentrée des classes. Si elle fait l’objet de remarques désobligeantes, alors là je vais porter plainte pour diffamation et poursuivre celui qui est derrière cette affaire», soutient la mère de la jeune victime. Et Sophia d’ajouter, exaspérée : «Facebook, jamais au grand jamais. Cela me laisse un goût très amer.»

Un goût très amer. Meenakshi de Rose-Hill le ressent aussi à cause de cette affaire. Étudiante à l’Université de Maurice, elle a eu droit à des commentaires très déplacés sur sa photo qui s’est retrouvée sur cette page contre son gré. «Je suis révoltée, indignée que mes photos aient été ainsi utilisées pour, en quelque sorte, ternir mon image. Surtout qu’il y avait certains commentaires très déplacés sur ces clichés qui m’ont mise hors de moi. Mais je laisse les enquêteurs faire leur boulot.»

C’est un véritable cauchemar que vivent ces jeunes victimes à cause d’un internaute qui s’est permis d’utiliser leurs photos pour en faire quelque chose de dégradant. Parviendront-elles à effacer ce malheureux épisode de leurs vies ? Rien n’est moins sûr. L’arrestation du responsable apaisera sans doute leur colère mais ne réparera pas pour autant les préjudices causés.

Victime de la page «Chatte en chaleur», elle témoigne
Cette Vacoassienne de 17 ans n’est pas au bout de ses peines. En juin, elle a été victime d’un pervers sexuel sur Internet. Et pour cause, plusieurs de ses photos avaient atterri sur une page Facebook intitulée Chatte en chaleur. Celles-ci avaient été volées de son compte Facebook. Aujourd’hui encore, Anouchka en porte les séquelles. «J’avais porté plainte au poste de police de ma localité. Mais jusqu’à présent, la police n’a rien fait concernant cette affaire.
À l’école, je dois faire face à des commentaires désobligeants. Je dois à chaque fois défendre ma réputation. Dans ma localité, je rencontre parfois le même problème. Ma vie est devenue un enfer. Le jeudi 9 août, je suis allée dans les bureaux de l’Information and Communication Technology Authority pour loger une plainte. Mais la page en question avait déjà été supprimée depuis un moment. Je crains que le coupable ne soit jamais puni pour son acte», explique la jeune fille. En tout cas, des captures d’écran de la page montrent bien que celle-ci a existé et nombreuses sont les filles qui y figurent, à leur insu.

Un ado soupçonné : son frère aîné le défend
Son nom figurait sur la page «Jeunes Mauriciennes en chaleur» en tant qu’administrateur. En d’autres mots, celui qui gérait la page en question. Interrogé aux Casernes centrales, le mercredi 8 août, l’adolescent âgé de 13 ans, a nié toute implication dans cette affaire. Son frère aîné revient sur toute cette affaire : «C’est mardi soir que j’ai découvert cette page. C’est ainsi que j’ai vu la photo de mon frère sur la page comme étant celui qui la gérait. Je suis allé le réveiller pour avoir une explication. Il m’a rassuré qu’il n’avait rien à voir avec cette affaire. Le lendemain, c’est de notre plein gré que nous nous sommes rendus aux Casernes centrales. J’ai même apporté notre ordinateur pour que la police vérifie d’elle-même et pour prouver l’innocence de mon frère.» Selon lui, depuis que cette affaire a éclaté, son frère fait l’objet de plusieurs menaces et craint désormais pour sa sécurité. «Les gens l’ont déjà jugé sans savoir si c’est vraiment lui le coupable. Demain, lundi 13 août, c’est la rentrée scolaire et il a peur d’être attaqué. Il est lui-même une victime», déclare le frère de l’adolescent qui veut défendre celui-ci coûte que coûte.

Le compte de Barack Obama piraté

Un mot de passe est facile à craquer sur Internet, et un compte vite piraté. Ce qui prouve que personne n’est à l’abri d’un piratage. Même le président des États-Unis, Barack Obama, en a fait les frais. Le 24 mars 2010, un jeune homme de Clermont-Ferrand, en France, avait été arrêté après avoir piraté pendant des mois, les comptes Twitter et Facebook de Barack Obama. Le pirate de 25 ans pouvait donc créer, modifier ou même effacer des données ou des comptes à sa guise. Mais surtout, il pouvait infiltrer les messages personnels du président. Malgré toutes les politiques de confidentialité en vigueur sur Facebook, les dérapages sont de plus en plus fréquents.

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