Patrick Assirvaden : «On pourra éviter l’usage du charbon et de l’huile lourde dans 20 ans, si on commence, dès aujourd’hui, à augmenter notre part d’énergie renouvelable»
Rajen Valayden : «Il faudra demander à CT Power de réorienter son projet en utilisant le gaz naturel»
Après plus d’un an de litige au tribunal de l’environnement, le président de cette instance a tranché en faveur de CT Power qui avait initié une action légale contre le refus du ministère de l’Environnement de lui accorder un permis d’opération car, parmi les raisons évoquées, il y avait la proximité de la firme auprès des zones résidentielles. Patrick Assirvaden, le président du Parti travailliste, et Rajen Valayden de l’association Right 2 Live, nous donnent leurs avis sur le sujet.
Que pensez-vous de la décision du tribunal de l’environnement en faveur de CT Power ?
Patrick Assirvaden : Ce qu’on a besoin, ce sont des mégawatts (MW). À l’aube de 2014, si CT Power ne rentre pas en action, on sera obligé d’avoir recours au charbon ou à l’huile lourde, on n’a pas à sortir de là. Vu que le tribunal de l’environnement a imposé 10 conditions à CT Power, que ce dernier devra respecter toutes ces conditions pour pouvoir opérer, autant aller de l’avant avec le projet qui est in the pipeline depuis 2007.
Rajen Valayden : Vu les maigres ressources accordées aux représentants de l’État, c’était prévisible. Mais bien qu’il existe plusieurs points pour interjeter appel, ils ne le feront pas car la bataille de CT Power est avant toute chose, politique. Le développement durable ainsi que le sort des générations futures ne figurent même pas dans ce débat. Cette situation démontre clairement que la précarité intellectuelle ainsi que la schizophrénie aiguë de nos politiques ont atteint un niveau inquiétant.
Quel est votre avis sur l’opération de la centrale à charbon à Pointe-aux-Caves, à Albion ?
Patrick Assirvaden : Le site de Pointe-aux-Caves a été choisi par un expert américain et avant de faire sa proposition, ce dernier a passé en revue une série de critères avant d’établir que ce site était approprié. Ce sont des professionnels qui ont décidé cela, pas des Mauriciens, ni le CEB ou encore un ministère.
Rajen Valayden : L’endroit est secondaire, sauf que Pointe-aux-Caves sera la tombe du projet MID. Cette centrale ainsi que celles en activité, vont tuer toutes les initiatives isolées de production d’énergie propre. Avec le protocole de Kyoto et le sommet de Rio, on a promis à l’humanité de réduire notre émission de carbone. Ce projet représente le mensonge d’un peuple, la démagogie de nos gouvernants et la fragilité de notre pays.
Comment, selon vous, arriver à un consensus ?
Patrick Assirvaden : Il ne s’agit pas d’arriver à un consensus sur le sujet. Nous brûlons du charbon depuis les années 80 dans ce pays et pour obtenir les 100 MW qu’il nous faudra à tout prix avoir, on sera obligé de l’obtenir à travers le charbon ou l’huile lourde. Ce n’est pas avec de l’énergie solaire photovoltaïque ou de l’énergie éolienne qu’on aura les 100 MW qu’il nous faut. À savoir qu’on pourra éviter l’usage du charbon et de l’huile lourde dans 20 ans, si on commence, dès aujourd’hui, à augmenter notre part d’énergie renouvelable sur le réseau.
Rajen Valayden : Ceux en faveur de CT Power croient avoir réussi la démocratisation du secteur énergétique. Au fait, ce qu’ils auront réussi, c’est uniquement la démocratisation de la pollution. J’espère que Navin Ramgoolam trouvera le courage de suivre l’exemple de son homologue malaisien Najib Razak, qui a su freiner un projet de centrale à charbon d’une capacité de 300 MW sur l’île de Sabah afin de protéger l’environnement et son secteur touristique. Il faudra demander à CT Power de réorienter son projet en utilisant le gaz naturel. L’État doit établir un plan de déphasage des autres centrales à charbon.