«Amateurisme», «incompétences des enquêteurs», «mode de fonctionnement qui laisse à désirer»... Les critiques pleuvent sur la Major Crime Investigation Team (MCIT). Depuis l’acquittement, jeudi, d’Avinash Treebhowon et de Sandip Mooneea, les principaux suspects dans l’affaire Michaela Harte, l’avenir de cette cellule de la police est sérieusement remis en question, même si ses
responsables estiment avoir fait correctement leur travail.
Depuis le début du procès, la façon dont l’enquête a été effectuée est vivement critiquée. Des anomalies et autres incohérences ont souvent été mises en avant.
Dans le sillage du verdict qui a entraîné une série d’interrogations sur la façon de faire de nos enquêteurs, le Premier ministre Navin Ramgoolam, a reçu, vendredi, les principaux chefs de police, et plus tôt, le même jour, c’est le chef de la police qui s’est entretenu avec l’équipe d’enquêteurs pour passer en revue le dossier.
Dans un communiqué émis vendredi soir, le bureau du Premier ministre a fait savoir que «le gouvernement est en train de considérer toutes les options concernant des actions à prendre pour que ceux qui ont commis ce crime soient traduits en justice». Car la question demeure : qui a tué Michaela Harte ? Pour beaucoup, c’est à cause «du manque de professionnalisme» de la MCIT que le(s) coupable(s) cour(en)t toujours.
Les premières attaques contre la MCIT sont venues de l’ancien Attorney General, Rama Valayden, avocat d’Avinash Treebhowon : «Je réclame le démantèlement de cette unité. Il n’y avait pas de preuves contre Avinash Treebhowon et Sandip Mooneea. Il n’y avait que des allégations de brutalités policières. Et il y a d’autres preuves. Il existe des empreintes.» L’homme de loi réclame ainsi la réouverture de l’enquête policière : «Il faut une enquête sérieuse pour connaître les dessous de cette affaire.»
Le mode opératoire de la police interpelle aussi Satyajit Boolell, le Directeur des poursuites publiques (DPP) : «Il faudrait revoir la façon de faire les interrogatoires. Il faudrait les filmer ou les enregistrer.» Il est d’avis que «la police ne doit plus se contenter des aveux écrits» et qu’il faudrait à l’avenir «appuyer les aveux par des preuves scientifiques afin d’aider davantage la poursuite».
Me Sanjeev Teeluckdharry, l’avocat de Sandip Mooneea, montre aussi du doigt l’enquête policière : «La MCIT a apporté la honte à l’image du pays. (...) Je suis très triste car la police a démontré son incompétence dans cette enquête. Le(s) vrai(s) coupable(s) est(sont) dans la nature.»
Lui aussi pense qu’il faudrait une réouverture de l’enquête : «J’espère que le DPP et le commissaire de police vont ordonner la réouverture de l’enquête pour connaître la vérité. Il faut connaître la vérité. Dans le cas contraire, ce ne serait pas logique car il y a beaucoup d’exhibits. Je conseille à la police de faire des touch DNA tests. Je lui suggère aussi d’aller voir ceux qui n’avaient pas été interrogés. Il y a eu des manquements. Une grosse erreur de la justice a été évitée.»
Malgré la vague de critiques sur la MCIT, Ranjitsing Jokhoo, no 2 de la MCIT, de son côté, affiche la sérénité : «Nous avons mené notre enquête en notre âme et conscience dans cette affaire.» Entre-temps, les questions sur l’avenir de la MCIT se posent de plus en plus…