Jacques Pereira : «Tout boursier a un devoir moral de retourner dans son pays pour se mettre au service de sa patrie. C’est avant tout une question de conscience»
Iannish Sadien : «Il ne faudrait pas venir avec des lois pour forcer les gens à retourner
à Maurice»
Dans son dernier rapport, l’Audit souligne le non remboursement des bonds concernant les lauréats qui ne rentrent pas au pays. Le ministère de l’Éducation reconnaît que beaucoup de bénéficiaires de bourses d’études ne sont pas retournés au pays et n’ont pas remboursé leurs bonds. Il a aussi indiqué aux officiers de l’Audit qu’il envisage d’entamer des poursuites légales et qu’il a déjà sollicité l’aide du State Law Office en ce sens. Jacques Pereira, Advisor au collège Bhujoharry, et Iannish Sadien, double lauréat de la cuvée 2007, ayant décroché la SSR Scholarship et la bourse française, nous donnent leurs avis sur le sujet.
Est-ce qu’il faut obliger les lauréats à retourner au pays après leurs études ?
Jacques Pereira : Tout boursier a un devoir moral de retourner dans son pays pour se mettre au service de sa patrie. C’est avant tout une question de conscience. D’une certaine façon, c’est pour rendre à l’état l’argent dépensé pour financer ces études. Toutefois, on ne peut forcer personne car cela dépend des cas. Si quelqu’un, par exemple, a fait des études en Aérospatiale, ses compétences ne seront forcément d’aucune utilité à Maurice.
Iannish Sadien : Il ne faudrait pas venir avec des lois pour forcer les gens à retourner à Maurice. Je crois que si c’est le cas, les personnes concernées viendront travailler contre leur gré. Elles se sentiront forcées et n’auront pas de plaisir à travailler pour leur patrie. Selon moi, les lauréats ont un devoir moral de rentrer à Maurice pour se mettre au service de leur pays, et ils le savent. Obliger ce retour ne fait pas bon effet.
Que faudrait-il faire pour inciter les étudiants à retourner à Maurice ?
Jacques Pereira : Une solution serait de les rémunérer à la hauteur de leurs qualifications.
Iannish Sadien : Il y a, certes, le devoir moral de retourner travailler pour son pays, mais d’un autre côté, il faudrait que le pays fasse en sorte que ces jeunes qui retournent après leurs études, trouvent des emplois de qualité. Par exemple, c’est démotivant pour ceux qui étudient la médecine de venir travailler avec des équipements d’un autre temps, alors qu’ils ont utilisé des technologies modernes pendant leurs études. Il faudrait garantir des emplois de qualité aux lauréats et je crois que cela les encouragera à venir travailler pour leur pays.
Faut-il réformer notre système d’allocation de bourses ?
Jacques Pereira : Je pense qu’il est effectivement temps de revoir le système de bourses, car on a bien vu que le système de bonds, qui demande aux lauréats de rentrer aux pays après leurs études, ne marche pas.
Iannish Sadien : Je suis pour qu’il y ait le maintien d’un système de bourses. Cela donne la chance à beaucoup plus de jeunes de faire des études supérieures et de découvrir d’autres pays et d’autres cultures.