Pour Pedostop, ONG qui lutte contre la pédophilie à Maurice, les victimes du présumé pédophile Michel de Ravel ont fait un grand pas en avant. «C’est le début de leur reconstruction», explique Alexandra Schaub, porte-parole de cette ONG.
Elle explique que le rôle de son association est principalement d’apporter du soutien aux victimes et à leurs proches. «Il est essentiel pour les victimes de prendre la parole, de dénoncer, d’être reconnues victimes. Trop souvent les actes d’abus sexuels et d’inceste restent secrets dans les familles, et la victime a le sentiment que c’est le bourreau qui est protégé, pas elle», avance notre interlocutrice.
Le rôle de Pedostop, précise-t-elle, n’est pas de dénoncer les agresseurs mais bien de soutenir les victimes. «Un des engagements de Pedostop est de respecter l’anonymat des victimes et ce qu’elles déposent chez nous. Michel de Ravel est passé aux aveux et c’est une reconnaissance pour ses victimes. Pour Pedostop, c’est la meilleure issue possible. Ensuite, la justice fera son travail et c’est par le biais de ce processus que les victimes pourront être libérées de leur souffrance», explique-t-elle.
Avant de poursuivre : «Toute route qui amène à dénoncer est longue et difficile. Les victimes d’abus sexuels se sentent souvent responsables de ce qui leur est arrivé, en ont honte, et le pédophile, généralement grand manipulateur, participe à cela. C’est probablement pour elles, aujourd’hui, le début de la sortie du tunnel, un moment d’ombre et de lumière, porteur d’émotions contraires et difficiles à canaliser.»
Si dans cette affaire, certaines langues se délient pour venir dire que les cinq filles auraient subi des pressions pour ne pas dénoncer ces actes indécents, Alexandra Schaub affirme que la pédophilie n’est pas un linge qui se lave en famille. «Avec la dénonciation des cinq filles, c’est ce cercle qui a été rompu. Même s’il y a eu pressions, elles n’ont pas abouti. La vérité a vu le jour et l’affaire remise aux mains de la justice.» Commentant les excuses de Michel de Ravel à ses victimes, Alexandra Schaub dit espérer qu’il a fait preuve de sincérité dans ses dires. «C’est la meilleure chose qui soit ressortie de cette affaire. Car le pédophile, généralement, ne voit pas où est le mal dans ce qu’il a fait. C’est d’ailleurs pour cela qu’il se permet des actes criminels, et agit en toute impunité. Le chemin de la conversion est difficile pour un pédophile. L’expérience a prouvé que le taux de récidives est réduit par l’association pénal-traitements médicaux et psychologiques. J’espère qu’il sera pris en charge en ce sens.»