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«Le pédophile peut être Monsieur Tout Le Monde»

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Dans le sillage des dénonciations de cinq jeunes femmes qui disent avoir été abusées dans leur enfance par un homme d’affaires, Michel de Ravel, la psychosociologue apporte un éclairage sur la pédophilie en répondant à quelques questions.

Quel est le profil type d’un pédophile ?

Il n’y a pas de profil type. Le pédophile est «Monsieur Tout le Monde» ou peut être un individu inhibé sur le plan affectif et sexuel vis-à-vis des adultes. Il peut justifier ses actes. Il ne les critique pas et il peut ressentir toute condamnation comme une injustice et une incompréhension. Pour Coutenceau, psychiatre suivant des délinquants sexuels, «la pédophilie appartient à la catégorie des troubles de la personnalité. Ces gens ne sont ni fous ni banalement névrosés, ce sont des sujets impulsifs, présentant des troubles du caractère, immatures, égocentriques». Dans 70 % des cas d’abus sexuels, l’agresseur, homme ou femme, est issu du milieu proche de la victime. C’est un parent, un ami de la famille, un oncle, un homme religieux, un enseignant, une nounou, un responsable d’institution, un chef scout, etc.

Qu’est-ce qui pousse quelqu’un vers la pédophilie ou comment devient-on pédophile ? Le pédophile lui-même, peut-il avoir été une victime d’actes incestueux ou d’attouchements sexuels ?

Des traumatismes – abus sexuels dans l’enfance, carences affectives graves, maltraitance, etc. – peuvent être à l’origine des abus sexuels, créant des défaillances dans la construction de la personnalité et des repères de l’individu. Selon Thibaut (2008), environ 30 % des pédophiles auraient été victimes d’attouchements sexuels au cours de leur enfance.

Les maladies mentales (psychose maniaco-dépressive, schizophrénie) seraient en cause dans seulement 4 % des délits sexuels selon Thibaut. 10 % des parents abuseurs souffriraient de maladies mentales : psychopathie, paranoïa, perversion, selon Kempe & Kempe (1978).

Dans ce cas précis, qu’est-ce qui explique que 15 ans après, les victimes aient décidé de porter plainte contre leur agresseur ?

Les enfants sexuellement abusés se sentent souvent physiquement et moralement sans défense, la force et l’autorité des abuseurs les empêchent d’agir ou de réagir. De nombreuses victimes restent silencieuses pendant des années, dans de multiples situations d’abus sexuels. Il est très difficile pour des personnes victimes d’abus de dénoncer leur agresseur pour plusieurs raisons :

- La relation avec l’agresseur qui est quelqu’un qu’on aime bien, qu’on a aimé et à qui on a fait confiance.

- Le déni : qui est un mécanisme de défense mis en place par la victime pour se protéger et pour éviter de se souvenir de ce qui s’est passé, tant c’est source de souffrance.

- Les menaces de l’agresseur (de suicide, de tort causé aux proches, de soi-disant «briser la famille», etc.)

- La peur de ne pas être cru car il y a peu de preuves matérielles.

- Dans les cas d’abus sexuels sur les enfants, la peur de se sentir jugé et condamné par l’environnement.

- La pression de la famille.

- La honte, la culpabilité, le poids du secret.

Y a-t-il des séquelles, à vie ou partielles ?

Plusieurs conséquences sont observées suite à un abus sexuel, que les victimes soient conscientes ou non d’avoir subi un abus sexuel. Elles varient selon l’âge des victimes au moment de l’abus, la durée de l’abus, la validation de la parole de l’enfant et le plaisir qu’a pu ressentir l’enfant victime. Les conséquences peuvent être très graves, à court et long termes, d’où la nécessité de prendre vraiment en considération un abus sexuel, quelle que soit sa forme (attouchements, baiser forcé, être obligé de faire une fellation ou masturber un plus âgé, etc.)

On peut observer un sentiment de peur, une image de soi défaillante, une dévalorisation de soi, le sentiment que le corps est «souillé», la honte, colère, culpabilité, des états dépressifs, des troubles alimentaires, une vie sexuelle désorganisée, une masturbation excessive, des tentatives de suicide ou des suicides accomplis, etc. Même si les effets des abus sexuels sont importants, les victimes peuvent mettre en place des stratégies de coping et peuvent être résilientes.

Souvent, les victimes d’abus se culpabilisent et pensent que tout est de leur faute. Que faut-il faire dans ce cas ? Comment les amener à en parler ?

La notion de culpabilité ressentie par l’enfant victime est renforcée par l’abuseur qui insiste sur le fait que l’enfant l’a séduit, sur le plaisir que la victime aurait pu ressentir, sur le fait que la victime n’ait pas dit «non». Souvent, vu les liens avec l’agresseur et la manipulation, l’autorité abusive de celui-ci, l’enfant sent qu’il n’a pas le droit de se défendre ou de refuser ce qui lui est proposé, voire imposé. Il est capital de dire à l’enfant que ce n’est pas sa faute, que ce qui s’est passé n’est pas bien, que personne n’a le droit de toucher ses parties intimes. Ce travail de déculpabilisation est précieux. Il importe que tout traumatisme soit mis en mots pour une réelle réparation.

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