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La chute d’un homme d’affaires

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Michel de Ravel de l’Argentière en présence de son homme de loi, Me Hawoldar, aux Casernes centrales.

Il était considéré comme un homme «très respecté» dans le monde du business à Maurice. Mais l’image que projetait Michel de Ravel de l’Argentière a pris un sacré coup cette semaine après que cinq jeunes femmes ont porté plainte contre lui pour attouchements sexuels alors qu’elles étaient encore enfants. Derrière le brillant homme d’affaires se cachait visiblement un «pédophile».

Michel de Ravel est de ceux qui font partie du cercle très fermé de Tamarin. Cercle dans lequel uniquement les parents et les amis proches sont admis. Cercle dans lequel la règle d’or, selon une source, se résume en une phrase : «Tout ce qui se dit et tout ce qui se fait ici restent entre nous ; le linge sale se lave en famille.» Mais cette règle d’or qui a été appliquée et respectée durant de longues années au détriment de bien des personnes a été brisée cette semaine par cinq jeunes femmes de ce milieu qui accusent un des leurs de s’être livré à des attouchements sexuels sur elles dans leur enfance.

Le présumé agresseur est Michel de Ravel de l’Argentière, un homme d’affaires réputé, âgé de 52 ans. Marié et père de deux enfants – une fille et un fils –, cet habitant de Tamarin a vu son «image bien gardée» s’effondrer en l’espace de quelques jours. Ceux qui le côtoyaient dans le monde des affaires sont tombés des nues en apprenant cette sinistre histoire, fait ressortir un habitant de Tamarin. «Son business se trouve à Pailles. Il est spécialisé dans le commerce d’équipements textiles à travers l’île. C’est l’un des plus gros revendeurs. Il est très connu et très respecté dans le milieu. Depuis que cette affaire a atterri sur la place publique, ses clients ne savent plus quoi penser de lui car il projetait une belle image. Il n’y a pas que sa réputation qui a pris un sacré coup mais aussi son business», soutient notre source.

Car plus de 15 ans après les faits, cinq jeunes femmes ont décidé de briser le mur du silence et de dévoiler avec force détails des attouchements sexuels et d’autres actes déplacés que leur a fait subir le businessman. Elles ont consigné leurs dépositions au bureau du Central Criminal Investigation Department (CCID) aux Casernes centrales en début de semaine, en la présence de leur avocate, Me Yanilla Moonshiram. Et apparemment, elles ne sont pas les seules à accuser l’homme. «Deux autres victimes qui sont à l’étranger feront le déplacement à Maurice cette semaine pour loger une plainte formelle contre Michel de Ravel», nous a déclaré Me Yanilla Moonshiram. L’homme n’est pas sorti d’affaire.

D’ailleurs, il n’a pas cherché à nier les accusations des jeunes femmes. Interrogé sur les allégations formulées contre lui, Michel de Ravel a reconnu les faits. Dans sa déclaration au CCID, le vendredi 29 juin, en présence de son homme de loi Siddhartha Hawoldar, Michel de Ravel a expliqué qu’il a même suivi une thérapie psychologique pour combattre cette «attirance» qu’il avait envers les petites filles.

Pour ce faire, il s’est, dit-il, rendu à La Réunion. Selon une source proche de l’affaire, aucun psychologue à Maurice n’avait pu lui venir en aide à l’époque. La raison évoquée : «Les psychologues de Maurice, qui étaient alors en minorité, traitaient déjà les victimes de cet homme. Donc, il était impossible pour eux de le traiter en même temps.» Selon Me Siddhartha Hawoldar, son client n’a pas eu de comportements obscènes sur des fillettes depuis huit ans. Soit depuis 2004. «Cela fait huit ans déjà que mon client n’a pas récidivé», nous a-t-il déclaré.

Cette révélation soulève quand même des interrogations. Les cinq victimes qui ont témoigné affirment que les faits se sont produits en 1998, ce qui laisse supposer qu’entre 1998 et 2004 Michel de Ravel a fait d’autres victimes. Combien sont-elles ? Une source avance qu’à ce jour dix victimes sont sorties de leur mutisme mais que seulement cinq ont porté plainte. «Deux autres devraient faire leurs dépositions très bientôt, comme l’a confirmé l’avocate Moonshiram. Mais le nombre de victimes peut être multiplié par deux ou trois. Et celles-ci ne sont pas prêtes à en parler.» 

Selon cette même source, cette histoire se savait dans le milieu proche de Michel de Ravel. Mais, selon elle, personne n’osait en parler, car il fallait respecter la règle d’or. «Les proches de ces familles n’auraient pas réagi. Ils ont minimisé pour ne pas troubler l’ordre car il y aurait des liens de parenté.» Tout laisse croire qu’il n’était pas difficile pour Michel de Ravel de choisir ses victimes. Ces dernières faisaient pour la plupart, le va-et-vient chez lui. «Ces enfants venaient souvent chez lui. Il les touchait dans la piscine, en bateau ou encore quand les gamines dormaient chez lui.» D’ailleurs, dans leurs dépositions, les filles décrivent avec force détails comment Michel de Ravel se collait contre elles dans la piscine. Plus de 15 ans après, la plaie ne s’est toujours pas refermée pour ces victimes d’attouchements sexuels.

Une charge provisoire d’attentat à la pudeur a été retenue contre Michel de Ravel. Il risque une peine d’emprisonnement de trois à dix ans. Dure chute pour ce brillant homme d’affaires au passé trouble.

Me Siddhartha Hawoldar

«Mon client demande pardon»

Il serait rongé par les remords et regretterait ses faits et gestes sur ses victimes. C’est ce qu’affirme l’avocat de Michel de Ravel, Me Siddhartha Hawoldar. «Mon client demande pardon à ses victimes. Il regrette ce qu’il a fait», nous a déclaré l’homme de loi. Lors de son interrogatoire au CCID, le vendredi 29 juin, pendant plus de huit heures, le présumé pédophile a expliqué aux enquêteurs qu’il était conscient du problème dont il souffrait. Il a été présenté devant la Bail and Remand Court hier, samedi 30 juin, et ensuite reconduit en cellule policière. Il sera présenté en cour de Bambous demain sous une accusation provisoire d’attentat à la pudeur. «Mon client assume entièrement ses actes. Il a fait preuve de courage et a dit la vérité lors de son interrogatoire. Il a même affirmé avoir eu recours à des traitements pour combattre le problème qu’il avait», a fait ressortir Me Hawoldar.

Me Yanilla Moonshiram 

«Mes clientes ont craqué car la pression était énorme»

Elles ne pouvaient garder ce lourd secret plus longtemps. Et elles ont fini par tout dévoiler au grand jour. Agées de 19, 20, 21 et 22 ans, les cinq victimes de Michel de Ravel de l’Argentière veulent que justice soit faite. Leur avocate, Me Yanilla Moonshiram affirme qu’elles «sont satisfaites à ce stade car Michel de Ravel a reconnu les faits. Elles attendent maintenant que cet homme soit jugé au plus vite pour que justice leur soit rendue». Elle explique par ailleurs que ces jeunes femmes ont fini par craquer car «la pression était énorme. Elles ont toutes eu recours à des traitements psychologiques». Deux autres victimes qui se trouvent actuellement à l’étranger ont déjà retenu les services de Me Moonshiram pour aller de l’avant dans cette affaire. «Elles rentrent cette semaine pour déposer.» Affaire à suivre…

Les réactions déferlent sur la page Facebook de Pedostop

C’est une histoire qui n’a pas laissé les Mauriciens insensibles. Et pour cause, depuis que cette affaire de mœurs impliquant Michel de Ravel a éclaté, la page Facebook de Pedostop-contre la pédophilie à Maurice est submergée de réactions. Entre colère et révolte, les Mauriciens se lâchent. «C’est un pas de géant pour la société mauricienne ! Je suis fière du courage de ces filles! Le fait d’avoir porté plainte donne enfin toute sa signification à un acte criminel. J’espère que d’autres femmes auront cette force d’affronter leur bourreau», témoigne une jeune femme sur le site. Un autre internaute sur le site écrit : «La honte et la peur doivent changer de camp.» Tandis que d’autres félicitent les victimes pour avoir fait preuve de courage. «Bravo et surtout bon courage. Vous donnez de la force aux autres. Je suis sûre que ce cheminement vous apportera la paix», peut-on lire sur la page Facebook de Pedostop, ONG qui lutte contre la pédophilie à Maurice.

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