Véronique Wan Hok Chee explique que ces violences témoignent d’un dysfonctionnement dans notre société.
Depuis le début de l’année, il y a eu 14 meurtres dont certains avaient des motifs passionnels. Et il semble que les victimes de ce genre de crime sont pour la plupart des femmes. De plus, la tendance actuelle tend à démontrer que souvent les hommes, après avoir commis l’irréparable, tentent de mettre fin à leurs jours. Comment expliquer ces violences conjugales qui tournent parfois à la barbarie ? On fait le point avec la psychologue-clinicienne Véronique Wan Hok Chee.
Une prise de bec. Des mots violents. Des provocations. Selon la psychologue Véronique Wan Hok Chee, c’est ainsi que les disputes dans un couple commencent généralement avant que le/s protagoniste/s n’en vienne/nt aux mains. Et dans le pire des cas, les choses se terminent dans une mare de sang. Les cas de violences conjugales, enregistrés cette semaine, témoignent selon la psychologue, d’un «dysfonctionnement de la société, que ce soit à Maurice ou ailleurs dans le monde». Elle avance que la violence est commise dans la plupart des cas sur des femmes.
«La femme a toujours été perçue par les hommes comme un être faible. Si au fil du temps, certains ont adopté une attitude différente, il y a malheureusement d’autres qui ont toujours une mentalité de macho, qui pensent qu’ils peuvent traiter les femmes comme bon leur semble. Une fois mariés, ils vont agir en dominateur envers leurs épouses. “Sois belle, fais ce que je te dis et tais-toi” sont souvent leurs maîtres-mots. Et si jamais la femme fait fi de leur autorité, ils vont s’acharner sur elle», explique notre interlocutrice.
Frustrés et sous l’emprise de la colère, ils perdent, selon la psychologue, leur faculté de raisonnement. «C’est là que dans la plupart des cas, les hommes perdent le contrôle de leurs pulsions et s’acharnent sur leurs compagnes avec violence. Souvent, entraînant la mort de ces dernières», avance Véronique Wan Hok Chee.
Jalousie excessive
Le phénomène de «tu me quittes, je te tue et je me suicide après» inquiète beaucoup la psychologue-clinicienne. «C’est trop facile de tuer la femme qui rompt pour se mettre avec quelqu’un d’autre ou pour vivre seule. C’est un choix légitime que tout le monde a le droit de faire. Ce phénomène de “si tu me quittes, je te tue et je me tue après” démontre que l’homme fait preuve d’une jalousie excessive. La personne qu’il dit aimer est devenue son objet, sa propriété, son bien. C’est la possession poussée à l’extrême. La cassure est impossible à digérer, on finit donc par éliminer définitivement la personne avant de se donner la mort. Dans ces cas, on entend souvent la fameuse phrase, “personne pa pou gagne toi, si bisin nou mort ansam”.»
D’autres facteurs, comme la consommation de drogue ou d’alcool, peuvent également pousser une personne à commettre l’irréparable. «C’est également une source de conflits dans plusieurs familles mauriciennes. Il suffit d’un verre de trop pour que le mari élève le ton sur la femme et qu’une bagarre éclate. Souvent, elle se termine dans une mare de sang.» Certaines femmes victimes de violences conjugales se battent pour sortir de cet enfer et n’hésitent pas à trouver refuge dans des centres d’accueil. Tandis que d’autres se résignent à supporter la maltraitance qui leur est parfois fatale.
Des histoires effroyables en quelques dates…
% 17.01.2012 : Anjoo Baillache est retrouvée morte chez elle par la police à cité EDC, St-Pierre, avec de multiples blessures au visage. Son concubin Mario Laval Joséphine sera arrêté sur place dans un état d’ébriété. Il aurait tué la jeune femme la veille au soir, avant de se saouler pendant toute la nuit.
% 12.02.2012 : Asmah Tengnah, 52 ans, est égorgée par son mari Nizam Tengnah, le jour de la Saint-Valentin. Alors qu’elle tentait de sauver sa mère, la fille du couple, âgée de 13 ans, sera elle aussi agressée par son père. Après avoir commis son forfait, Nizam Tengnah s’est tailladé à l’arme blanche dans l’espoir de mettre fin à sa vie. Mais il ne mourra pas.
% 10.04.2012 : Remena Jumeau, 18 ans, est poignardée par son petit ami Steward Rolfo. Admise d’urgence aux unités des soins intensifs de l’hôpital Jeetoo, la jeune fille échappe de justesse à la mort. Par contre, son petit ami, pris de remords après son acte effroyable, se pend à son domicile.
% 01.05.2012 : Shirley Doobraz, 37 ans, est brûlée vive. L’auteur du crime serait son mari qui aurait tenté de maquiller le drame en suicide mais les enquêteurs n’ont pas été dupes. Il est derrière les verrous.
% 24.05.2012 : Shakti Ramsurrun, un Mauricien de 28 ans, marié à une Canadienne, aurait tué sa femme Anne-Catherine Powers, 21 ans, chez eux au Canada. Dans sa folie meurtrière, l’homme aurait également assassiné la mère de son épouse ainsi que le compagnon de cette dernière. Il aurait agi ainsi parce que sa femme l’avait quitté.
% 05. 06.2012 : Rosinette Chévéry succombe à ses blessures à l’hôpital Jawaharlall Nehru, à Rose-Belle. Cette femme de 42 ans, habitant Montagne-Fanal, à Rodrigues, aurait été rouée de coups par son concubin, Georgy Joe Momus, 33 ans, dans la nuit du 19 au 20 mai. Il n’aurait pas supporté que la victime ait mis un terme à leur relation amoureuse et soit allée à une soirée dansante sans lui. Le présumé meurtrier a avoué son crime et est détenu à la prison Pointe-la-Gueule à Rodrigues.
% 06.06.2012 : Le corps de Sweta Mounien, 32 ans, est découverte dans un état de décomposition avancée à Vacoas. La jeune femme, qui vivait séparée de son époux depuis deux ans, avait emménagé avec un certain Dhinesh Gajadhur. Ce dernier est activement recherché par la police depuis la découverte du corps de la jeune femme. Les enquêteurs sont d’avis qu’il pourrait résoudre le mystère entourant la mort de Sweta Mounien. L’autopsie n’a pas permis de déterminer la cause du décès, vu l’état de décomposition avancée de son corps.
% 08.06.2012 : Soogoon Jangtoo, 59 ans, est violée, puis tuée dans un champ de canne. Son présumé agresseur, un dénommé Jean-Maxwell Gopal, 19 ans, a été arrêté par la police et a avoué son forfait.