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Violences barbares sur des femmes

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La victime aux côtés de son concubin et présumé meurtrier.

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Le couple Michel, le jour de son mariage.

La semaine écoulée a été marquée par des agressions sauvages sur des femmes, causant même la mort d’une d’entre elles. Un homme a tué sa concubine à coups de marteau, un autre a agressé sa femme avec un tournevis et une belle-mère a poignardé sa belle-fille dans
le dos. Autant de cas de violences barbares qui témoignent d’un «dysfonctionnement de notre société» (voir texte en page 10). Entre colère et tristesse, les proches des victimes racontent.

Christiane Moussa, 49 ans, mortellement frappée à coups de machette

Il faisait quotidiennement le va-et-vient entre le domicile de son épouse et celui de sa concubine, mais n’aurait pas digéré le fait que l’époux de sa compagne, sorti de prison, revienne habiter avec celle-ci. Vishnu Bungari, plus connu comme Bala, aurait agressé mortellement Christiane Moussa, 45 ans, le mardi 12 juin, chez elle à Petite-Retraite. L’arme qu’il aurait utilisée pour s’acharner sur sa victime : un marteau.

Après avoir commis l’irréparable, le présumé meurtrier, âgé de 55 ans, a tenté de mettre fin à sa vie en ingurgitant une substance nocive. Il est actuellement admis à l’unité des soins intensifs de l’hôpital de Flacq. Selon la police, il a avoué son crime à son neveu alors que celui-ci le transportait à l’hôpital.

Christiane Moussa laisse derrière elle huit enfants – quatre filles et quatre garçons – anéantis par le chagrin. «Si on avait su que Vishnu était jaloux à ce point, on l’aurait fait fuir depuis le début de sa relation avec notre mère», confie, les larmes aux yeux, Kamel, le cadet. Il souligne que sa mère vivait en concubinage avec Vishnu Bungari depuis sept ans. L’homme faisait le va-et-vient entre la maison de sa compagne et celle de son épouse, avec qui il a un fils.

Une vraie battante

Kamel, qui habite à Roche-Bois, raconte que c’est son jeune frère Noé, 18 ans, qui a fait la macabre découverte en rentrant du travail, vers 19h30, en ce mardi fatidique : «La porte principale de la maison était bizarrement fermée. En entrant, mon frère s’est dirigé vers la chambre de notre mère. Il a vu qu’il y avait une personne sur le lit, sous une couverture. En soulevant celle-ci, il a découvert l’horreur. Notre mère gisait dans une mare de sang et ne respirait plus. Son visage était ensanglanté. Et il y avait un marteau à ses côtés.»

Dans leur malheur, les proches de Christiane Moussa s’accrochent aux bons souvenirs qu’elle leur a laissés. Son entourage la qualifie de femme courageuse et de battante qui a toujours eu à coeur le bien-être de ses enfants. Elle travaillait comme employée de maison chez une famille, et habitait une dépendance sur une propriété sucrière.

«Nos parents sont séparés depuis 13 ans à la suite de la condamnation de notre père à 12 ans de prison pour une histoire de vol. Notre mère avait retrouvé une certaine joie de vivre aux côtés de Bala. Celui-ci travaillait dans un hôtel, au département de la maintenance. Il a démissionné il y a un an, soit quand il a appris que notre père était sorti de prison. Mais celui-ci n’est pas revenu habiter avec ma mère. Toutefois, il y a quelque temps cette dernière avait dit à une de mes soeurs qu’elle voulait quitter Bala car li ti pe fatig li, sans lui dire comment», soutient Kamel.

Il raconte que sa mère avait fait une demande à son patron récemment pour que son père puisse venir habiter avec elle dans la dépendance. L’homme, âgé de 60 ans, n’avait pas de lieu fixe où habiter et voulait être avec ses enfants qu’il voyait seulement lors de ses visites. Mais selon Kamel, Bala voyait tout cela d’un mauvais œil et refusait l’éventualité de partager la maison avec le mari de sa concubine.

C’est ce qui l’aurait poussé à commettre l’irréparable avant d’essayer de se suicider.

Jessica Cyprien, 25 ans, poignardée par sa belle-mère

Allongée sur son lit d’hôpital, la jeune femme peine à respirer. Elle souffre d’une perforation au poumon. Marie Jessica Cyprien, 25 ans, a reçu un coup de couteau au dos, qui a traversé un de ses poumons. Son agresseur présumé n’est autre que sa belle-mère, Rosemain Cyprien, 50 ans. La jeune femme, qui a passé un jour à l’unité des soins intensifs après son agression, avant de subir une délicate opération chirurgicale, n’est toutefois pas tirée d’affaire. Pour l’heure, elle respire grâce à une pompe à oxygène.

«Mon médecin m’a appris que j’allais devoir rester à l’hôpital pendant au moins trois mois. Il m’a aussi dit que pour le moment, même si mon état de santé est plutôt stable, je ne suis pas encore hors de danger. Je peux survivre tout comme je peux y rester», confie Jessica, d’une voix tremblotante. La jeune femme, une habitante de Camp-Firinga, à Pointe-aux-Sables, revient sur les circonstances de son agression, le 10 juin, en tentant de rassembler les pièces du puzzle qui se brouillent un peu dans sa tête.

Elle ou moi

«C’était vers 12h30 et je revenais d’un anniversaire. Ma belle-mère, qui est mariée à mon père depuis 12 ans, suite au décès de ma mère, ne supporte pas que je sorte. Quand je suis arrivée à la maison, elle a commencé à m’insulter, disant que je menais une mauvaise vie, que je sortais trop. Je lui ai fait comprendre que je suis majeure et indépendante. Elle s’est emportée avant de saisir un couteau et de me l’enfoncer dans le dos», raconte la jeune femme. Elle affirme que son calvaire ne s’est pas arrêté là.

Sept autres habitantes de la région, des amies de Rosemain Cyprien, l’auraient également agressée, dit-elle. «Elles ont fait irruption dans la cour sur ordre de Rosemain et m’ont frappée à coups de morceaux de marbres cassés à l’endroit même de ma blessure au dos avant de me rouer de coups. Je ne sais pas comment j’ai pu leur échapper pour me diriger vers le poste de police. Mais en chemin, je me suis évanouie. C’est à l’hôpital que j’ai repris connaissance», pleure Jessica Cyprien.

Contactée, Rosemain Cyprien donne une tout autre version des faits. Selon elle, ce serait Jessica Cyprien qui lui aurait lancé des piques ce jour-là avant de la menacer avec un couteau. «Nous ne sommes pas en bons termes depuis que j’ai épousé son père. Elle ne fait que nous insulter son père et moi. Le dimanche 10 juin, elle m’a traitée de lipie pourri parce que j’ai une blessure au pied qui ne guérit pas. Elle m’a carrément dit qu’elle m’avait jeté un sort et que c’est pour cela que mon pied ne guérissait pas. Après m’avoir insultée, elle m’a menacée avec un couteau. J’avais deux choix, soit je la laissais m’agresser, soit je me défendais. Logiquement, j’ai choisi de me défendre», soutient Rosemain, sous le regard de son époux Lindsay.

Suite à l’agression, la belle-mère a été arrêtée par la police et présentée en cour sous une charge provisoire de «serious assault». Elle a retrouvé la liberté après avoir fourni une caution de Rs 10 000. L’enquête policière se poursuit.

Judex Michel agresse son épouse au tournevis et se suicide

Selon ses proches, il était très angoissé et stressé depuis que sa femme Linda avait déserté le toit conjugal, il y a deux semaines. Et le fait que celle-ci avait emmené ses deux filles de 14 et 10 ans avec elle l’aurait affecté encore plus. Jean-Judex Michel avait eu vent que sa femme et ses enfants, dont il était sans nouvelles depuis, avaient trouvé refuge chez ses parents à Trou-aux-Biches. Le mardi 12 juin, l’habitant de Tamarin a décidé de s’y rendre pour prendre des nouvelles de ses enfants.

Mais une fois sur place, Jean-Judex Michel a perdu son sang-froid et a agressé son épouse avec un tournevis. Pris de remords par la suite, il a ingurgité un produit toxique. Conduit à l’hôpital SSRN, à Pamplemousses dans un état grave, il a rendu l’âme le lendemain. Quant à sa femme, elle a pu regagner la demeure de ses parents à Trou-aux-Biches après deux jours d’hospitalisation.

«Le jour où Linda est partie de chez elle, des policiers sont venus chez mon frère pour lui dire que sa femme avait fait une déposition au poste de Rivière-Noire disant qu’elle quittait sa maison. Par la suite, il l’a appelée pour connaître les raisons de son départ mais elle a refusé toute conversation. Elle lui a même interdit de parler à ses enfants. À mon avis, c’est cela qui a poussé mon frère à commettre l’irréparable», explique Jean-Kersley Michel. Pourtant, selon lui, sa belle-sœur Linda et son frère étaient, en apparence, un couple très heureux.

«Dans la rue, lors de sorties ou promenades, ils se tenaient toujours par la main. Ils avaient des petites querelles comme dans chaque couple. Linda ne manquait de rien et Jean-Judex l’aimait à en mourir. Je ne sais pas pourquoi elle a décidé de quitter mon frère», déclare Jean-Kersley.

Pêcheur de son état, Jean-Judex a rencontré celle qui allait devenir son épouse alors qu’il allait pêcher à Trou-aux-Biches. «Ils se sont fréquentés pendant trois ans avant de se passer la bague au doigt. Ce n’est qu’après dix années de vie commune qu’ils ont eu leur premier enfant», raconte le frère de Jean-Judex. Linda Michel, qui se remet lentement de son agression, n’a pas souhaité faire de commentaires suite au drame qui l’a frappée. Selon une de ses proches, elle serait «très secouée par les événements».

Un deuxième assassinat dans la famille Moussa

C’est le deuxième membre de la famille Moussa qui meurt tragiquement en moins de six mois. Le 14 janvier, Mikael Moussa, 22 ans, le neveu de Christiane, avait été tabassé à mort par le petit ami de son ex-copine. Mikael Moussa a rendu l’âme le lendemain alors qu’il était en soins à l’hôpital de Candos. L’autopsie avait conclu à une «exsanguination due to multiple slash wounds».

Textes : Laura Samoisy et Jean Marie Gangaram

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