Eddy Jolicoeur : «D’autres trouveront une opportunité d’avoir un salaire pour encore cinq ans»
Radhakrishna Sadien : «Ceux qui font un travail lourd attendent de se retirer du service le plus tôt possible»
Que pensez-vous de la proposition de repousser l’âge du départ à la retraite ? Alors que cette option a été évoquée, nous donnons la parole à Eddy Jolicoeur, Group Head of Human Resources à la MCB, et au syndicaliste Radhakrishna Sadien. Ils s’expriment sur le sujet.
Le directeur du Pay Research Bureau propose aux fonctionnaires qui sont nés entre juillet 1950 et juillet 1953, une mesure optionnelle qui est d’étendre l’âge de la retraite à 65 ans. Qu’en pensez-vous ?
Eddy Jolicoeur : Quand, il y a quelques années, l’État est venu étendre l’âge de la retraite à 65 ans, l’objectif était de protéger le fonds de pension. En parallèle à cette urgence ont émergé un certain nombre d’arguments pour passer la retraite à 65 ans : pour nous aligner à d’autres pays développés, pour retenir la connaissance et l’expérience au sein de l’entreprise ou pour permettre à ceux qui ont encore la capacité, de contribuer à l’entreprise. Il semblerait qu’ils soient nombreux à continuer à le faire. Mais d’autres problèmes se posent : la succession, le renouvellement à travers le sang nouveau, entre autres.
Radhakrishna Sadien : Les autorités se sont servies du Pay Research Bureau pour faire avaler une couleuvre en 2008. Nous savons tous ce qui s’est passé en France et en Angleterre avec l’annonce de l’extension de l’âge de la retraite. Ici, cette proposition de la retraite graduée est passée comme une lettre à la poste avec le cadeau empoisonné en 2008 qui était la pension contributive. . .
Pensez-vous que cette mesure conviendra à tous les fonctionnaires ?
Eddy Jolicoeur: Je ne pense pas. Il y a des postes ou des positions où il est impératif d’avoir une réflexion nouvelle. Surtout dans des secteurs qui exigent une ouverture d’esprit.
Radhakrishna Sadien : Cette mesure sera, bien sûr, bien accueillie par ceux à la veille de la retraite, surtout s’ils sont en haut de l’échelon social. Ils auront comme un «new lease of life» au détriment de ceux qui aspirent à une promotion à la fin de leur carrière. Ceux qui font un «travail lourd» attendent de se retirer du service le plus tôt possible. On ne souhaite pas voir quelqu’un mourir pendant qu’il est encore en service. Il faut lui laisser la possibilité de jouir de sa retraite pendant qu’il est encore en bonne santé.
Cette mesure étant optionnelle, pensez-vous qu’il y a beaucoup de fonctionnaires qui tenteront cette expérience ?
Eddy Jolicoeur : Beaucoup d’employés, fonctionnaires ou pas, ont déjà planifié leur retraite à 60 ans. D’autres trouveront une opportunité d’avoir un salaire pour encore cinq ans car le montant de la pension constitue une baisse drastique de revenus pour un employé. Il y a aussi ceux qui pensent qu’ils ont encore du kilométrage et qui continueront le parcours jusqu’à 65 ans.
Radhakrishna Sadien : Cette décision va certainement jouer en faveur de certaines personnes.