Devi Rungasawmi et son amie Namoonah Peerbux avaient organisé ensemble leur voyage.
Haylall Gaongur est triste de ne pas avoir eu la croisière dont il rêvait.
En couple, seul ou avec des amis, ils pensaient vivre des vacances tranquilles sur un paquebot de luxe. Au final, ils ont vécu l’enfer car un incendie a éclaté dans le bateau à bord duquel ils voyageaient. Récit d’une traversée pas comme les autres…
Ils auraient pu embrasser le sol en débarquant à l’aéroport de Plaisance, tellement ils étaient contents. Contents de retrouver leur famille, contents de rentrer sains et saufs dans leur petite île après avoir frôlé une catastrophe. Une dizaine de Mauriciens sont rentrés au pays, hier après-midi, après avoir connu une semaine riche en émotions car la croisière pour laquelle ils avaient embarqué il y a deux semaines, à bord du Costa Allegra, a failli très mal finir. Un incendie avait éclaté à bord, et si le feu a été maîtrisé, le bateau a dérivé avant d’etre remorqué à Mahé, 48 heures plus tard. Après les épreuves et deux nuits aux Seychelles, ils ont enfin pu regagner Maurice, hier.
«Enfin chez moi !», lâche, soulagée, Namoonah Peerbux, une fois dans le hall d’arrivées du SSR Airport, peu après l’atterrissage du vol HM0055 en provenance des Seychelles. Son premier réflexe : tomber dans les bras de ses enfants, Ben Javed et Nousrina, qui sont venus l’accueillir et, surtout, s’assurer qu’ils se portent bien. Encore sous le coup de l’émotion, Namoonah confie qu’elle n’oubliera pas de sitôt cette «folle aventure» : «Je mentirais si je disais que je n’ai pas été inquiète lorsque j’ai appris ce qui était arrivé sur le bateau. Mais très vite, heureusement, l’équipage a pris les choses en main.»
Entre les nuits passées à la belle étoile sur le pont du paquebot où tous les passagers s’étaient regroupés pour des raisons de sécurité, l’étouffante chaleur qui régnait à bord à cause de la panne d’électricité, entre autres conséquences de l’incendie, Namoonah a, dit-elle, beaucoup d’histoires à raconter à ses proches.
Pourtant, tout avait bien commencé pour elle. Ce voyage, elle en avait rêvé et c’est avec sa grande amie Devi Rungasawmi qu’elle connaît depuis plus de 20 ans, qu’elle a embarqué pour cette aventure. «On avait préparé ce voyage depuis tellement longtemps», déclare Devi. Bien que cela ne s’est pas passé comme elle l’espérait, bien qu’elle n’a pas eu la chance de découvrir l’Égypte et les autres destinations au programme, elle est tout de même heureuse d’être rentrée au pays en bonne santé : «Les jours de dérive ont été très pénibles mais heureusement qu’on était bien encadrés. Les choses aurait pu mal finir.» Les deux amies remercient le ciel de ne pas avoir connu le même sort que les malheureux passagers du Costa Concordia qui avait échoué aux larges des côtes italiennes, un naufrage qui a entraîné plusieurs morts.
Dormir à même le sol
Les autres passagers Mauriciens s’estiment également heureux que l’incendie ait pu être circonscrit avant de provoquer plus de dégâts. L’ancien chef juge Jocelyn Forget et son épouse Elisabeth sont de ceux-là. Et ils ne sont pas près d’oublier leur 40e anniversaire de mariage. Ils avaient embarqué à bord du Costa pour marquer d’une pierre blanche cet événement spécial de leur vie. «C’est la première fois qu’on faisait une croisière et c’est un cadeau offert par des proches», nous déclare Elisabeth Forget.
Si les vacances avaient démarré sur une bonne note avec la découverte du port de La Réunion, de Tamatave ou encore de Diego Suarez, la suite de la traversée ressemble davantage, selon elle, à des scènes d’un film d’action : «Il y a d’abord eu les sirènes nous annonçant qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, puis il y a eu tout le reste : le rassemblement de tous les passagers sur le pont no 6. On devait dormir à même le sol et je peux vous dire que c’était très éprouvant. Notre cabine se trouvait au deuxième et à chaque fois qu’on avait besoin de quelque chose, il fallait descendre plusieurs marches car les ascenseurs étaient en panne.»
Son époux Jocelyn Forget gardera lui aussi pour longtemps en mémoire les mauvais souvenirs de cette «terrible traversée» : «Avec tout le monde réuni sur le pont, il faisait une chaleur étouffante et comme il n’y avait pas d’électricité, on ne pouvait pas manger comme il fallait. Et je ne vous parle pas de l’état des toilettes…»
Des récits qui rejoignent celui de Haylall Gaongur, 74 ans, qui voulait pour une fois dans sa vie vivre une chose unique en faisant cette croisière : «Je n’ai pu vivre comme il se doit le voyage mais je peux vous dire que ce que j’ai vécu est vraiment unique…»
Costa dédommage
La compagnie maritime Costa Croisières a prévu d’importants gestes commerciaux pour les passagers du Costa Allegra. C’est ce qu’elle a déclaré à Relaxnews. Les quelque 1 000 passagers qui se trouvaient à bord seront entièrement remboursés et dédommagés pour les coûts de la croisière et de ceux générés par les voyages aller et retour. De plus, la compagnie offre à ceux qui le souhaitent de poursuivre leurs vacances aux Seychelles, où le paquebot a été remorqué, durant sept ou quatorze jours, aux frais de la compagnie maritime italienne. 70 % des voyageurs ont préféré prolonger leur séjour.