Nos compatriotes Marcelino Chaton et Yannick Somaroo racontent la situation à l’île soeur.
Des scènes de violences ont eu lieux dans plusieurs régions du pays.
Depuis une semaine, l’île sœur vit des moments difficiles avec des violences qui éclatent dans certaines régions car les Réunionnais réclament des solutions contre la vie chère. Témoignages de nos compatriotes qui vivent là-bas…
Poubelles et voitures brulées, jets de projectiles, cocktails molotov, barrages de feu, pillages de commerces, bombes lacrymogène, rangées de pierres sur les routes… Ce sont des scènes de violence qu’on peut voir dans diverses régions de l’île sœur en ce moment. En effet, La Réunion connaît depuis lundi, une série d’émeutes qui tient tout le pays en haleine. Motif du malaise : la vie chère. Si les Mauriciens qui vivent là-bas se disent en sécurité, ils suivent de très près cette actualité qui a déjà fait couler beaucoup d’encre.
«Je n’ai jamais vécu ce genre de choses. Ça fait vraiment peur», nous déclare Yannick Somauroo, 20 ans, étudiant en Droit à l’université de La Réunion. Installé à Moufia, dans le Sud-Est de Saint Denis, le jeune homme dit avoir été témoin de manifestations violentes : «J’ai vu monter des colonnes des fumée, j’ai entendu des cris et je peux vous dire que c’était très impressionnant.»
Les premiers troubles ont éclaté lundi soir à Saint-Denis, dans le quartier du Chaudron, et au Port, sur fond de protestation contre la cherté de la vie. Ayant cessé mardi matin, l’agitation a repris mardi soir et s’est étendue à plusieurs autres régions, comme dans la ville de Saint-Benoît, entre autres, où des affrontements ont opposé des centaines de jeunes aux forces de l’ordre. À hier après-midi, le bilan des manifestations étaient assez conséquent : plusieurs membres des forces de l’ordre ont été blessés et plus d’une soixantaine de personnes avaient déjà été interpellées, selon la préfecture.
Ces mouvements de protestation n’étonnent en rien Yannick qui est à la Réunion depuis août dernier. Car pour lui, le malaise est là depuis assez longtemps. «J’ai souvent entendu les Réunionnais se plaindre du coût de la vie et une certaine tension est palpable depuis quelque temps. Beaucoup disent qu’ils ne peuvent pas joindre les deux bouts, qu’ils ne se sentent pas écoutés par les autorités et qu’ils ne voient pas leur sort s’améliorer. À travers les émeutes, ils expriment leur ras-le-bol.»
«Ras-le-bol»
Depuis que les violences ont éclaté, dit le jeune homme, originaire de Roches-Brunes, à Rose-Hill, c’est le talk of the town à l’île sœur : «La presse et autres médias ne font que relayer les infos autour de ces tristes événements.» La centaine d’étudiants mauriciens à La Réunion, dit-il, ne peut pas ne pas se sentir concernée par ce qui se passe : «On en parle entre nous, on se tient informés et on communique aussi avec nos proches à Maurice, qui veulent avoir des nouvelles et être rassurés.»
S’il n’est pas d’accord avec les agissements des émeutiers, Yannick dit toutefois comprendre la frustration des Réunionnais : «Je suis quand même dans l’île depuis plusieurs mois et je peux vous dire que c’est vraiment difficile de vivre décemment si on ne se serre pas la ceinture.» Comme beaucoup de Réunionnais, il a tout de même du mal à comprendre que les manifestants s’attaquent aux commerces : «Je ne suis absolument pas d’accord avec le fait de vandaliser et de cambrioler les magasins et autres boutiques. Je comprends qu’ils veulent faire pression mais je pense que ce n’est pas la solution car les propriétaires de magasins travaillent aussi pour pouvoir survivre.»
Un autre Mauricien, Marcelino Chaton, installé dans l’île sœur depuis deux ans, se dit aussi très concerné par les événements de ces derniers jours : «Nous sommes très inquiets de la situation. Si les autorités ne trouvent pas très vite une solution à proposer aux Réunionnais, je sens que la situation peut dégénérer davantage.»
Eloïsha, une jeune Mauricienne qui vit dans la région de St-Benoit, se dit, elle, préoccupée par la mauvaise tournure des événements «Quelques émeutiers sont très violents. Depuis vendredi, les autorités ont annoncé une baisse du prix de l’essence et de plusieurs produits mais, selon moi, cela ne va pas calmer les ardeurs. Si un dialogue n’est pas vite entamé, je crains le pire.» En attendant, elle n’arrête pas de prier pour que le calme revienne !
Les autorités lancent un appel au calme
Depuis le début des émeutes, les autorités essaient de gérer tant bien que mal la situation. À l’issue d’une table ronde qui s’est tenue le vendredi 24 février, le préfet de La Réunion, Michel Lalande, a annoncé une série de mesures qui correspondent au geste annoncé la veille par les conseils régional et général. Les participants à cette réunion ont également lancé un «appel solennel» au calme.