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Yannick Durhone : «Je suis victime de mon apparence»

L’artiste dénonce l’injustice dont il a été victime.

Contrôlé plusieurs fois et «injustement» par l’ADSU, Yannick Durhone dit en avoir «assez de la façon d’agir de cette unité à son égard». Selon lui, il serait tout simplement «victime de son apparence» et veut alerter l’opinion publique et la Commission des droits de l’homme, face à ce qu’il considère être un «délit de faciès». Ce qui veut dire, un abus de contrôle répétitif sur une personne, uniquement dû à son apparence.

Ce qu’il a vécu cette semaine lui est resté en travers de la gorge. Et il n’est pas près de digérer cette nouvelle «humiliation», dont il a été victime. En effet, Yannick Durhone, l’un des propriétaires du resto-pub Le Sapin, à Camp-Le-Vieux, et membre du groupe Étaé, a été interpellé par l’ADSU (Anti-Drug & Smuggling Unit).

C’était le mardi 21 février à la hauteur de l’Institut français de Maurice (IFM), à Rose-Hill. «Je rentrais chez moi après le travail. Je roulais en direction de Rose-Hill. Arrivé à Ebène, j’ai doublé un véhicule, tout en respectant la limitation de vitesse. Puis, arrivé non loin de l’IFM, j’ai entendu une voiture qui accélérait derrière moi, avec à son bord quatre personnes me sommant de me garer et de descendre de ma voiture, car ils allaient tout fouiller», explique Yannick Durhone, enseignant au Bocage.

Connaissant ses droits, il se gare et demande aux limiers de quel genre de fouille il était question. À son grand étonnement, il aurait eu comme réplique : «Pa poz kestion, nou fer seki nou envi.» Ce qui devait être une fouille se transforme alors en contrôle de routine, ce qui laisse Yannick Durhone perplexe. «Ils ont vérifié mon véhicule. La vignette de mon assurance n’était pas affichée. Je leur ai expliqué qu’elle était dans ma voiture et que tous mes papiers étaient en règle. Je leur ai même prié de me présenter leurs plaques ou une pièce d’identité, mais ils ne l’ont pas fait. Je leur ai ensuite demandé si c’était à l’ADSU de faire des contrôles de routine. À ce moment-là, ils m’ont embarqué dans leur véhicule, en direction du poste de police de Rose-Hill, où j’ai passé environ 45 minutes de cauchemar.»

Là-bas, on lui demande de présenter sa pièce d’identité. Mais celle-ci, dit-il, n’était pas sur lui, mais dans sa voiture. «J’ai alors présenté mon permis de conduire. Mais apparemment, il était, selon les policiers, illisible et ils m’en ont fait le reproche. Je leur ai alors fait comprendre que j’avais refait mon permis il y a un an, et que ce n’était pas ma faute si l’imprimante des Casernes centrales manquait d’encre. En tout cas, je n’arrêtais pas de leur demander la raison de mon arrestation. Ils m’ont alors dit que j’étais trop négatif, car je posais trop de questions.»

Changement de ton

C’est à Valérie Lemaire, journaliste pour Enquête en Direct, que Yannick Durhone doit son salut. Cette dernière, ayant eu vent de cette histoire, a téléphoné au Police Press office (PPO) pour s’enquérir de la situation. Après un coup de fil d’un policier du PPO à la station de Rose Hill, le ton change. Et Yannick est autorisé à rentrer chez lui. Valérie Lemaire qui avait approfondi son enquête le lendemain devait apprendre que les policiers de Rose Hill ont déclaré, dans leur version des faits, qu’ils se sont trompés de personne.

Pour Yannick Durhone, les raisons de son arrestation sont claires : «Je suis tout simplement victime de mon apparence parce que je porte des dreadlocks. Ce n’est pas la première fois que je subis cela. En 2010, l’ADSU m’avait arrêté à Camp-Le-Vieux. C’était pire. J’étais dans ma voiture. On m’a sommé de descendre de mon véhicule, qu’ils ont fouillé de fond en comble. Pour ce faire, ils avaient mis tous mes effets personnels, qui se trouvaient dans la voiture, sur la rue. Ils avaient même confisqué mon téléphone portable et lu mes messages. Mais, ils n’avaient rien trouvé de compromettant. J’ai dû moi-même ramasser toutes mes affaires par la suite.»

L’artiste a porté plainte au poste de police de Rose-Hill, le jeudi 23 février, pour dénoncer l’incident dont il a été victime. Cette semaine, il compte aussi déposer une plainte à la Commission des droits de l’homme. «J’irai de l’avant avec cette affaire et je vais même retenir les services d’un avocat.»

Du côté de la police, on laisse entendre qu’une enquête interne a été ouverte pour faire la lumière sur cette affaire. «M. Durhone a déjà déposé une plainte au Complaints and Investigation Bureau, qui aura pour tâche d’entendre la version de tous ceux qui l’ont interpellé mardi. D’ailleurs, cet exercice a déjà commencé. Après avoir recueilli toutes les informations, cette instance va décider de la marche à suivre», nous a affirmé le PPO hier matin.

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