Jayen Cuttaree, le modérateur Issa Asgarally, Jean-Claude de l’Estrac, Lindsay Rivière, quatuor en plein zoom sur la politique.
La première de ce rendez-vous trimestriel littéraire s’est penchée sur trois livres dédiés au monde politique. Pour un meilleur regard sur un monde qui n’est pas toujours évident à comprendre…
On plonge dans le passé, on parle un peu du futur et on rit souvent. Nous ne parlons pas ici d’une simple rencontre entre amis, mais de la première session de Lectures croisées, qui s’est tenue, jeudi, au restaurant Opium, au showroom Audi Zentrum, à Réduit. Durant ce nouveau rendez-vous littéraire, animé par Issa Asgarally, les invités, des auteurs, doivent chacun lire le livre de l’autre et en discuter par la suite.
Pour cette première, le thème était Le livre politique : quels regards sur le théâtre de la politique et ses acteurs ? Les auteurs invités : Jean Claude de l’Estrac, futur secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, pour son livre Passions politiques : Maurice 1968-1982, Jayen Cutaree, ancien ministre et membre du MMM, qui a écrit Behind the purple curtain : A political autobiography, et Lindsay Rivière, président du conseil d’administration de la Sentinelle, préfacier de l’ouvrage Guy Rozemont : le défenseur des plus démunis de feu son oncle Mée P. Rivière.
Au programme de cette soirée : la présentation des ouvrages par les auteurs et une séance de questions-réponses. Les noms connus pleuvent autant que les situations dont on a forcément entendu parler : défaites de certaines alliances, victoires d’autres, indépendances, Navin Ramgoolam, Paul Bérenger, les frères Bissoondoyal et tellement d’autres, le tout dans une ambiance sérieuse mais qui restait plus ou moins décontractée.
Si les livres prenaient des angles différents (Issa Asgarally a décrit la littérature politique comme un «genre hybride»), plusieurs points communs sont ressortis lors de la discussion collective. Notamment les alliances politiques et de la déception du peuple après les élections. Pour Jean Claude de l’Estrac, les choses sont claires : «Ce n’est pas la faute aux hommes politiques, c’est la faute au système. Qu’est-ce qui ne marche pas à chaque fois ? Les alliances. Il n’y a pas de culture commune, ce sont des ajouts qui provoquent des résultats mathématiques. (…) Or, il faut faire des alliances postélectorales et non pré-électorales.» Avant d’ajouter que Maurice a un système électoral «fiable et transparent».
Camp de nudistes
Durant cette soirée, on a aussi entendu des mots comme «trahisons, humiliations, règlement de comptes». Ce qui nous a permis d’en savoir plus sur la nature des hommes politiques, vu que les auteurs ont bien connu les curtains de ce milieu ! «Les politiciens sont des gens passionnés, des gens comme tout le monde, avec des contradictions, mais ils sont sous le regard permanent des gens. Ils sont plus simples que l’on croit, et plus bons que l’on accepte», lance Jayen Cuttaree.
Jean Claude de l’Estrac en rajoute une couche : «Mon livre est un camp de nudistes, on voit des gens nus, à visage découvert. Le problème, c’est que les électeurs les regardent avec des lunettes partisanes. Ils sont ce qu’ils sont, il se battent pour eux-mêmes…»
Sur le même chapitre, Lindsay Rivière, lui, précise toutefois : «Ils veulent servir, ils ont de bonnes intentions, mais quand on entre dans ce panier à crabes à 30 ans, est-ce qu’on en sort intact ? Et qu’est-ce qu’il nous reste ?»
Voilà une première édition politique des plus passionnantes et dynamiques. Le prochain rendez-vous de Lectures croisées se tiendra à l’Alliance française de Bell-Village à une date et sur un thème qui n’ont pas encore été déterminés.