Comme chaque année, la famille Serwan accueille des milliers de pèlerins.
Après avoir pris le bus pour se rendre au Ganga Talao, Ravi et Sweeta sont rentrés à pied à L’Aventure.
Voilà quelques jours déjà que des milliers de personnes convergent vers Grand-Bassin dont certaines ont parcouru de longues distances à pied pour arriver jusqu’au lac sacré. Un pèlerinage avant d’entamer la Grande Nuit de Shiva demain.
Aucun effort n’est de trop quand il s’agit de rendre gloire au dieu Shiva. Ainsi, chaque année durant les jours précédant la Maha Shivaratree, des milliers de Mauriciens de la communauté hindoue n’hésitent pas à braver le soleil – ou le mauvais temps –, à marcher des kilomètres de jour comme de nuit. Cette semaine encore, nous avons rencontré sur nos routes beaucoup de pèlerins avec ou sans kanwar - structure en bois en forme d’arche, décorée de plusieurs couleurs, de petits miroirs et de photo du dieu Shiva, cheminant vers le Grand-Bassin. Et certains viennent de loin, de très loin.
Et ce sont ceux-là mêmes qui entament en premier la longue procession en marge de l’une des plus belles et célèbres fêtes de la communauté hindoue qui sera célébrée demain en l’honneur du dieu Shiva. Jeudi après-midi, à la croisée de la Marie, nous rencontrons une bande de jeunes se reposant à l’ombre d’une boutique et prenant des rafraîchissements. Vashish et ses amis, un groupe de quinze jeunes âgés entre 18 et 25 ans, reprennent des forces après avoir parcouru des kilomètres à pied depuis leur village… Rivière-du-Rempart. Ils ont quitté leur localité en fin d’après-midi de mercredi en raison de la longue route qu’ils doivent parcourir jusqu’au Ganga Talao. Casquettes, parasols, lunettes de soleil… la bande d’amis est bien équipée.
Il faut dire qu’ils n’en sont pas à leur première expérience. Ce pèlerinage vers Grand-Bassin est une tradition pour ces jeunes depuis des années. «Nous sommes entre amis, d’où la bonne ambiance qui règne tout au long de notre parcours. La route depuis chez nous est longue, donc nous nous arrêtons régulièrement en chemin pour nous reposer, manger et reprendre des forces», explique Vashish qui a prévu d’être de retour à Rivière-du-Rempart avec ses amis cet après-midi.
Sacrifice
Un peu plus loin, les Serwan accueillent, comme chaque année, les milliers de pèlerins convergeant vers Grand-Bassin. Les dévots trouvent chez cette famille un lieu où s’abriter des fines pluies, se restaurer – avec jus, thé, ti puri et riz au lait – et dormir. C’est là que se reposent une quinzaine de jeunes visiblement épuisés par les longs kilomètres parcourus à pied depuis l’Aventure, dans l’Est. Après avoir confectionné leur kanwar pendant une semaine, ils ont pris la route jeudi matin.
Bien qu’il y ait un leader dans le groupe, les jeunes avouent veiller mutuellement l’un sur l’autre afin que tout se passe sans encombre. «Nous marchons surtout le soir et essayons de nous reposer pendant la journée car il fait alors bien plus chaud et il y a beaucoup de trafic, confie Bhavish. Ce n’est pas toujours évident de marcher autant mais c’est en signe de sacrifice pour notre Dieu à qui nous avons fait une promesse.»
Ravi et Sweeta viennent aussi du même village : L’Aventure. Mais contrairement au groupe de jeunes, ils reviennent déjà du Ganga Talao. S’ils se sont rendus au lac sacré en bus, c’est à pied qu’ils regagnent leur domicile. Pour le couple, le pèlerinage à Grand-Bassin représente une ancienne tradition transmise par les grands-parents et les parents. «Nous faisons le pèlerinage depuis que nous sommes petits et c’est tout naturellement que nous perpétuons cette coutume depuis notre mariage», confie Ravi.
Alors que le couple reprend côte à côte la route de la Brasserie, en direction de son village, nous tombons sur la Brisée Verdière Young Boys, une association de jeunes gens de cette localité, poussant un grand chariot coloré symbolisant le Shivling, pyramide où le Gange prend sa source. «La confection de notre kanwar nous a pris trois semaines et nous avons tous mis la main à la pâte pour qu’il soit réussi» explique Yanish.
Seize adolescents de Brisée-Verdière se sont regroupés pour accomplir une fois de plus ce sacrifice. Tout comme les autres pèlerins, les membres de la Brisée Verdière Young Boys comptent aussi être de retour à la maison avec de l’eau du lac sacré, signe d’une mission accomplie et d’une promesse tenue.
Shiva, le dieu sauveur
Fêté le 14e jour de la grande nuit du mois de février, connu comme étant le Phagun, la Maha Shivaratree – la Grande nuit de Shiva – est l’une des célébrations religieuses les plus populaires du calendrier hindou en l’honneur du dieu Shiva.
Cette divinité symbolisant la destruction, la renaissance et la sagesse, il y a plusieurs légendes qui entourent son histoire. «Shiva a accepté de boire du poison qui menaçait de détruire la terre, lui donnant une gorge bleue, pour sauver les humains. Le message derrière tout cela est faire de son mieux pour propager le bien et de ne pas se décourager malgré les difficultés qui se présentent devant nous», explique Gian Dhunnookchand de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation.
Durant la Grande nuit de Shiva qui aura lieu demain, les dévots déverseront sur le Shiva Linga l’eau rapportée du lac sacré tout en chantant les louanges du dieu Shiva.
Navin Ramgoolam : «Quand on prend une décision, on pense à l’intérêt du pays»
Il a profité de son intervention à Ganga Talao pour faire passer un message. L’intérêt du pays, a déclaré Navin Ramgoolam, doit primer lorsqu’un Premier ministre prend une décision. «Que l’on soit à la tête d’un royaume, leader d’un parti politique ou d’une institution, quand on prend une décision, on pense à l’intérêt du pays, pas à l’intérêt d’un clan, d’une clique, d’une famille ou de votre famille», a souligné le Premier ministre lors d’une cérémonie, vendredi soir, marquant le début des célébrations dans le cadre du Maha Shivaratree. Navin Ramgoolam a aussi mis en garde tous ceux qui ne respectent pas les pèlerins affirmant qu’il a demandé à la police de faire preuve de sévérité envers ces personnes «qui ne souhaitent pas la paix».