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Le calvaire de ses proches

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Asmah Tengnah laisse derrière elle une fille de 13 ans.

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Selon le président de l’Association des victimes de la vente à la barre, ce drame aurait pu être évité.

Endetté jusqu’au cou, Nizam Tengnah avait caché à sa famille sa condition financière très difficile. Sur le point de perdre sa maison et son commerce, il a fini par mettre sa femme devant les faits accomplis. Une violente dispute s’en est suivie durant laquelle il l’a égorgée. Depuis ce terrible drame, les proches de la victime vivent un véritable enfer.

Les larmes coulent à flots sur son visage où se lit une profonde douleur. Tout cela est trop dur. Beaucoup trop dur pour cette maman qui a perdu son enfant d’une manière horrible. Sa fille Asmah a été égorgée par son époux lors d’une violente altercation. Elle n’a pas survécu. Depuis, Saleema et ses proches sont plongés en plein cauchemar, anéantis par la douleur. Ils se demandent si elle s’apaisera un jour. La vieille dame est d’autant plus affligée par ce drame que c’est le deuxième enfant qu’elle perd en une année.

«Je ne pardonnerai jamais à mon gendre d’avoir tué ma fille. Il aurait dû penser à la douleur que nous avons ressentie quand mon fils est décédé d’une crise cardiaque, il y a dix mois, sur son lieu de travail. Voilà qu’il nous inflige une nouvelle souffrance, c’est atroce», hurle Saleema, sous son voile. Cette mère dont la vie a une fois de plus basculé n’arrive pas à comprendre comment une telle tragédie a pu se produire.

«Il y a des problèmes dans chaque couple. J’aurais pardonné à Nizam s’il avait seulement donné quelques gifles à ma fille. Mais il l’a tuée d’une manière horrible et je ne pourrai jamais oublier. Pourtant, mon gendre était quelqu’un de calme. Je ne comprends pas comment il a pu en arriver là», confie-t-elle, en pleurs.

Elle a du mal à croire que deux personnes qui s’aimaient si fort puissent se déchirer jusqu’au point où cela se termine dans le sang et les larmes. Car il y a 20 ans, se souvient la vieille dame, Nizam et Asmah filaient le parfait amour malgré leur lien de parenté. «Nizam est le fils de ma sœur. Il est mon gendre et aussi mon neveu. Ma fille et lui se sont aimés et se sont mariés et voilà comment cela se termine.»

Au domicile de la famille de la victime, à Forest-Side, personne n’arrive à comprendre comment la relation chez Nizam et Asmah a pu dégénérer jusqu’à finir en meurtre en ce mardi 14 février, jour de la Saint-Valentin. Ce jour-là, Nizam n’a pas offert les traditionnelles roses à celle qu’il avait épousée il y a 20 ans. Il l’a égorgée mortellement avec un couteau alors qu’elle repassait son pantalon.

Un drame qui aurait pour toile de fond le surendettement. La veille, le lundi 13 février, Asmah a appris, à travers un appel de la banque, que son mari avait du mal à rembourser un emprunt de Rs 2 millions et que leurs biens allaient être saisis. Et mardi matin, les discussions entre mari et femme autour de cette affaire ont pris une très mauvaise tournure, se terminant dans le sang et la mort. Après avoir tué sa femme, Nizam a aussi essayé d’égorger sa fille de 13 ans alors que celle-ci appelait à l’aide sur le balcon. Elle est toujours dans un état critique à l’hôpital.

Par la suite, l’homme a tenté de se donner la mort en retournant le couteau contre lui mais n’a réussi qu’à se blesser grièvement. Père et fille ont par la suite été transportés à l’hôpital où ils sont toujours admis. L’adolescente a affirmé à un proche qui la conduisait à l’hôpital que c’est bien son père qui est derrière ces agressions mais la police attend toujours la version officielle du présumé suspect. Il fera sa déposition dès que son état de santé le lui permettra.

En attendant, les proches d’Asmah essaient tant bien que mal de surmonter le choc. Sa sœur Nazma s’efforce avec peine de garder son calme pour parler de celle qu’elle considère comme une épouse modèle. «Asmah était une épouse affectueuse, une mère soucieuse de l’avenir de sa fille. Au début de son mariage, elle n’arrivait pas à avoir d’enfant. Ce n’est qu’après six ans qu’elle a mis une fille au monde. Son rêve tant attendu était enfin devenu réalité. Elle ne travaillait pas et restait à la maison pour s’occuper de son enfant. Elle voulait que celle-ci jouisse d’une très bonne éducation pour ensuite trouver un bon emploi», confie Nazma avec émotion.

Double vie ?

Mais selon elle, son rôle de mère n’empêchait pas Asmah d’aider son mari comme elle le pouvait. «Asmah aidait son époux dans son commerce qui se trouve au rez-de-chaussée de leur maison de deux niveaux. Ils n’avaient, pour ainsi dire, pas de gros problèmes. C’était une famille normale», lâche-t-elle, entre deux sanglots.

Nizam était-il réellement criblé de dettes au point où sa maison allait être vendue à la barre ? À cette question, Nazma répond avoir eu vent de la chose à travers la presse. «Personne dans la famille n’était au courant de cette affaire jusqu’au jour du drame. Nizam ne parlait pas de ses problèmes financiers à qui que ce soit.»

Pourtant, une semaine avant le drame, le beau-frère du présumé meurtrier avait pris contact avec Salim Muthy, président de l’Association des victimes de la vente à la barre. L’homme avait appris, à travers un journal, que les biens de Nizam étaient sur le point d’être saisis et vendus à barre et avait sollicité l’aide du travailleur social pour voir dans quelle mesure on pouvait lui venir en aide (voir hors-texte).

Quant aux allégations selon lesquelles son beau-frère mènerait une double vie, Nazma les réfute catégoriquement. «Certains disent qu’il avait une deuxième famille et d’autres enfants. Et que cela aurait contribué à son endettement. Mais ce n’est pas vrai. Du moins dans la famille, personne n’est au courant de ça. On attend juste que Nizam soit en mesure de s’expliquer à la police pour en avoir le cœur net. On est dans le flou. On se pose plein de questions mais on n’a pas encore les réponses.»

Pour l’heure, une question surtout revient avec persistance. Qui s’occupera de la fille de Nizam et d’Asmah une fois que celle-ci rentrera de l’hôpital ? Les deux grands-mères de l’adolescente, qui sont sœurs, devraient en discuter dans les jours à venir pour trouver une solution. Avec une mère décédée dans des circonstances plus que tragiques et un père en prison, l’adolescente aura besoin d’être bien entourée pour faire face à ce cauchemar qui a fait subitement irruption dans sa vie et celle de ses proches.

Salim Muthy : «Nizam Tengnah a refusé de se faire aider»

Le président de l’Association des victimes de la vente à la barre déplore vivement ce drame qui a secoué Forest-Side. Une tragédie qui aurait pu, selon lui, être évitée si le présumé meurtrier, Nizam Tengnah, avait accepté son aide. «J’avais été mis au courant de ses problèmes financiers une semaine avant ce terrible drame. C’est un beau-frère de Nizam qui m’avait contacté et m’avait parlé de son cas. Je lui avais conseillé de demander au principal concerné de m’appeler pour prendre rendez-vous avec moi afin de voir dans quelle mesure je pourrais lui apporter mon soutien. Mais apparemment, Nizam a refusé, prétextant qu’il ne voulait pas que ses secrets familiaux deviennent une affaire publique», explique Salim Muthy.

Le travailleur social affirme que c’est cette affaire qui a causé la mort d’Asmah. «Depuis une semaine, le couple Tengnah se disputait à cause de ce problème. L’épouse de Nizam lui en voulait parce qu’il n’acceptait l’aide de personne. Si seulement il avait accepté de me voir, ce drame ne se serait jamais produit. Asmah Tengnah serait, à l’heure actuelle, toujours en vie.»

Salim Muthy confie, par ailleurs, qu’actuellement 65 000 personnes à Maurice n’arriveraient pas à rembourser leur emprunt pour l’achat ou la construction de leur maison. «Elles sont des victimes potentielles de la vente à la barre. Chaque semaine, on enregistre une moyenne de 50 nouvelles victimes. La situation est très alarmante.»

Il donne rendez-vous à tous ceux qui se retrouvent dans cette situation au centre Marie-Reine-de-la-Paix le samedi 3 mars à 10 heures. «On peut aussi prendre contact avec moi sur le 791-5817 en cas d’urgence», déclare Salim Muthy.

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