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Les femmes des chefs de file en campagne

Marianna Meunier défend Jonhson Roussety bec et ongles.

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Rosemay Jhabeemissar accompagne Gaëtan sur le terrain.

Elles sont au front pour aider leurs époux à remporter la victoire. Elles, ce sont les femmes (ou compagne) des candidats Serge Clair, Johnson Roussety et Gaëtan Jhabeemissar. Elles nous parlent de leur rôle durant la campagne pour ces élections régionales qui ont lieu aujourd’hui à Rodrigues.

ÀRodrigues, il y a des femmes dans l’ombre et des femmes de l’ombre. La première catégorie excelle dans les tâches ménagères. La seconde, dans l’ombre, la plupart du temps, joue un rôle considérable pour booster la carrière de leurs maris dans le domaine politique… Danielle Clair, Marianna Meunier (la compagne de Johnson Roussety) et Rosemay Jhabeemissar, les femmes des prétendants au poste de Chef commissaire de Rodrigues, sont de celle-là.

C’est ainsi que sur la colline de Latanier mercredi, Danielle Clair, telle Marianne sur les barricades, agitait avec un enthousiasme débridé, parmi la foule, un drapeau blanc OPR, frappé du sceau de la bougie. Elle pouvait difficilement passer inaperçue ! Elle en a vécu des élections, Danielle, depuis son mariage avec Serge Clair il y a 28 ans. Elle a été de toutes les campagnes depuis 1982, fécondes en exaltations, amères en déceptions, en échecs et surtout épanouies en grossesses. Deux filles sont nées dans les turbulences politiques : Stéphanie, 26 ans, et Sandrine, 25 ans. Une double naissance en l’absence du papa, pris par des activités ministérielles à Maurice. «J’ai été la mère et le père. Heureusement à Rodrigues, il y a des parents et la famille pour aider.»

Rosemay Jhabeemissar, l’épouse du chef commissaire et chef de file du MR, sous un soleil de plomb à La Ferme, vendredi après-midi, contemple son mari au micro avec une admiration non dissimulée. Elle se dit tout à fait optimiste qu’il va rempiler pour encore cinq ans. Sa première élection, son engagement total date de 2002 alors qu’il y avait encore un gosse à l’école : Sandra, 20 ans, la dernière de quatre enfants. Il y a aussi Sophie, 30 ans, qui lui a donné l’immense joie d’être aujourd’hui grand-mère, Shirley, 28 ans, et Samy, 26 ans. La famille nombreuse, Rosemay connaît ça. Elle est la deuxième d’une fratrie de 12 - 10 garçons, deux filles. C’était pratique aussi que ses parents habitent tout près !

Pour Marianna Meunier, la compagne de Johnson Roussety, l’itinéraire est différent. Elle est encore très jeune, mais mère d’une petite fille Alice, 2 ans, belle comme une poupée. Comme sa mère qui a été, en 2001, Miss Rodrigues avant d’aller faire des études dans le tourisme en Australie, de 2004 à 2006, pour revenir dans son pays afin d’exercer ses compétences dans ce domaine. «J’ai travaillé à l’Office du tourisme, j’ai fait la première brochure touristique de Rodrigues et j’ai participé à plusieurs salons internationaux avant d’être congédiée en février 2011 !» dit-elle, amèrement. Marianna a mal vécu l’expulsion de son compagnon du MR et les «misères» dont il a été victime par la suite. Sur le promontoire de la Baie-du-Nord, du balcon de sa résidence, elle contemple la mer au loin vivant ces dernières heures dans l’angoisse, bercée entre suspense et optimisme.

Danielle Clair, en revanche, affiche un bel optimisme estimant que toutes les conditions sont réunies pour permettre à son mari de faire un come-back retentissant. Sauf imprévus de dernière minute. Sur la colline de Mont-Lubin où la famille est installée depuis des lustres, sa demeure a vécu bien des agitations. «Je ne participe pas aux meetings : mais je fais du porte-à-porte. Je m’implique, je reçois des gens à longueur de journée. Je fais moi-même le ménage, je nettoie la cour et je fais la cuisine. Quelles que soient les circonstances, je suis restée la même : une femme très simple, proche des gens.» Elle est heureuse que sa fille Sandrine soit venue de Maurice «pour donner un coup de main».

Rosemay Jhabeemissar, fonctionnaire à la Sécurité sociale, est elle aussi de plain-pied dans la présente campagne. Elle a pris un congé de trois semaines pour être sur le terrain à côté de son mari. «À chaque élection, je me rends totalement disponible. C’est un peu plus facile maintenant que les enfants sont grands.»

Marianna Meunier, en revanche, s’insurge contre le fait qu’on attribue les actes de violence à son compagnon Johnson : «Le peuple rodriguais comprend maintenant toute la campagne de dénigrement qui a été menée contre lui. Il est extrêmement généreux. Comme vous pouvez le constater, nous n’avons même pas terminé notre maison.»

Danielle, Marianna et Rosemay… trois femmes dont les routes se sont croisées sur le chemin de la politique, angoissées à l’approche de la ligne d’arrivée quant au destin que réserverait le verdict des urnes à leurs époux.

Madame Von-Mally au front

Son époux n’est pas candidat mais il est tout de même le leader du Mouvement rodriguais. Marie-Michelle Von-Mally fait donc campagne aux côtés de Nicolas pour mener le parti à la victoire. En ce vendredi 3 février, à 13 heures, une centaine de militants du MR sont venus déjeuner chez elle. La maison est envahie : «Je suis habituée ; ça fait plaisir. Mais dans mon boulot, je ne parle jamais de politique : je respecte l’opinion de mes adversaires et ils me respectent.»

La politique, elle connaît bien. Elle est tombée dans la marmite très tôt : son grand-père M. Elysée était très proche de Gaëtan Duval dans les années 70. Et depuis qu’elle a épousé Nicolas le 7 juillet 1996, c’est devenu une part importante de sa vie. «La politique a été mon quotidien. Mon travail ne me permet pas de m’engager activement. Mais je soutiens mon mari, je m’occupe de mes deux filles que Nicolas ne voit que les week-ends. J’ai le soutien de mes parents et de ma famille», déclare celle qui après un court passage dans une banque, est chez Air Mauritius depuis 23 ans. C’est avec beaucoup de plaisir que Marie-Michelle, maman d’Adriana, 15 ans, et d’Emmy, 13 ans, accorde à son époux son soutien indéfectible : «Je me suis sacrifiée mais Nicolas me le rend bien.»

Finlay Salesse (de Rodrigues)

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