Sylvio Michel : «Pendant 197 ans, il y a des personnes qui ont travaillé sans recevoir de salaires. Il faut accorder aux descendants d’esclaves leur dû parce que grâce à leurs ancêtres, il y a des gens qui se sont enrichis»
Vijaya Teelock : «Le terme compensation n’a pas été utilisé parce qu’à notre sens, ce mot a justement une connotation financière. Pour nous, le problème va au-delà de cela. On a donc préféré le terme réparation pour les descendants d’esclaves»
Le177e anniversaire de l’Abolition de l’esclavage a été commémoré durant la semaine écoulée et la question d’une compensation aux descendants d’esclaves a refait surface. Sylvio Michel, leader des Verts fraternels, et Vijaya Teelock, historienne, s’expriment sur le sujet.
Lors de leur rassemblement pour l’anniversaire de l’Abolition de l’esclavage, les Verts fraternels sont revenus de l’avant avec leur demande pour une compensation aux descendants d’esclaves. Qu’en pensez-vous ?
Sylvio Michel : Dans son rapport, la Commission Vérité et Justice souligne qu’une «cash compensation» n’est pas possible parce que c’est difficile de retracer les descendants d’esclaves. Je trouve cela incroyable. Pendant 197 ans, il y a des personnes qui ont travaillé sans recevoir de salaires. Il faut accorder aux descendants d’esclaves leur dû parce que grâce à leurs ancêtres, il y a des gens qui se sont enrichis.
Vijaya Teelock : C’est totalement faux de dire que le rapport de la Commission Vérité et Justice ne mentionne pas l’aspect financier concernant les descendants d’esclaves. Le terme compensation n’a pas été utilisé parce qu’à notre sens, ce mot a justement une connotation financière. Pour nous, le problème va au-delà de cela. On a donc préféré le terme réparation et pour arriver à cette réparation, il y a une série de recommandations qui a été proposée.
Qu’est-ce qui se fait actuellement par rapport à tout cela ?
Sylvio Michel : On va commencer une série d’actions. C’est une campagne contre les entreprises et familles qui seraient liées à l’histoire de l’esclavage, donc qui comprennent des descendants d’esclavagistes. Ils ont aussi une part de responsabilité dans cette partie de l’histoire.
Vijaya Teelock : Il y a un comité ministériel qui travail sur le rapport. Toutefois, je sais qu’il y a une frustration de la part de la société civile qui, selon moi, devrait faire partie à part entière de ce grand débat.
Et la suite des événements ?
Sylvio Michel : On va continuer nos actions pour qu’une compensation soit enfin accordée. On demande qu’on établisse une liste des personnes d’une descendance d’esclaves qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté et qu’on identifie ces familles qui n’ont pas de maison, etc.
Vijaya Teelock : Le rapport fait état de plusieurs recommandations pour réparer les torts causés aux descendants d’esclaves. Il est primordial de réparer les injustices causées à ces personnes dont la plupart sont aujourd’hui dans des situations précaires.