Le présumé agresseur de Franco Edouard est «wanted».
D’un côté, la police affirme que Jimmy Marthe, alias Jimmy Colosso, est recherché depuis plusieurs jours pour serious assault sur la personne de Franco Edouard, de l’autre, la mère du suspect soutient qu’il n’est pas en cavale.
L’homme est «wanted» par les forces de l’ordre depuis plusieurs jours. Il y aurait même une special squad qui aurait été mise sur pied pour le retrouver. Mais jusqu’ici – du moins à l’heure où nous mettions sous presse – Jimmy Marthe, alias Jimmy Colosso, n’avait toujours pas été arrêté.
L’homme, soupçonné d’être l’auteur de l’agression de Franco Edouard suite à l’apparition de celui-ci dans Enquête exclusive sur M6, se cacherait-il pour échapper à la police ? Sa mère Monique affirme que non : «Mon fils n’est pas en fuite ou quoi que ce soit. La preuve : il rentre à la maison chaque soir après le travail». Selon elle, la police n’a effectué aucune descente chez elle à Batterie-Cassée.
C’est le père de Franco Jonathan Edouard qui a dénoncé Jimmy Colosso à la police en affirmant qu’il avait vu ce dernier frapper son fils. Mais Monique Marthe, elle, soutient que son fils est victime d’un coup monté : «Mon fils n’a rien à voir avec l’agression de ce garçon. Il était à la maison ce soir-là. On veut faire plonger mon fils car on est jaloux de lui.»
Le soir du délit allégué, Jimmy serait rentré à la maison vers 19 heures, selon sa mère : «C’était jour férié. Mon fils était allé à la mer. Il serait rentré vers 19 heures. Par la suite, il a continué à faire la fête avec ses amis non loin de notre maison. Un de ses amis, un chanteur très connu, chantait avec eux. J’étais allée les rejoindre et je suis revenue à la maison vers 23h30. J’ai vu le fils de Jimmy, âgé de 10 ans, allongé sur le canapé. Il était fièvreux. Je lui ai alors donné du sirop. Son père est rentré peu après.»
Monique explique que le lendemain, au réveil, elle a appris que Jimmy avait transporté son fils à l’hôpital vers 00h30 : «Jimmy m’a dit qu’il a dû conduire son fils à l’hôpital car son état de santé s’était détérioré. Mon petit-fils faisait 40 degrés de fièvre. Toutefois, Jimmy a refusé de faire admettre son fils à l’hôpital et les deux sont rentrés à la maison. C’est ce qu’il m’a dit le lendemain matin.»
Selon Monique, le garçonnet a été emmené chez un médecin du privé dans la journée. Ce n’est qu’après, dit-elle, qu’elle a entendu, à la radio, que l’homme qui s’était présenté comme Pablo Escobar dans un reportage de la chaîne française M6 avait été agressé.
Le nom de son fils a alors commencé à circuler de même que celui de la bande qu’il dirigerait. «J’ai eu un choc. J’ai interrogé mon fils à ce sujet. Il m’a dit qu’il n’a rien à voir avec cette histoire d’agression. Je précise que personne chez nous n’avait regardé la télé le lundi 23 janvier à cause de la petite fête qu’il y avait. Nu tou ti pe amize sa ler la.»
Monique Marthe s’interroge : «Pourquoi l’ADSU pa contan mon garson ?» Jimmy Marthe est fiché à la police depuis plusieurs années. Il a été arrêté à deux reprises notamment pour agression sur un policier et dans une affaire de drogue.
Jimmy Marthe a eu ses premiers démêlés avec la justice le 9 juillet 2007. Ce jour-là, il a été arrêté pour avoir agressé un policier. Il a payé une amende à cet effet. À l’époque, le suspect avait été placé sous surveillance policière car la brigade anti-drogue le soupçonnait d’être à la tête d’un groupuscule connu comme le gang Démolition et impliqué dans un réseau de drogue à Roche-Bois et Ste-Croix. Jimmy Marthe est pris la main dans le sac le 9 septembre 2008. Celui qui a repris le sobriquet de Colosso que portait son père, est arrêté avec du Subutex dans la cour d’un supermarché à Riche-Terre.
L’habitant de Batterie-Cassée, qui a vu le jour le 19 décembre 1977, avait sur lui 25 tablettes de ce médicament considéré comme une drogue à Maurice. La valeur marchande de la drogue avait été estimée à Rs 262 500. Poursuivi sous une accusation de possession of dangerous drug, il avait été condamné à deux ans de prison.
Démonstration de force
À sa sortie de prison, ses proches et ses amis avaient organisé une belle soirée. On raconte que du bon whisky avait coulé à flots ce soir-là. Des habitants de Plaine-Verte se souviennent bien de cette fameuse soirée.
Ce soir-là, Jimmy Colosso, qui était à la tête d’une vingtaine de véhicules avec les membres de son gang, avait fait une démonstration de force dans les rues de ce quartier de Port-Louis après avoir eu un différends avec un marchand ambulant proche d’un parti politique. Depuis, la simple évocation du nom de Jimmy Marthe ou de son gang Démolition inspire la peur chez certaines personnes de cette région.
Les habitants de Batterie-Cassée où habite le principal concerné, ont cependant une autre image de lui. Dans son quartier, celui qui a mis fin à ses études après avoir échoué au Certificate of Primary Education est connu pour sa grandeur d’âme. Sa porte, dit-on, est toujours ouverte pour ceux qui ont besoin de son aide.
Certains sont d’avis qu’on est jaloux de son succès. Après avoir travaillé dans une boulangerie, il aurait fait fortune en vendant du poisson et ensuite comme chauffeur de mininus et de camionnette. C’est de cette façon, explique sa mère Monique, qu’il s’est fait de l’argent : «Il rentre tard tous les soirs parce qu’il doit faire plein de courses.»
La police sur le qui-vive
L’implication alléguée de Jimmy Colosso dans l’agression de Franco Jonathan Edouard ne laisse pas insensible les Casernes centrales. Le service de presse de la police avance qu’une escouade spéciale a été mises sur pied pour traquer le présumé agresseur de l’habitant de Baie du Tombeau de même que ses complices.
Cette unité est composée d’éléments de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (ADSU), de la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis Nord et des limiers de la Major Crime Investigation Team (MCIT). L’équipe de la Field Intelligence Unit de la capitale collabore également aux opérations.
Aux Casernes centrales, on laisse aussi entendre que le reportage de M6 est pris très au sérieux. La police ne compte pas commenter dessus pour le moment mais le fera en temps et lieu. Les enquêteurs de la brigade anti-drogue passeraient au crible la partie consacrée au trafic de drogue à Maurice. Certains affirment par ailleurs que le Pablo Escobar de l’émission ne serait pas le parrain d’un réseau de trafic de drogue comme il le prétend. Des mauvaises langues avancent même qu’il aurait été payé pour dire ce qu’il a dit à la télévision car un vrai parrain ne viendrait jamais à l’avant plan avec sa cargaison et ne deal jamais lui-même.
DVD et T-shirt en vente
Si le reportage d’Enquête exclusive de la chaîne française M6 a déclenché un incontestable vent de polémique, certains ont trouvé là une occasion à ne pas rater. À l’instar de quelques Mauriciens qui ont décidé de surfer sur la vague. Ainsi, des DVD de l’émission Rêves, fortunes et trafics au soleil, les secrets de l’île Maurice seraient déjà en vente dans les coins de rue pour ceux qui ne l’auraient pas vue ou voudraient la revoir.
Plus surprenant encore, vous pouvez maintenant avoir votre propre T-shirt spécial Pablo Escobar. Cette idée plutôt insolite revient à The artCORE_Clothing Rebellion, un créateur de T-shirt personnalisé qui a mis en vente, à Rs 150, des T-shirts plutôt spéciaux portant l’inscription «MO MEM PABLO ESCOBAR».