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Ma nouvelle vie après l’affaire Dantier

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Lorsqu’il avait été arrêté (à g.). Le jour de sa libération en 2009.

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Il est très proche de sa tante Mary-Joyce Perrine.

Malgré les nombreux rebondissements depuis ce drame – le dernier en date est l’apparition d’une lettre anonyme avec des détails précis sur les circonstances du meurtre de la jeune étudiante –, celui-ci n’a toujours pas livré ses sombres secrets. Neuf ans plus tard, celui qui avait été arrêté dans le sillage de l’enquête puis libéré et blanchi de toutes accusations, nous raconte son quotidien…

Il n’a pas tourné la page. Impossible pour lui d’oublier ce fait divers qui a défrayé la chronique et qui continue d’occuper l’actualité neuf ans plus tard. Impossible pour lui de tirer un trait sur cette triste affaire qui n’a toujours pas été résolue. Impossible aussi pour lui de ne pas se rappeler comment sa vie a été bouleversée, en ce juillet 2003, lorsqu’il a été arrêté en tant que «principal suspect» de ce terrible meurtre. Oui, Marcelin Azie n’est pas près d’oublier l’affaire Dantier à laquelle, dit-il, son nom sera à jamais associé.

«Tout le monde sait que j’ai été arrêté dans cette affaire même si j’ai tout le temps clamé que j’étais innocent», lâche un Marcelin Azie très calme. Il faut dire qu’il a l’habitude des interviews maintenant. «J’ai souvent répondu aux questions des journalistes. Maintenant, je sais comment cela se passe», dit-il. Aujourd’hui, il est donc plus à l’aise avec le jeu des questions-réponses : «Avant j’étais timide.»
Le jeune Rodriguais, né à Palissade Ternel, âgé de 34 ans, se souvient très bien comment il s’est retrouvé au cœur de cette triste histoire qui continue à faire couler beaucoup d’encre. Le 24 juin 2003, Nadine Dantier, jeune étudiante habitant Albion, est portée manquante. Ses parents consignent une déposition en ce sens au poste de police de la localité. Hélas, dès le lendemain son corps sans vie et meurtri est découvert sur un terrain en friche, à l’avenue des Dauphins, à quelques mètres de sa résidence.

Le Dr Abdool Khalick Mohungoo, alors responsable du département médico-légal de la police, et le Dr Sudesh Kumar Gungadin, aspirant médecin légiste, concluent très vite que la jeune victime a été violée et étranglée. Pour la famille Dantier, c’est le début d’un long calvaire. «Pour moi aussi et ma famille ça a été très difficile», souligne Marcelin. À l’issue de son arrestation, le 28 juillet 2003, il avait fait des aveux complets avant de se rétracter, arguant qu’il avait été intimidé par les méthodes du Central Criminal Investigation Department. Par la suite, son homme de loi d’alors, Me Rama Valayden, n’avait pas manqué de relever toute une multitude d’incohérences au niveau de l’enquête policière, démontrant que rien ne liait Marcelin Azie à l’affaire Dantier.

Finalement, en 2009, presque six ans après le viol et le meurtre de la jeune étudiante, la cour de Bambous informe officiellement Marcelin Azie – seul suspect mis en accusation par la police dans cette affaire – que les charges qui pèsent sur lui ont été rayées pour insuffisance de preuves.

«Bizin tracé»

Depuis, même s’il continue à «penser à madame Dantier» et à sa «douleur», Marcelin Azie s’efforce de dépasser tout ça et d’avancer : «Les gens me reconnaissent mais ils savent que je n’ai rien à voir avec ce crime.» Il vit toujours à Albion, chez sa tante Mare-Joyce Perrine de qui il est très proche, et construit sa petite vie tranquillement : «J’ai aujourd’hui un boulot. Je suis manœuvre maçon et j’aime bien ce que je fais. Au moins ça me permet de me faire un peu d’argent.»

Et avec cet argent, il aide sa famille : «Ce sont des gens que j’aime beaucoup.» C’est à sa famille d’ailleurs qu’il accorde tout son temps libre : «Pour regarder un DVD ou pour passer un bon moment.» Ce qu’il aime le plus faire dans la vie ? «Danser sur un séga», «visionner un match de foot» ou encore «manz ene bon carri».

Pour Marcelin, le plus important, c’est «la santé», pour le reste «bizin tracé», dit-il. Il précise toutefois : «Je ne me plains pas. Je suis heureux comme je suis. Je suis dans mon coin, je ne cherche pas à avoir des problèmes et je suis bien ainsi.» Marcelin espère que 2012 sera pour sa famille et lui une bonne année. Il souhaite aussi de tout cœur que la vérité triomphe enfin dans l’affaire Dantier et que le meurtrier de la jeune femme soit arrêté. «Il ne faut pas que ce meurtre reste impuni», affirme celui qui n’arrive toujours pas à tourner la page sur ce triste épisode de sa vie.

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