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Adrien Duval nommé Speaker : analyses autour d’une «stratégie digne d'un jeu d'échec»

Pour certains, c’est l’alliance qui vient, pendant que d’autres démentissent et que d'autres encore s’arrachent les cheveux. Bref, la marmite politique a connu une grosse ébullition en fin de semaine avec la nomination d’Adrien Duval comme nouveau Speaker, après la démission de Sooroojdev Phokeer qui a évoqué des soucis de santé, et avec la prestation de serment du nouveau président de l'Assemblée nationale sous la forte protestation des membres de l’opposition, qui envisagent même un recours à la justice. Plusieurs observateurs nous donnent leur avis sur cette situation qui n’arrête pas de faire jaser. 

Un brouhaha au Parlement. Le jeudi 18 juillet, Adrien Duval prêtait serment comme nouveau Speaker ; le fils de Xavier-Luc Duval ayant été nommé à ce poste par le Premier ministre, avec l'approbation de l’état-major du PMSD. Une nomination pas au goût de tout le monde (voir texte sur l’opposition qui compte entamer une action en justice pour contester cet état de choses), avec une protestation forte, voire violente, au Parlement jeudi. Le nouveau Speaker a même dû interrompre sa prestation de serment vu l’ambiance extrêmement sonore et tendue.

 

Toute une histoire qui a commencé lorsque Sooroojdev Phooker a annoncé qu'il se retirait en tant que Speaker. Dès lors, chacun y est allé de sa petite spéculation, surtout dans un contexte d’élections générales qui arrivent bientôt, avec chacun avançant aussi ses dates ou sa période pour ces deux événements inévitables.

 

Alors, alliance ? Pas d’alliance ? Tactique ? Pas tactique ? Nos interlocuteurs se penchent sur cette situation peu commune. D’autant que ce samedi, Xavier-Luc Duval a animé une conférence de presse où il a voulu mettre les points sur les i, après être intervenu la veille sur les ondes de Radio Plus, pour donner les mêmes éclaircissements : «Pravind Jugnauth n’a mis aucune condition avec la nomination d’Adrien Duval, ni condition pour une alliance, ni condition pour une quelconque façon de travailler.» Il a rajouté une couche en martelant :«Il n’y a actuellement aucune négociation en ce moment avec aucun parti, nous allons voir en temps et lieu s’il y a des conditions préalables pour une coalition. Le but, c’est que Maurice reste un plaisir.» Il a aussi déclaré que si les membres de l’opposition continuent à jeter de la boue sur son fils, «touzot sekre pou sorti, il n’y aura rien de tabou». Il a par ailleurs traité plusieurs membres de l’opposition d’hypocrites : «On a Navin Ramgoolam qui a 23 cas de money laundering, Ajay Guness avec un cas de drunken driving, et même le double-transfuge Khushal Lobine.» Tout en précisant que pour le PMSD, «la valeur n’attend pas le nombre de députés».

 

En tout cas, cette situation politique n'arrête pas de susciter des réactions. L’observatrice Saffiyah Edoo, par exemple, a, comme beaucoup de Mauriciens, un avis bien tranché sur la question : «Cette nomination est comme une manière officieuse, subtile, de nous dire que l’alliance est là entre les deux partis, et que la dissolution du Parlement arrive très bientôt.» Elle revient aussi sur tout le tapage au Parlement ce jeudi : «Ceci étant dit, je trouve un peu navrant que l’opposition parlementaire ait fait tout ce brouhaha au Parlement. On a le droit de ne pas être d’accord, mais il y a des façons plus élégantes de montrer son désaccord. On peut en débattre de façon civilisée, voire même conscientiser la population sur les enjeux, ou pas, d’une telle nomination. Avec toutes ces agitations, j’ai eu la vive impression d'être dans une République bananière.»

 

L’historien et observateur politique Jocelyn Chan Low va beaucoup plus loin : «Je vois toute cette situation comme une stratégie de jeu d’échec. Comprenez par là qu’on se débarrasse d’un pion important (en l’occurrence, Phokeer, qui, selon moi, pourrait être une des conditions de l’éventuelle alliance avec le PMSD) pour, dans la finalité, avoir la victoire. C’est, selon moi, ce qui se passe avec ce nouveau Speaker, qui assure presque une alliance avec le PMSD, ainsi qu'une bonne image sur le plan démocratique ; une manœuvre brillante, qui nous rapproche aussi de plus en plus de la dissolution du Parlement et des élections générales.»

 

Olivier Précieux, enseignant et passionné de la chose politique, nous partage aussi son point de vue sur la situation. «It is self-evident by itself que l’alliance PMSD-MSM est déjà là, quoi qu’ils en disent. Le symbolisme en politique est crucial selon moi. On a donc un membre d’un parti de l’opposition qui est nommé à un poste constitutionnel des plus importants, d’autant plus que c’est un membre actif du parti, si on oublie le nom Duval pendant un moment. Je pense que sur ce coup, cette stratégie si l’on veut, le MSM a été bien conseillé, reste maintenant à connaître la suite des événements, surtout dans ce contexte d’élections générales et de dissolution du Parlement qui arrivent bientôt. Avec cette nomination, qui a dû être une surprise pour beaucoup, on peut aussi supposer qu’il y aurait plusieurs autres conditions autour de cette éventuelle alliance. On parle, par exemple, d’un retour de la MTC au Champ-de-Mars. N’oublions pas que le gouvernement a aussi une grosse carte à jouer avec le réajustement salarial tant attendu dans la fonction publique et ailleurs. Donc, tellement de choses sont encore possibles et on n'est certainement pas au bout de nos surprises», souligne ce détenteur d’une licence en Sciences Sociales.

 

À coup sûr, les jours qui arrivent nous aideront à y voir un peu plus clair dans tout ce qui a trait à cette fameuse nomination qui fait couler beaucoup d’encre.