Tel un phénix qui renaît de ses cendres, son retour triomphal à la tête du pays a marqué l’Histoire de l’île Maurice. Après une longue traversée du désert de dix ans, Navin Ramgoolam a fait un come-back en force dans l’arène du pouvoir. Menant intelligemment l’Alliance du Changement autour de laquelle il a su convaincre et rassembler, il a été le maestro derrière le 60-0 historique du 11 novembre 2024. Aujourd’hui, aux yeux de nombreux Mauriciens, le Dr Navin Ramgoolam incarne l’espoir d’un avenir meilleur, plus juste et plus équitable pour tous.
C’est au vu de tout cela que l’express, qui célèbre depuis 1965 les Mauriciens qui se distinguent, qui façonnent le pays et qui donnent l’exemple, lui a décerné le titre de «Mauricien de l’année» le 28 décembre dernier. Une consécration de plus qui vient mettre en lumière son parcours exceptionnel fait de conviction, de résilience et d’engagement. Ce titre, son père sir Seewoosagur Ramgoolam l’avait aussi reçu en 1968. Un symbole fort et emblématique pour ces deux hommes qui, chacun à leur tour et à leur manière, ont grandement contribué à façonner notre pays et ce peuple. Dans sa vie politique et son engagement pour ce «pei» qu’il aime tant, Navin Ramgoolam a connu des sommets glorieux et des bas très sombres. Sa montée en puissance a brutalement pris fin avec les élections de 2014, période noire durant laquelle sa vie s’est lue comme un livre ouvert. Son arrestation un 6 février 2015 a choqué le pays et a plongé l’ancien Premier ministre qu’il était à cette époque dans un cercle infernal. Alors qu’il avait toujours joui d’une vie proche du pouvoir, il s’est retrouvé pour la première fois esseulé, abandonné, humilié. Les accusations pesaient lourd et la chute était brutale.
Tout homme aurait jeté les armes. Pas lui. Face à l’adversité, il a su rester digne et n’a jamais baissé la tête. Il a refusé d’abandonner, est revenu petit à petit et après deux essais infructueux, il a signé son grand retour avec une victoire écrasante qui restera à jamais gravée dans les mémoires. Autour de l’Alliance du Changement, il a su rameuter les troupes. Les siennes d’abord et ensuite celles d’une opposition que l’on pensait incapable d’accorder ses violons. Tel un vrai capitaine, Navin Ramgoolam a donc su fédérer, convaincre et rassembler, estime Jocelyn Chan Low. «On peut le définir comme un rassembleur car on voit clairement que l’électorat l’a choisi. Il a pu créer une équipe et convaincre et c’est la population de toutes les couleurs qui s’est exprimée. Il a incarné la nation mauricienne dans son ensemble et on peut dire que ça a été un vote rassembleur.»
Néanmoins, souligne l’observateur politique, pour faire une analyse et une observation objective et honnête, il ne faudrait pas omettre l’effet «Missie moustass». En ce sens, Navin Ramgoolam a su surfer sur cette vague anti-Jugnauth sur laquelle il a su capitaliser pour gagner. «Il a rassemblé autour de l’anti-Jugnauth. Les gens se sont accrochés à ça.» Au vu de tout cela, Navin Ramgoolam porte aussi sur ses épaules le poids des attentes et des espoirs des Mauriciens qui, pour avoir une vie meilleure, ont choisi de lui faire confiance. Pour Lindsay Rivière, Navin Ramgoolam a beaucoup gagné en maturité. «Il a donné l’exemple d’une résilience et d’une volonté extraordinaires. Il adopte une approche arme en vue en politique. Après dix ans de traversée du désert, alors que les autres auraient jeté les armes, il a fait un come-back impressionnant que je qualifierais de rarement vu dans le monde.»
Un message d’espoir
Le mot «rassembleur» semble en effet lui coller à la peau depuis la victoire écrasante des dernières législatives. Pour l’observateur Lindsay Rivière, c’est ce que Navin Ramgoolam incarne aujourd’hui aux yeux de la nation mauricienne. «Grand rassembleur, il l’est certainement. On peut voir qu’il y a un nouveau Ramgoolam quand on fait une comparaison entre celui qu’il était en 1990, en 2000 et maintenant. Il a mûri avant d’émerger comme un rassembleur. Il a une vision très différente de celle qu’il portait en 1995 lorsqu’il est devenu PM pour la première fois. De chef de guerre partisan, il a aujourd’hui pris la dimension d’un chef d’État attaché aux grands principes qui tiennent un peuple ensemble. S’il applique ces principes comme il faut, son nouveau passage au pouvoir sera une grosse avancée non seulement pour le PTr, mais pour le pays tout entier.»
D’ailleurs, dans son message du Nouvel an, le Premier ministre a livré aux Mauriciens un message empreint d’espoir et d’un sentiment de liberté, saluant le soutien et la confiance dont a su faire preuve la population et remerciant l’électorat pour la grande victoire du 11 novembre. «Mo koz avek zot avek enn gran soulazman ek fierte. Se gras a zot patriotism ki nou finn tir nou pei depi lame enn klan mafiozi ki ti konfiske Leta morisien.» Il a ainsi dédié cette victoire à tous les Mauriciens qui ont choisi de prendre leur destin dans leurs mains, de choisir la liberté et l’unité, tout en rejetant la répression, la division et la corruption. «Ti ena enn niyaz nwar lor nou pei. Ena enn sansasion ki nou finn delivre di mal. Enn gro pwa finn sorti lor zot leker. Ki anfin zot pe kapav respirer et santi zot lib. Pena nanye pli inportan, ki pli for ki enn pep lib. Pandan sa 10 lane-la, nou ti prizonier laper. Dimounn ti pe per pou exprim zot, pou koz lor telefonn ou afis zot lopinion ouvertman. Lepep morisien fine demontre ki so liberte pli importan ki tou. Nou’nn montre ki nou kapav ek nou ena drwa santi nou fier de kouraz ek patriotism otour drapo nasional.»
Plaçant l’année 2025 sous le signe de l’espoir et de la reconstruction, le Dr Navin Ramgoolam a mis en perspective les défis qui nous attendent au fil des mois à venir. «Ce sera l’année de tous les défis que nous allons relever ensemble avec une politique de transparence et de vérité. Chaque Mauricien a pris conscience de l’état dans lequel se trouve notre pays et notre économie. Le MSM a pratiqué une politique de terre brûlée. Notre première priorité est de redresser l’économie et nous aurons besoin du coup de main de tous pour réussir.» Ensemble, dit-il, nous pourrons reconstruire notre pays.