Certains.es avaient encore de l’espoir. Se disaient qu’il y avait, peut-être, quelque chose à espérer dans la prise de parole du Premier ministre Navin Ramgoolam, en ce samedi 14 décembre. Néanmoins, le chef du gouvernement s’est montré ferme : la situation économique, suite «à l’héritage désastreux laissé par le gouvernement MSM», ne permet pas de plus grande largesse. Il l’a martelé lors de sa prise de parole, secondé par Paul Bérenger, qui répètera pendant l’exercice de communication : «Nou finn fer nou maximum.» Le 14e mois ne concerne que ceux qui touchent Rs 50 000 ou moins comme salaire de base ; une décision – tant attendue ! – annoncée le vendredi 13 décembre par le Conseil des ministres qui a provoqué joie pour ceux.celles concernés.ées, mais aussi une vague de mécontentement et d’interrogation (voir hors-texte). La promesse électorale, s’indignent certains.es, n’a pas été respectée. Le ministre de la Sécurité sociale, Ashok Subron, affirme, néanmoins, que le gouvernement «respecte le gros de son engagement malgré le désastre économique»…
Navin Ramgoolam, lors de cet exercice de communication, a parlé de «mismanagement total» du MSM, de «crime contre la population», de «décisions irréfléchies», de scandales, de fraudes. Pour faire court, il a dressé une image catastrophique de l’économie locale, avec dettes à payer et échéances financières à respecter. Tout cela pour expliquer qu’il n’était pas possible de faire mieux concernant l’allocation du 14e mois : «Nous devons être responsables et crédibles. La population doit comprendre ; nous découvrons une situation encore pire que prévue. Enn kote ena bann promes, enn lot kote ena bann realite ekonomik.» L’objectif, désormais, est de remettre l’économie sur les rails et de tout faire pour éviter que Moody’s «downgrade nou» : «La menace est grande, mais nous mettons en place des mesure pour réduire la dette gouvernementale et pour un fiscal condition programme», a ajouté Paul Bérenger.
Aux questions des journalistes qui lui demandent si la formule du 14e mois n’est pas une discrimination envers les travailleurs.es, Navin Ramgoolam dira encore : «Nous sommes dans une situation désastreuse ; si pena kass, kouma pou done ?»
«Je n’ai pas droit au 14e mois… »
Une injustice. C’est ainsi que Darshini voit la décision des autorités concernant le 14e mois. Elle s’occupe, seule, de ses deux enfants, gagne un peu plus de Rs 50 000 et cet argent lui aurait permis de mieux appréhender le début de 2025 : «C’est injuste. Imaginez deux parents qui gagnent Rs 45 000, ils vont se retrouver avec Rs 90 000, alors que moi, je ne vais rien gagner.»
Sur les réseaux ou ailleurs, ils.elles sont nombreux.ses à se poser des questions sur la justesse de la formule choisie par le gouvernement. Comme Miven, self-employed qui ne peut même pas rêver au 14e mois, mais qui pense au concept : «Ce sont eux les intellectuels qui doivent nous diriger ? Pas possible ! Il y avait quand même une formule plus juste à trouver. Par exemple : c’était simple de maintenir la somme initiale – Rs 50 000. Ensuite, situer la limite – Rs 100 000. Donc, une personne qui a Rs 80 000 comme salaire par mois devrait avoir Rs 20 000 de 14e mois. Celle qui touche Rs 100 000 ou plus n’obtient rien.» S’il se demande pourquoi les self-employed ne sont pas considérés, sa réflexion ne va plus loin sur ce point : «Nou abitie ar sa.»
Pour Solana, qui gagne un peu moins de Rs 100 000 mensuellement, il n’est pas question de se «battre pour de l’argent» ; qu’elle n’ait pas ce mois de salaire en plus, elle pourrait s’en remettre très vite même si cela relève de la «discrimination» : «Nous ne sommes pas des travailleurs, nous ? Nous ne contribuons pas à l’économie ? On nous fait regretter l’investissement dans nos études, nos diplômes et notre acharnement au travail ? Le message, c’est quoi ? Plus tu bosses, moins tu gagnes ?»
Mais elle se demande pourquoi – et comment ! – elle doit payer le 14e mois qu’elle n’a pas touché elle-même : «J’emploie un jardinier et une employée de maison. Je dois leur payer le 14e mois, on est d’accord ? Mais moi, je n’y ai pas droit. Comment est-ce possible ? Ce n’est pas logique !» Elle s’interroge, également, sur le paiement des frais de scolarité de ses enfants : «Nous payons pour le 13e mois déjà. Va-t-on nous demander de débourser encore pour financer ce 14e mois ? La question se pose, encore une fois, alors que je n’ai pas droit à ce mois de salaire supplémentaire ! Il y a un problème quand même. Quand on gagne plus de Rs 50 000, ça ne veut pas dire qu’on est riche et qu’on a des fonds illimités.»
Les petits entrepreneurs s’inquiètent, Business Mauritius s’étonne
«Kot pou gagn sa kas-la?» C’est la question du moment pour les entrepreneurs.es qui gèrent de petites structures avec quelques employés.es. Si le gouvernement a assuré qu'il va aider les PME, pour l’instant, aucun détail n’a été communiqué en ce sens. C’est ce qui interpelle également Business Mauritius qui attend également des informations et s’étonne, qu’en plus du 14e mois, une compensation salariale ait été décidée sans consultation tripartite, augmentant, encore une fois, la masse salariale pour les entreprises.
Ce qu’il faut retenir…
Le 14e mois sera payé à ceux.celles qui touchent Rs 50 000 ou moins en salaire de base (secteurs privé et public). Le paiement sera fait en deux tranches : la première en décembre 2024, la seconde en janvier 2025. Le Special Allowance Bill sera présenté, ce mardi 17 décembre, au Parlement.
- À partir du 1er janvier 2025, une compensation salariale de 3,7 % du salaire minimum est prévue (Rs 610 aux employés.es qui perçoivent Rs 50 000 ou moins).
Le gouvernement promet un soutien aux- petites et moyennes entreprises (PME), aux entreprises exportatrices et aux entreprises qui font face à des difficultés financières (une aide qui vient avec des critères) pour le paiement du 14e mois et de la compensation salariale.
- Les bénéficiaires des prestations sociales toucheront également leur 14e mois. Le paiement débutera à partir du 16 décembre dans les bureaux de poste selon le calendrier suivant : le 16 (A-F), le 17 (C-F), le 18 (G-J), le 19 (K-M), le 20 (N-P), le 21 (Q-R), le 23 (S-Z) et le 24 (retardataires). Les fourgons mobiles de la Mauritius Post se trouveront : 1) à Belle-Mare, le 18 (A-Z) de 9 heures à 11 heures, 2) à Mare-Tabac, le 17 (A-L) et le 19 (M-Z) de 12h30 à 14h30, 3) à Palmar, le 18 (A-Z) de 12h30 à 14h30, 4) à Deux-Frères, le 17 (A-Z) de midi à 13 heures, 5) à Quatre-Sœurs, le 17 (A-Z) de 10 heures à 11h30, 6) à Saint-Hubert, le 16 (A-L) et le 17 (A-L) ainsi que le 18 et le 19 (M-Z) de 9 heures à 11h15. Si vous recevez votre pension sur votre compte en banque, le paiement se fera le 17 décembre.
- À partir de janvier 2025, une augmentation de Rs 1 000 a été annoncée pour «tou bann pansioner» par Ashok Subron, ministre de la Sécurité sociale, lors du point de presse du gouvernement.