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Deven Nagalingum : mes premières semaines comme ministre de la Jeunesse et des Sports

«Je serai à l’écoute de tous sans exception, dans la vie on ne peut faire un jugement sans avoir écouté les deux versions. Je vais écouter et par la suite tirer les conclusions...»

En attendant de dévoiler son plan d’action, le nouvel homme fort du sport mauricien nous en dit plus sur sa philosophie et son constat sur le terrain. Cependant, il nous glisse quelques idées qu’il compte mettre sur pied.

Mes premiers pas

 

C’est avec un immense plaisir que j’ai accepté la responsabilité d’être le nouveau ministre de la Jeunesse et des Sports, même si je ne m’attendais pas trop à ce ministère. C’est très challenging et comme je suis un bosseur en privilégiant la proximité sur le terrain, cela est une grande source de motivation pour moi car il y a pas mal de travail à faire. J’éprouve beaucoup de plaisir à travailler dans ce ministère que ce soit avec les jeunes mais aussi avec les sportifs et des gens qui ont peut-être été pénalisés dans le passé. Ça me fait très plaisir, je me donne à fond, je travaille 24/7 je réponds à toutes les sollicitations. J’ai adopté ce ministère et je commence aussi à comprendre son fonctionnement. Je suis sûr que ma méthode de procéder qui est le travail, le travail et le travail, nous mènera à bon port.

 

J’ai reçu une quinzaine de sollicitations durant les week-ends pour assister à des événements et je me fais un devoir d’y répondre présent car les gens ont envie de me rencontrer et de partager leurs attentes. Je ressens en même temps un soulagement de ces personnes qui ont attendu longtemps pour pouvoir s’exprimer. Certains présidents des fédérations ont été contents de m’avoir comme invité car ils disent que c’est la première fois qu’un ministre des Sports leur rend visite. Ça me fait très chaud au cœur et je vais continuer à répondre présent.

Pas loin de la chose sportive

 

Beaucoup de personnes ne savent pas que j’étais moi-même un sportif et ceinture noire de taekwondo. Puis lorsque j’étais maire de Beau-Bassin-Rose-Hill cela m’a permis de chapeauter plusieurs projets pour la promotion des talents sportifs. Ainsi nous avons été dans les régions dites défavorisées où nous avons déniché de jeunes talents et aujourd’hui la ville de Beau-Bassin-Rose-Hill a produit des vedettes comme Bruno Julie, des footballeurs comme feu France Jonas et bien d’autres encore.  Nous avons aussi créé l’Union Sportive Beau-Bassin-Rose-Hill, qui à l’époque était un modèle dans le  concept de régionalisation du sport à Maurice et l’équipe de football faisait la fierté de la ville. Tout ceci a été réalisé à travers des détections. Les centres sociaux et sportifs étaient vivants. Il y avait des activités qui étaient organisées régulièrement sous la férule de Nicol Ombrasine qui à l’époque était le responsable des sports.

 

Ma vision des choses…

 

Je crois toujours que le sport doit faire partie du curriculum scolaire avec la participation des parents et enseignants pour que dès le plus jeune âge les enfants prennent goût à la pratique du sport et en même temps développent une appartenance à ce qu’ils sont en train d’accomplir. Car cette participation et cette contribution au sport vont les aider à se tenir à l’écart des fléaux de notre société. Je le répète souvent j’ai envie de voir les jeunes au lieu «anvi lance ene sering dan zot lavenn, zot aprann lance ene zavlo» afin de pouvoir produire une génération en bonne santé. Quand je parle de nouvelle génération, je ne parle pas de médaille ni de sport élite ou de sport de masse, mais du sport dans sa globalité comme une source qui va permettre de combattre les maux de société, mais aussi qui va contribuer au bien-être des mauriciens au niveau de la santé et par la même occasion inculquer le fair-play dès de plus jeune âge afin de bâtir une nation plus soudée.

 

Dans un élan patriotique, nous avons vu avec les changements qui ont eu lieu dernièrement, nous avons vu une résurgence du Mauricianisme et notre intention est que le pays bouge dans son ensemble dans cette direction afin que tout le monde, quel que soit son rang dans la société, ressente une appartenance à cette société et dans le sport.

 

Moi comme ministre…

 

Je suis une personne de proximité. J’ai été conseiller municipal, c’est la quatrième fois que je suis député,  PPS, Maire deux fois. Tous ceux qui me connaissent savent que je suis toujours le même. Je garde toujours les pieds sur terre et je suis très abordable. Je suis là pour collaborer avec tout le monde, j’irai dans les régions sans distinction et je serai à l’écoute des gens. Je suis un homme de terrain, je ne suis pas là pour remettre des trophées uniquement. Je veux aussi savoir quels sont les problèmes auxquels font face nos jeunes et nos sportifs en général.

 

Mon constat sur le terrain…

 

J’ai fait le tour de nos infrastructures avec nos officiers et je constate qu’il y a beaucoup à faire en termes d’infrastructures sportives. J’ai été choqué et triste aussi. Ce n’est pas possible qu’un stade George V, un stade Anjalay Coopen ne disposent pas de «fire clearance». Idem pour la piscine de Mare d’Albert qui ne fonctionne pas depuis des années alors que ce sont les jeunes et les habitants qui doivent utiliser ces infrastructures. 

 

Si un athlète ne dispose pas d’un lieu pour s’entraîner dans les meilleures conditions, comment voulez-vous qu’il soit performant et motivé ? Dans son ensemble, il y a un grand chantier qui nous attend, comme à  Pointe-Jérôme pour ne citer que ça. Ce site est un eyesore, il y a eu un laisser-aller, il va falloir mettre de l’ordre. Je suis déterminé et je suis sûr que je vais réussir avec l’appui du gouvernement.

 

Gérer les conflits

 

Je serai à l’écoute de tous sans exception, dans la vie on ne peut faire un jugement sans avoir écouté les deux versions. Je vais écouter et par la suite tirer les conclusions, mais je suis du principe qu’il faut donner la chance à toutes les personnes de bonne volonté à contribuer à l’avancement du pays et à bâtir une nation arc-en-ciel.

 

Accès aux infrastructures scolaires

 

J’ai déjà demandé au ministre de l’Éducation de rendre accessibles au public les espaces sportifs dans nos institutions scolaires. Je fais une demande pour revoir les critères afin de ne pas pénaliser les gens qui ne disposent pas de moyens pour la location de telles infrastructures.

 

Audit du ministère

 

Dites-vous bien qu’en parallèle de ces visites sur le terrain, il y a un état des lieux qui se fait dans chaque section du ministère que ce soit au Complexe sportif de Côte-d’Or, le Mauritius Sports Council et dès que le rapport sera prêt et que nous ayons défini une politique de moyen et à long terme, nous allons rendre publique la stratégie que nous allons mettre en place. J’ai déjà réclamé un audit de toutes les dépenses, les voyages etc… et par la suite nous viendrons de l’avant avec les propositions très bientôt.

 

Réorganisation du ministère

 

Je laisse le soin aux experts de relever les points forts et les manquements et à partir de là nous allons tous travailler ensemble sans pour autant pénaliser qui que ce soit, mais dans un consensus en commun et avec des gens de bonne volonté qui ont envie de faire bouger les choses. Je vais tout faire pour que chacun assume ses responsabilités et que tout ce monde œuvre dans la même direction dans l’intérêt national. Il y a un nouveau gouvernement, un nouveau ministre, faisons de sorte que tout le monde soit partie prenante dans les décisions durant ses cinq années.

 

Mes priorités

 

Je ne vais rien dévoiler pour le moment. J'ai trois choses en tête, l’une ce sont les jeunes au niveau scolaire. La deuxième, c’est le football où j’ai envie de tout donner pour que nos gradins soient à nouveau remplis dans les stades et de faire honneur au pays. Et la troisième, ce sont les inters collèges que j’ai envie de faire revivre dans chaque coin du pays. Nous allons trouver la bonne formule car à travers ces événements les jeunes vont avoir cette force, cette détermination, cet esprit d’équipe, de fair-play et cette envie de participer et de rencontrer d’autres jeunes afin de partager les valeurs. Je veux que ses jeunes éprouvent ce plaisir et cette fierté de remporter une médaille ou un trophée. 

 

Le retour des Fire Brigade, Sunrise, Scouts Club ou Cadets Clubs pas à l’agenda

 

Il y a trois choses à bien se mettre en tête. Il y a la décentralisation du sport, la décommunalisation du sport et la démocratisation du sport. Ces trois D sont importants dans notre société. Il ne faut pas que le sport soit une affaire de «sa mo bann, ca to bann», il faut que le sport soit un vecteur d’unité nationale. Si nous nous impliquons sérieusement et que nous arrivons à permettre aux gens d’avoir un sens d’appartenance à leurs régions et leurs équipes, je suis convaincu que ce sera quelque chose de très bénéfique pour l’avenir du sport.

 

Le rôle des collectivités locales

 

Il faut impliquer tout le monde. Les collectivités locales auront un rôle très important à jouer dans la réalisation de ce que nous allons entreprendre. Ils ont un lien direct avec les gens, bien sûr, nous aussi, nous aurons notre part à jouer au niveau de l’encadrement, mais quand le système sera en place, je suis convaincu que nous allons réussir.

 

Professionnalisation du sport

 

C’est un aspect qu’il faut considérer, mais avant de nous lancer, il faut voir comment nous allons procéder, d’où le besoin de faire un audit de la situation. Nous avons besoin de personnes qui vont encadrer les jeunes, mais il faut aussi pouvoir les suivre et les honorer comme il se doit. D’où la nécessité aussi de voir son implication légale et financière.

 

Mêmes traitements aux fédérations

 

Je sais qu’il y a des fédérations qui opèrent en dehors du système, ne bénéficient pas de soutien de l’État et qui pourtant produisent des résultats sur le plan local comme international. Il est inconcevable qu’une organisation se retrouve en dehors du cadre légal encore plus si cette instance est productive et fait honneur au pays. C’est tout à notre honneur et je vais faire le nécessaire pour trouver les bonnes formules afin que tous ces personnages soient «on board». Ceux qui ne sont pas d’accord, ils vont se faire exclure par eux-mêmes, car moi je suis là pour rassembler tout le monde sportif.

 

Mes prochains jours

 

Je suis quelqu’un qui travaille 24/7. Je vais avoir une série de rencontres avec nos fédérations sportives à tour de rôle. Je prévois de rencontrer tous les athlètes qui ont brillé ces derniers jours sur le plan international car je favorise toutes les personnes qui ont contribué à faire honneur au pays.

 

Mon message à la communauté sportive…

 

Croyez en votre pays, croyez en vous-même, en votre force et profitez de ce nouvel élan que nous avons pris ensemble. Rendez-nous encore plus fiers de notre île Maurice, continuons ensemble. Sans votre soutien, sans votre collaboration, nous n’arrivons pas à bon port. Cela implique non seulement les athlètes de l’élite, mais l’ensemble de la communauté sportive, à savoir également les sportifs atteints d’une déficience ainsi que les personnes âgées pour qui nous espérons mettre en place des programmes de loisirs à travers le sport. Je vous souhaite tous bonne chance, de joyeuses fêtes, une bonne et heureuse nouvelle année et plein de bonheur, de prospérité et de succès. 2025 sera une année très mouvementée où nous allons redoubler d’efforts afin de faire avancer le sport et la jeunesse.

 

Entretien réalisé par Rehade Jhuboo et Qadeer Hoybun