Avec ses deux fils : Shaheer et Kabeer.
Aux côtés de Reshad Mungly (ex-Scouts), adversaires sur le terrain mais amis dans la vie.
Cette figure emblématique du football mauricien vient de célébrer ses 60 ans. Une occasion pour lui de se remémorer ses bons souvenirs, mais, aussi, ceux les moins réjouissants de sa carrière de footballeur et d’entraîneur.
Il était une fois un jeune homme issu d’un milieu modeste vivant à Souillac. Né de parents laboureurs et de confessions religieuses différentes, Mukesh Ramrekha a connu un parcours fructueux comme footballeur.
L’homme vient de fêter ses 60 ans le 9 mars, et, à cette occasion, l’équipe des Golden Stars, regroupant d’anciennes gloires, a organisé une réception et un match de gala en son honneur.
Mukesh Ramrekha a étoffé son palmarès année après année, tant comme footballeur et entraîneur. Une réussite qu’il doit beaucoup à ses parents, Ooduth Ramrekha et Bibi Banon Meerally, tous deux laboureurs. On s’imagine facilement que ces derniers ont dû consentir beaucoup de sacrifice pour permettre au petit Mukesh, son frère Goolam Mohamed, et sa sœur Rahemoone d’avoir une bonne scolarité. Le premier nommé, lui, s’est découvert un penchant particulier pour le ballon rond.
Mukesh Ramrekha a, aussi, effectué des études tertiaires et continue de coacher à temps partiel des équipes de football, notamment celle de la Wastewater Management Authority.
Marié à Nazneen «qui est la colonne vertébrale de ma maison et mon soutien », il a aujourd’hui deux fils, Shaheer l’aîné travaillant pour la Wastewater Management Authority et Kabeer employé chez Emtel. Deux fils qui excellent dans le…badminton.
Petit, Mukesh Ramrekha a commencé à taper dans le ballon au sein des équipes de son quartier, pour ensuite jouer avec Mahébourg Utd et Cosmos entre autres.
Une jeunesse sérieuse, avec le football en corollaire, qui sera marquée par un souvenir impérissable. « J’avais 18 ans et je jouais pour le Young Tamil et on avait à affronter l’équipe Orphelin Père Laval menée par le légendaire José Desvaux au stade George V en 1972. C’était la première fois que j’allais pénétrer dans ce stade. Qui plus est, pour jouer un match de football. Ça a été un grand moment d’émotion que je n’oublierai jamais et que je considère comme un des meilleurs souvenirs », raconte-t-il.
Ce mythique stade de Curepipe allait devenir le terrain de chasse du futur goleador du Cadets Club (anciennement connu comme l’Hindu Cadets), qui le recrute en 1976. Une première année chez les Vert et Blanc, marquée par un titre de champion. Il remporte des titres et s’ouvre les portes de la sélection nationale. Après avoir raccroché ses crampons, Mukesh Ramrekha allait, à nouveau, faire parler la poudre.
Il allait prendre les rênes du Cadets Club comme entraîneur pour la saison 1984/85. Et l’équipe est sacrée championne de Maurice la saison suivante. Les Vert et Blanc ont été le premier club mauricien à participer à une compétition de coupe africaine. Le destin de Mukesh Ramrekha sera lié à jamais avec ce club glorieux. Et dire qu’il a failli ne jamais porter les couleurs de cette équipe.
« C’était au début des années 70, lorsqu’il se présente à une journée de détection à Coromandel. Je devais demander de l’argent à mes parents, pour effectuer le trajet Souillac-Coromandel et cela coûtait Rs 2. Je réussis à me présenter à cette séance de détection, mais, malheureusement je n’ai pas été retenu. Je pense que c’était dû au fait que j’habitais le Sud, alors que la majorité des joueurs de l’équipe résidait dans le Nord. Cela a été une très grosse déception pour moi. C’est le plus mauvais souvenir de toute ma carrière».
«Ti Loto»
Aujourd’hui, comme cadeau d’anniversaire, Mukesh Ramrekha aimerait que le football mauricien retrouve sa popularité d’antan. « Il faut donner un second souffle, et si on continue comme ça, le football ira encore plus mal. Ça me fait de la peine de voir qu’un club mauricien se fasse battre par des Seychellois alors qu’on a rivalisé avec les Africains dans les années 70/80 ».
Une des solutions est la professionnalisation estime Mukesh Ramrekha. « Il faut s’assurer que le footballeur ait un bon salaire, un emploi sécuritaire et une assurance médicale. Si le football devient un métier, cela va hausser le niveau de cette discipline et aussi résoudre pas mal de problème de société tout en combattant les maladies ».
Celui qu’on surnommait affectueusement « Ti Loto » pense que les jeunes peuvent changer la face du football mauricien. « C’est à eux de reprendre le flambeau pour faire vivre le football. Ils doivent se battre pour le pays et faire honneur au maillot qu’ils portent. On dit que les gens ont déserté les stades parce qu’ils préfèrent regardent les matchs européens à la télé ou sur ordinateur, comme le font les jeunes. C’est une tendance qui existe aussi chez notre voisin de l’île de la Réunion, où les gens sont fans du PSG ou Marseille, et les jeunes sont scotchés à leurs ordinateurs, mais, pourtant, leurs stades sont bien remplis chaque week-end pour les matchs de championnat avec les equipes régionales », analyse ce fan de Liverpool.
Que pense-t-il d’un éventuel retour des clubs historiques dans le giron du football ? « Vous savez, ça peut être une bonne idée car les gens sont nostalgiques de cette époque, mais cela peut être aussi une mauvaise idée. Il vaut mieux laisser les morts reposer en paix », rétorque un Mukesh Ramrekha qui n’est pas près de lâcher un ballon de foot.