L’Assemblée nationale reprend ses droits. Et les dossiers brûlants ne manqueront pas d’enflammer l’hémicycle ce mardi. Alors qu’ils s’apprêtent à retrouver leur siège dans deux jours, les députés de tous bords peaufinent leurs arguments pour mieux se préparer à l’affrontement.
Comme sur un ring, la tension est palpable. Et la température commence à grimper. Dans quelques jours, soit le mardi 25 mars, les parlementaires de tous bords reprendront le chemin de l’hémicycle, où ils n’ont pas mis les pieds depuis trois mois. Et à 48 heures du gong qui donnera le coup d’envoi de cette grande rentrée, les députés des deux camps, gonflés à bloc, préparent leurs munitions, affûtent leurs couteaux et comptent les heures pour pouvoir enfin dégainer leurs armes et ainsi enflammer le Parlement.
Les dossiers brûlants, ce mardi, il y en aura à la pelle. Le Remake 2000 sera ainsi sur tous les fronts : visite du Premier ministre à Davos, affaire D.Y. Patil, les travaux du Bagatelle Dam, le projet CT Power ou encore l’état de la Ring Road…
Du côté de l’alliance gouvernementale, les soldats affichent un fighting mood, défiant, disent-ils, toutes les attaques. Lormus Bundhoo, le ministre de la Santé, est déjà sur le pied de guerre : «L’opposition va nous attaquer et nous, on va riposter.» Mais pas n’importe comment, précise-t-il : «On va tout simplement démontrer qu’il y a un travail qui est effectué et que l’équipe au pouvoir a à coeur l’intérêt de la population.»
Ce n’est pas Sheila Bappoo, la ministre de la Sécurité sociale, qui dira le contraire. Travaillant actuellement en étroite collaboration avec le ministère de la Santé concernant la propagation de la dengue à Maurice, elle est, dit-elle, «parée» pour affronter le rythme d’enfer qu’imposent les séances parlementaires : «Je suis en pleine forme !» Et elle s’impatiente, souligne-t-elle, de retrouver son siège au parlement : «Ces derniers jours, je n’ai cessé de dire, autour de moi, que je suis impatiente que les séances parlementaires reprennent. L’Assemblée nationale est, pour moi, une bonne plate-forme qui donne l’occasion d’informer la population sur le travail qui est effectué. J’ai remarqué que les conférences de presse ne sont pas souvent relayées dans la presse. Ainsi, les informations ne passent pas. Or, au Parlement, on a l’occasion de s’expliquer sur les attaques qui n’ont pas lieu d’être.» Et Sheila Bappoo sait, dit-elle, que l’opposition l’attend au tournant : «J’ai envie de répondre à des choses et surtout de m’expliquer sur des choses.»
En effet, les députés MSM Leela Devi Dookun-Luchoomun et Mahen Jugroo l’interrogeront sur l’affaire D.Y. Patil, actuellement très controversée : «Je vais répondre, en toute transparence et dans le respect des procédures, à toutes les interrogations. Je suis très sereine car je me suis préparée à cela.» Pour Sheila Bappoo, il faut s’armer d’une bonne dose d’énergie, de courage et d’un sens de l’organisation à toute épreuve pour affronter cette grande rentrée et les autres séances qui suivront.
Forte de ses longues années d’expérience en politique, elle sait, précise-t-elle, que le travail d’équipe et une synergie de groupe aident aussi à faire avancer le travail : «Au sein de l’alliance au pouvoir, nous allons continuer sur notre lancée, en travaillant ensemble.» C’est ce qui manque, dit-elle, à l’opposition : «Ils démontrent un grand manque de sérieux. D’ailleurs, en consultant les questions qui sont à l’agenda, je me suis rendu compte que deux députés du même parti, dans l’autre camp, ont fait suivre la même question. Pour moi, cela démontre parfaitement l’état d’esprit qui prévaut de l’autre côté. Il y a un manque de coordination.»
«La voix de la population»
Rajesh Bhagwan, secrétaire général du MMM et whip de l’opposition, ne l’entend pas de cette oreille : «Tout va bien de notre côté. L’alternance, c’est le Remake. Le Parlement était en vacances, mais sur le terrain, pour nous, il n’y avait pas de vacances. Le Remake 2000 fera force de frappe au Parlement. Nous allons jouer notre rôle et nous attendons cette rentrée avec impatience pour acculer le gouvernement sur plusieurs sujets.» Pour lui, la rentrée parlementaire permettra d’exiger des réponses du gouvernement sur des dossiers qui sont à l’agenda : «Notre rôle, c’est de faire écho à la voix de la population. Les Mauriciens sont angoissés, surtout par des problèmes infrastructurels et sociaux qui existent actuellement dans le pays.» Selon lui, des scandales en série ont rythmé, ces derniers mois, les débats politiques : «La Ring Road, la route Terre-Rouge/Verdun, la frustration dans la force policière, l’inaptitude des autorités à gérer la situation concernant la dengue dans le pays ou encore la gestion de la Central Water Authority sont autant de dossiers mal gérés qui démontrent l’incompétence de l’équipe au pouvoir.»
Pravind Jugnauth, le leader du MSM, abonde dans le même sens et ne peut, dit-il, que faire montre de son indignation : «Le pays court à la catastrophe.» Pour lui, le nombre de questions qui seront posées et la quantité de sujets qui seront abordés à l’Assemblée nationale, ce mardi, démontrent l’urgence de la situation : «Il y a beaucoup de scandales, mais il y a aussi des cover-up.» Il annonce ainsi la couleur et précise que l’opposition va faire feu de tout bois : «Nous sommes dans un mood combatif. Semaine après semaine, nous allons dénoncer la mauvaise gestion du gouvernement et, plus que jamais, nous allons jouer notre rôle d’opposition sérieuse, constructive et porte-parole de la population.»
De son côté, l’alliance au pouvoir ne se laissera pas déstabiliser. «On va oeuvrer avec beaucoup de sérieux», souligne Tassarajen Chedumbrum Pillay, un ministre des Technologies de l’Information et de la Communication concentré… Comme sur un ring, avant un match !