Le leader du MSM compte appeler Navin Ramgoolam à la barre des témoins.
Une charge formelle pèse sur le leader du MSM. L’affaire Medpoint le rattrape. Mais celui qui crie son innocence ne compte pas se laisser faire, dit-il.
Il ne s’est pas exprimé à chaud. Il a pris le temps de préparer son discours. Une nuit de réflexion pour taper dans le mille. Une nuit de réflexion pour tenter d’avoir les meilleures tournures de phrases et arguments qui feront pencher l’opinion publique en sa faveur : «Je suis victime d’une machination politique, d’une vendetta», déclare-t-il avec force. D’ailleurs, alors qu’il anime sa conférence de presse, le leader du Mouvement socialiste militant (MSM) consulte ses petites fiches pour savoir où il en est dans son monologue de ce samedi pas comme les autres. La veille, Pravind Jugnauth a appris (par des «camarades journalistes», car, dit-il, aucune communication officielle ne lui est parvenue) qu’une charge formelle de conflit d’intérêts (dans le cadre de l’affaire Medpoint) pesait sur lui.
C’est ce qu’a annoncé le Directeur des poursuites publiques (DPP) à travers un communiqué, le vendredi 14 mars. Ce dernier estime qu’il y a suffisamment de preuves pour que des poursuites soient engagées contre le leader du MSM. Rappelez-vous, il y a quelque temps, le rachat par le gouvernement d’une clinique appartenant à des proches de la famille Jugnauth, alors que Pravind Jugnauth était ministre des Finances, avait fait grand bruit. L’État voulait en faire un hôpital gériatrique et avait déboursé Rs 144,7 millions. L’arrestation de la ministre de la Santé d’alors, Maya Hanoomanjee, membre du MSM, avait précipité la cassure entre le parti travailliste et le parti soleil et, dans un autre mouvement, la création du Remake 2000.
En avril 2013, Satyajit Boolell, le DPP, était arrivé à la conclusion qu’il n’y avait pas assez de preuves pour poursuivre Maya Hanoomanjee. Pravind Jugnauth pensait, peut-être, bénéficier de la même décision. Il s’est trompé. Qu’importe, dit-il ! Il va se battre : «Je suis serein. Je n’ai rien à me reprocher. Je n’ai rien fait de mal. Et dès que ma défense sera prête, je demanderai un early trial.» D’ailleurs, si, sur le terrain juridique la bataille n’a pas encore tout à fait commencé, sur celui des mots elle est bien entamée : «Pourquoi une décision maintenant ? Ça fait 30 mois. Je pense que c’est un timing au niveau politique. Ça a été planifié. Pourquoi attendre la veille du vote du Comité central du Mouvement militant mauricien – qui décidera de l’avenir du Remake 2000 (voir hors-texte) – pour agir ?»
Avis que partage Paul Bérenger. Il l’a déclaré, tout en assurant son soutien à Pravind Jugnauth, lors de son point de presse, hier : «Je trouve qu’il s’agit d’une grande coïncidence.» Néanmoins, malgré cette assurance, le leader du MSM aurait du souci à se faire. Sa mise en accusation fragiliserait la position du parti au sein du Remake 2000. Toutefois, le politicien a tenté d’afficher la confiance à la fin de son point de presse : «J’ai toujours confiance en cette alliance et en Paul Bérenger. Le Remake 2000 est toujours d’actualité.»
Mais, il l’avoue, lui-même, il ne peut en parler qu’au nom du MSM. Déjà que l’alliance MMM-MSM ne coulait pas des jours totalement heureux (et sereins), ces derniers temps ! Alors, Pravind Jugnauth, qui affirme que cette affaire ne l’empêchera pas de se présenter aux prochaines élections, dirige toute sa colère contre le Premier ministre : «Il est fini. Alors, il joue ses dernières cartes pour déstabiliser le Remake 2000 et elles sont sales et machiavéliques.» Et ce chef du gouvernement, qui n’est pas si innocent qu’il le prétend dans cette affaire, selon le leader du MSM, et qui lui pourrit la vie, il ne le lâchera pas : «Je convoquerai Navin Ramgoolam en cour. Il devra venir dans le box pour déposer. On entendra, enfin, la vérité.»
Une vérité qui laissera entrevoir le vrai visage du gouvernement en place. Visage qui se dessine déjà : «L’affaire D.Y. Patil, l’industrie des copines et des petits copains mise en place par Navin Ramgoolam, les critiques acerbes de ce dernier contre la presse....» Pravind Jugnauth en oublierait, presque, qu’il n’y a pas si longtemps, c’était un sport dans lequel il excellait. En tout cas, le leader du MSM croit en l’avenir, dit-il. Sur le plan personnel, il est certain d’être innocenté. Et sur le plan politique, il a annoncé que, bientôt, de nouvelles personnes se joindront au MSM : «Nous ferons une présentation.» Il se prépare, visiblement, à toute éventualité…