Du 6 au 9 mars, au Centre Swami Vivekananda, à Pailles, vous avez rendez-vous avec les livres lors de la seconde édition du salon Confluences. L’événement réunira auteurs et personnalités d’ici et d’ailleurs, le tout dans des conférences et des lancements de produits. Nous avons rencontré trois auteurs : le premier est une Mauricienne publiée en France ; le deuxième est caricaturiste et sort une BD sur l’île Maurice ; et le troisième est aussi un Mauricien édité et publié à Madagascar. Nous vous livrons, entre autres, le programme du Salon Confluences.
Natacha Appanah et la mutation du livre
Une incontournable des mots. Encore une fois, Natacha Appanah, une Mauricienne qui vit en France et auteure des fameux Le dernier Frère (une histoire d’amitié entre un jeune Juif et un petit Mauricien autour de la prison de Beau-Bassin) et La noce d’Anna (dans lequel une femme nous parle du mariage de sa fille), est invitée au salon Confluences. Elle y animera plusieurs conférences.
En attendant le lancement du Salon à Pailles, ce jeudi, on s’est entretenu avec elle sur le livre, numérique ou pas, et sur l’importance d’un événement comme Confluences, qui en est à sa seconde édition. «Je suis partie et j’ai participé à beaucoup de festivals du livre dans le monde. Mais j’ai été très impressionnée par le public, les gens qui se sont intéressés à la précédente édition de Confluences. Le public, les auteurs… Cela avait créé une atmosphère de soif de connaissances qui m’avait fait très plaisir, d’autant plus que ça peut être très difficile de rassembler du monde à ce genre d’événement», explique l’ancienne journaliste et animatrice radio, notamment sur RFI.
Justement, comment se porte le monde du livre en France ? «Comme dans tellement d’autres secteurs, le livre et l’édition essaient de survivre (…) en ces temps de crise. Beaucoup hésitent à acheter un livre à Rs 1 000, mais il existe heureusement d’autres solutions pour lire, comme les bibliothèques», observe Natacha Appanah.
On évoque également l’impact du livre numérique sur le livre papier avec l’auteure. Un sujet qui est dans l’actualité. «J’ai une liseuse et je lis pas mal dessus (rires). Je trouve que c’est un mauvais procès de dire que les jeunes ne lisent pas assez. Je pense qu’ils lisent, mais sur d’autres supports. Les jeunes aiment beaucoup la rapidité avec laquelle on peut obtenir un livre. Ils ont une autre façon d’aborder le livre, mais ont vraiment une soif de discuter. Et puis, je ne suis pas du tout dans ce courant qui dit qu’un support va éliminer l’autre», précise notre interlocutrice qui est maman d’une petite Neela, âgée de 5 ans.
Qu’il s’agisse du numérique ou pas, Natacha Appanah bosse sur sa prochaine parution, qu’elle décrit «comme un roman contemporain qui parle beaucoup du monde d’aujourd’hui». On n’en saura pas plus sur l’ouvrage qui succédera à Le Dernier Frère (2007). Mais l’auteure vous donne rendez-vous à ses conférences (voir programme en hors-texte).
Les petites piques mauriciennes de Pov
Observateur de l’actualité. Avec une bonne dose d’humour et d’ironie qui rend son art tout simplement irrésistible. Vous adorez les caricatures de Pov dans l’express ? Eh bien, découvrez une nouvelle facette de l’illustrateur, de son vrai nom William Rasoanaivo, avec l’album qui sera lancé lors du salon Confluences ce jeudi à 13h30 : Ile Maurice quel plaisir. Le dessinateur y met en avant, de façon drôle et un peu négative, pas mal de travers de notre île du point de vue des touristes. Une publication de Graphic Press, filiale du groupe La Sentinelle, qui sera sur les rayons dès le 4 mars.
Pov explique les dessous de sa nouvelle création, lui qui a gagné le Prix RSF/RFI du dessin de presse en 2003 et 2010, et remporté le 3e prix du gag du World Press Cartoon en 2010 : «Je me disais qu’il y avait quelque chose à faire sur la vie à l’île Maurice. L’idée s’est prolongée avec mes amis touristes, notamment des Allemands, qui venaient à Maurice et relevaient souvent des aspects un peu négatifs de la vie mauricienne.» Sont ainsi évoqués dans l’album des sujets comme les embouteillages, les taxis marrons, les prix des produits dans les foires maraîchères, entre autres.
Mais Pov ne veut pas pour autant trop dénoncer. «J’ai voulu commencer par une démarche un peu légère car, de par mon expérience dans la presse, j’ai vu que les gens réagissent un peu mal quand il y a de l’autodérision, ça les met un peu mal à l’aise. Je trouve qu’il n’y a pas beaucoup d’autodérision à Maurice.»
En tout cas, il y a bien un objectif derrière le livre : «J’avais envie de faire des regards croisés. D’un côté, montrer comment nous sommes perçus par les touristes, et de l’autre, admettre que c’est effectivement comme ça chez nous, car quand on est dedans, on ne réalise pas vraiment comment les choses se passent au pays», déclare Pov.
Ile Maurice quel plaisir sera en vente à Rs 400. Et si vous préférez l’anglais, une version dans cette langue est en préparation (traduit par Michael Bootle) et devrait sortir fin avril. Entre-temps, rions un peu de nous-mêmes.
Ronny Rengasamy, l’économiste devenu écrivain
D’un monde à l’autre. Et d’un pays à l’autre. Ronny Rengasamy, 33 ans, lancera lors du Salon du Livre son premier roman, intitulé Les souffrances du jeune Kevin, publié chez No Comments Editions. Un livre qui est plus ou moins un prolongement d’Emilie, la percutante nouvelle de l’auteur, publiée à l’Atelier d’Écriture en 2010. Rencontre avec un jeune homme marqué par un voyage à Madagascar. Un écrivain qui est aussi prof d’économie !
Eh oui, Ronny Rengasamy a même sorti un manuel scolaire sur l’économie. Mais au-delà de ce sujet qui le passionne, il y a aussi l’amour du voyage. «Certes, j’ai toujours eu envie d’être prof, mais l’envie de voyager était plus présent. Donc, je suis parti deux ans à Madagascar. Et pendant ce voyage, je traînais, je découvrais, et j’ai commencé à écrire, c’était comme un carnet de voyages. Et puis, il y a eu ma rencontre avec la prostituée qui allait être le personnage de ma nouvelle Emilie. Ça a été un déclic, et je me suis rendu compte que l’écriture était pour moi comme un exutoire», raconte ce prof au collège St-Mary’s. Il a ensuite présenté le texte à l’Atelier d’Écriture de l’écrivain Barlen Pyamootoo. Un texte parfois violent, parfois touchant, dans un style rythmé et intense, qui sera finalement publié.
Après la parution d’Emilie, Ronny Rengasamy fera des rencontres, tout en s’efforçant de rassembler ses morceaux de voyages pour en faire un livre, qui deviendra le manuscrit de Les souffrances du jeune Kevin. Il rencontrera, entre autres, Robert Furlong, qui va le référer à une universitaire, Dominique Ranaivoson, à qui il enverra son texte qui sera distribué un peu partout. Il sera finalement contacté par No Comments Editions.
Le jeune homme n’en revient pas : «C’est une sacrée chance pour moi, qui ai une formation d’économiste, sans avoir étudié en profondeur la littérature. Je suis très satisfait de mon parcours, et je ne compte pas m’arrêter.»
Comme pour nous préparer à son prochain livre, une histoire familiale épique qui couvrira trois générations, et nous fera voyager autant à Maurice qu’au Kenya.
Trois questions à Géraldine Hennequin-Joulia
L’une des coordinatrices de cet événement organisé par la section Culture et Avenir du bureau du Premier ministre a bien voulu répondre à nos questions.
Quoi de neuf pour cette édition ?
Nous avons déjà beaucoup plus d’invités et beaucoup plus de conférences. Nous avons aussi ajouté des nouveautés comme la projection de films et les lectures publiques. Tout a été fait pour le public qui pourra aller à la rencontre des auteurs et les côtoyer lors des conférences. Le salon a également l’ossature d’un événement littéraire, mais n’est pas pour autant un salon littéraire ; il y sera question de sujets comme la politique, l’économie ou même l’écologie.
Parlez-nous un peu de l’organisation d’un tel Salon ?
C’est un énorme défi pour la petite équipe que nous sommes ! Vous n’imaginez pas les contraintes auxquelles nous avons dû faire face…
Et l’année prochaine ?
Bien sûr, il est encore trop tôt pour parler du programme et des invités. Mais le salon Confluences est appelé à devenir un événement annuel.
Ce qu’il faut savoir sur le salon Confluences
C’est quand et où : Du 6 au 9 mars au centre Swami Vivekananda, à Pailles.
Qui sont les grands invités : Outre les incontournables auteurs mauriciens (Ananda Devi, Barlen Pyamootoo, Natacha Appanah), on trouve des personnalités françaises (Ségolène Royal, Mazarine Pingeot, la fille de feu François Mitterrand, et Nicolas Hulot) et des hommes de lettres moins connus, mais tout aussi talentueux, venant des pays d’Afrique et de la région.
Prix à payer : Les conférences qui se tiendront au centre du salon sont toutes gratuites et ouvertes au public ! L’entrée est également gratuite et des navettes feront gratuitement le va-et-vient entre le salon et la gare Victoria toutes les 45 minutes.
Aussi (et bien sûr) au programme : De nombreux stands proposeront des livres à des prix réduits et les plus jeunes pourront participer à une foule d’ateliers.
Un Salon bien rempli
Ne vous inquiétez pas, il y aura de la place pour tout le monde. Voici le programme pour les quatre journées de Confluences.
● Jeudi 6 mars :
11 heures : Ouverture officielle du salon par le Premier ministre Navin Ramgoolam.
12h15 : Conférence avec Ségolène Royal, vice-présidente de l’Internationale socialiste, autour de son livre intitulé Cette belle idée du courage. Cette conférence sera suivie d’une séance de dédicaces.
12 heures - 15 heures : Visite scolaire.
11h45 : Plusieurs ateliers au programme : L’art de la reliure, Techniques traditionnelles du mortier, Créer une planche de BD, Contes de Rodrigues, Contes tout court, Calligraphie chinoise, Peindre à la Chazal, Créations d’un Big Book, Contes et légendes, Concours de slam et La photo s’exprime dans les livres.
14h15 : Conférence Penser dans une langue, s’exprimer dans une autre, écrire dans une autre encore : l’acrobatie mauricienne, avec Sedley Assonne et Raj Heeramun. Modératrice : Eileen Lokha.
15 heures : Conférence Le Genre Littéraire en question par Xavier Houssin (pour le roman), Catherine Boudet (pour le théâtre) et Joëlle Ecormier (pour les nouvelles). Modératrice : Natacha Appanah.
16 heures : Lecture publique par Sandrine Raghoonauth : La maison qui marchait vers le large de Carl de Souza et Journal d’une vieille folle d’Umar Timol.
16h30 : Conférence Ecrire l’île avec Marie-Thérèse Humbert.
● Vendredi 7 mars :
10 heures - 15 heures : Visite scolaire et reprise des ateliers.
10h30 : Rencontre sous le thème Quelles interrogations sur le monde, la littérature jeunesse peut-elle partager avec les enfants ? avec Alain Serres, auteur de livres pour la jeunesse et directeur des Éditions Rue du Monde, devant un public d’enseignants et d’ONG.
10h30 : Projection du film Les Enfants de Troumaron de Harrikrisna Anenden, d’après le livre Eve de ses décombres d’Ananda Devi.
12h15 : Spectacle Autour de Petrusmok par Soorya Gayan du Grace Expression Studio et par la Natyanjali School of Indian Dance and Music, suivi d’un film d’animation sur le sujet.
12h15 : Conférence From the tower of Babel avec le Pr Chinmoy Guha de l’Inde.
13h30 : Forum Malcom de Chazal, ce phénomène, animé par l’écrivain malgache Johary Ravaloson et plusieurs intervenants.
14h30 : Concours de slam.
15h30 : Conférence No man is an island avec Kunal Basu (Inde), Stephen Clarke (Angleterre), Natasha Soobramanien (Angleterre) et Amal Sewtohul (Maurice). Modérateur : Sanjay Bhuckory.
17h15 : Lecture publique avec l’acteur Robin Renucci qui lira des extraits d’œuvres de Marcel Cabon, d’Abhimanyu Unuth et de Shenaz Patel.
18h30 : Projection du film Les Enfants de Troumaron
18h30 : Conférence South African Literature: New Breath ? par les auteurs Kabono Vilakazi et Angela Makholwa.
● Samedi 8 mars :
10 heures : Reprise des nombreux ateliers.
10h15 : Conférence Conversations avec Natacha Appanah, Anuradha Roy et Finuala Dowling, en partenariat avec le magazine essentielle. Modératrice : Eileen Lokha.
11 heures : Conférence Can writing be both an activity and an activism ? par Amruta Patil de l’Inde, Lindsey Collen de l’île Maurice, Luke Williams de l’Angleterre et Mongane Serote de l’Afrique du Sud. Modératrice : Eileen Lokha.
12h30 : Atelier slam Le monde de Vian, avec Damien Guillemin, champion de France de slam 2012.
13 heures : Conférence Une presse libre et indépendante : l’utopie de nos démocraties ? par Edwy Petel (France), Jean Luc Mootoosamy et Renaud Dély (France). Modérateur : Finlay Salesse.
14h45 : Slam Echos Logiques par le Collectif Slam Maurice.
15 heures : Conférence Le XXIe siècle sera écologique ou ne sera pas par Nicolas Hulot.
16h30 : Conférence Entre fiction et faits divers avec Mazarine Pingeot (France), Roland Rugero (Burundi) et Alain Gordon-Gentil (Maurice). Modérateur : Barlen Pyamootoo.
16 heures : Conférence Je est un autre, écrivait Rimbaud par Shan Sa (Chine), Ananda Devi (Maurice), Johary Ravaloson (Madagascar) et Axel Gauvin (Réunion). Modérateur : Robert Furlong.
20h15 : Poésie indienne.
20h45 : Concert de slam Les Salamalecs du slamtimbanque par Damien Guillemin.
● Dimanche 9 mars :
10 heures : Reprise des ateliers.
10h30 : Conférence La Chine, le géant qui s’est réveillé par José Freiches.
11h30 : Conférence L’identité d’un auteur crée-t-elle une attente particulière chez son éditeur ? avec Betty Mialet (Editions Julliard), Barlen Pyamootoo (Editions Atelier d’Ecriture), Jean-Noël Schifano (Editions Gallimard) et Boaré Dramane (Afrilivre).
13 heures : Lectures publiques : Lilet et Gaspar par Déborah Jubeau et Tension Kaiman par Alessandro Chiara.
12h30 : Conférence Rencontres et Résonances par Jean-Luc Raharimanana (Madagascar), Mohamed Aissaoui (France) et Yusuf Kadel (Maurice). Modératrice : Natacha Appanah.
13h40 : Lectures publiques : Le journal d’une vieille folle d’Umar Timol par Sandrine Raghoonauth, et Poèmes de Robert Edward Hart par Nicolas Frichot.
14 heures : Conférence L’Encre de l’Histoire par Marina Dédéyan (France), Kangni Alern (Togo), Dai Sije (Chine) et Bertrand d’Espaignet (Maurice). Modérateur : Finlay Salesse.
15h45 : Conférence Chroniques d’un premier par les Mauriciens Aqiil Gopee, Ashwin Dwarka et Brigitte Masson. Modératrice : Cristèle de Spéville.
16h45 : Conférence 1960-2010 : 50 années d’indépendance africaine, 50 années de création littéraire par Bernard Magnier.
18 heures : Clôture du salon.