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L’accord sur les Chagos contesté par des experts de l’ONU

Olivier Bancoult : «Pas question d’arrêter le deal»

14 juin 2025

«Maurice s’opposera à toute vision qui aboutirait à diviser notre peuple et à nier la pleine citoyenneté de nos frères et sœurs chagossiens, ainsi que leurs droits en tant que Mauriciens.» C’est la réponse de Gavin Glover, Attorney General, après la demande de quatre experts de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour la négociation d’un nouvel accord concernant la rétrocession de l’archipel des Chagos.

Alors qu’en Grande-Bretagne, la contestation s’accentue et que la mobilisation s’amplifie pour empêcher la ratification de l’accord signé avec Maurice – prévue prochainement par le Parlement britannique –, un nouveau désaccord a récemment émergé. En effet, cette fois, ce sont des experts de l’ONU qui estiment que l’accord signé entre les deux pays ne garantit ni ne protège les droits des Chagossiens.

Un communiqué en ce sens a été publié sur le site web des Nations unies le mardi 10 juin dernier. Dans celui-ci, il est expliqué qu’une présence militaire et l’interdiction de retourner sur Diego Garcia sont en contradiction avec le droit de retour des Chagossiens, et constituent une entrave à leurs droits culturels. Les experts soulèvent également des interrogations quant au trust fund de 40 millions de livres sterling. Ils demandent ainsi que «la ratification de l’accord soit suspendue et qu’un nouvel accord soit négocié, qui garantisse pleinement les droits du peuple chagossien à retourner sur toutes les îles de l'archipel des Chagos, y compris Diego Garcia».

Joint au téléphone, Olivier Bancoult, leader du Groupe Réfugiés Chagos, explique prendre bonne note de la requête qui a été faite, mais cela ne signifie pas, affirme-t-il, que l’accord doit être renégocié. «Nous prenons en considération ce qu’ils disent et nous pouvons toujours l’inclure, mais il est hors de question d’arrêter le deal. Nous avons toujours été d’accord pour une implication des Chagossiens. Ce qu’ils disent est axé sur les droits humains et ils ne remettent pas en question la souveraineté de Maurice. Cet accord est historique et garantit un retour sur les Chagos, sauf sur Diego. L’Histoire nous donne raison. Nous sommes allés trop loin pour reculer. Si nous ne sommes pas d’accord, what’s next?»

La semaine dernière, deux Chagossiennes, Bertrice Pompe et Bernadette Dugasse, ont saisi le Comité des droits de l’homme de l’ONU pour dénoncer l’exclusion des Chagossiens et la violation de leur droit au retour. À Maurice, c’est Gavin Glover, Attorney General, qui a réagi à cette requête de renégociation, affirmant que cette demande émane de quatre experts volontaires indépendants, qui ne parlent ni au nom de l’ONU ni en celui du Conseil. «La Cour internationale de justice a clairement reconnu que les Chagos faisaient partie intégrante du territoire mauricien et que leur séparation constituait une atteinte aux droits du peuple mauricien dans son ensemble. Le droit au retour appartient donc aux Chagossiens en tant que citoyens mauriciens à part entière. L’accord prévoit ainsi le droit de retour des Chagossiens et un Trust Fund – géré avec eux et pour eux – pour leur réinstallation et leur bien-être.» D’ailleurs, une première visite, prévue pour la fin de cette année, est actuellement en préparation.

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